Quand j'ai trouvé ce disque au Gibert de Montpellier, j'étais tout fou. Pas seulement parce que je venais de trouver un EP que je cherchouillais (chercher, mais sans trop d'efforts, si vous voulez) depuis longtemps. Aussi parce que j'étais en train de passer le meilleur mois de ma vie : du soleil, de l'alcool, des nanas, du sport, de l'alcool, des chips, une nana, de l'alcool, des rencontres, and so on. Le meilleur mois de ma vie. Et donc, d'un coup, je venais de trouver Bring Me Victory. Comme si le destin - un bel enfoiré - voulait me rappeler que l'état de grâce que je vivais alors n'allait pas être amené à durer. Et il aura eu raison, le con. Mais ceci est une autre histoire.
Le trône qui orne la pochette de c'te disque, et malgré le manque d'originalité de la proposition, j'aurais bien envie de dire que c'est le Trône des Rois, celui de My Dying Bride. Les esprits les plus vifs noterons, non pas le détail significatif, mais bien plutôt le vide : le trône est laissé vacant. Faut dire, aussi, que My Dying Bride n'a jamais été bien constant dans ses réalisations. Et, à l'époque de la sortie de cet EP, ce n'était pas la fête au foyer, A Line of Deathless Kings et For Lies I Sire s'étant fait sévèrement bouder par l'auditoire. Je psychologique un peu, et étire le sens de quelque chose qui n'en a probablement pas autant. Le trône vide, donc, restait à reconquérir. Et quoi qu'en pensent les Swallow The Sun, Saturnus et autres Paradise Lost sur le retour, personne n'est au niveau de My Dying Bride lorsqu'il s'agit de pleurer avec noblesse. Bref. Un trône vacant, que My Dying Bride essaye a priori de reconquérir.
En quatre pistes, la triste dame nous donc propose un "Bring Me Victory" drôlement efficace, mais simplement extrait de l'album sorti la même année, et une version live de "Vast Choirs" pas dégueu, mais loin d'être inoubliable. Heureusement, les deux autres pistes - deux reprises- proposent plus et nous rappellent que tout soleil et tout alcool que soit l'environnement, bah la vie, ce n'est pas seulement ça. La vie, voyez-vous, c'est aussi la douceur mélancolique de "Scarborough Fair", reprise réussie et douce du morceau traditionnel anglais et, surtout surtout, la noiiiirceeeeeur dingue de "Failure" (sans détours : de Swans, cette fois) qui se révèle, punaise, d'un hypnotisme et d'un lyrisme à se fendre les veines avec du sable de Palavas-Les-Flots. My Dying Bride a toujours excellé dans ses reprises ("Road", de Portishead, par exemple). C'est une nouvelle fois le cas.
Voilà. Bring Me Victory n'est pas la sortie du siècle, mais, mine de rien, est loin d'être une mauvaise sortie. Un bon morceau efficace comme tout, une ballade douce et belle, un dépression nerveuse et une madeleine de Proust ensemble réunis ne pouvaient qu'aboutir à un disque sympa - au moins pour ceux qui apprécient usuellement les travaux du groupe.