CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Mikael Åkerfeldt
(chant+guitare)
-Fredrik Åkesson
(chant+guitare)
-Joakim Svalberg
(chant+claviers)
-Martín Méndez
(basse)
-Martin Axenrot
(batterie+percussions)
TRACKLIST
1) Eternal Rains Will Come
2) Cusp of Eternity
3) Moon Above, Sun Below
4) Elysian Woes
5) Goblin
6) River
7) Voice of Treason
8) Faith In Others
DISCOGRAPHIE
Opeth avait surpris son monde avec Heritage. Le changement de style, bien que logique dans l'évolution du groupe, était radical : au revoir le chant hurlé, au revoir la saturation, au revoir la double pédale. Ne restait gravée sur disque que la facette la plus prog' d'Opeth. De maître du death metal progressif, Opeth devenait un concurrent (presque) comme les autre dans l'arène du rock progressif. Sauf que voilà : Opeth réussit tout ce qu'il touche. Pale Communion est le premier album à ancrer ce nouveau style. Selon la formule consacrée, il s'agit de transformer l'essai.
"Eternal Rains Will Come" pose très clairement le problème de cet Opeth au visage remodelé. La piste débute sur un gloubi-boulga progessivo-progressif à la limite de l'intolérable. Cet inutile tricotage d'ouverture rend nauséeux. Si le nouvel Opeth décide de jouer une musique aux rythmes étranges, à la musicalité faible comme le taux de kryptonite dans l'air et pompeuse en diable, très bien, mais il le fera sans moi et sans nombre de curieux. Heureusement, passée cette catastrophique introduction, "Eternal Rains Will Come" dévoile les meilleurs aspects de cet Opeth renouvelé. Le ton reste progressif, mais n'est plus pompeux. L'émotion - le vivant - est de retour. Le chant - et les harmonies vocales, très présentes sur ce disque - est magnifique, à l'image du texte qu'il prononce. En un seul et même morceau, Opeth dévoile tour à tour sa facette la plus insupportable et celle la plus plaisante.
Le reste du disque est à l'avenant et l'on oscille entre moment de grâce (nombreux) et - loin d'atteindre l'horreur des premières secondes - passages plus anecdotiques. L'ensemble semble toujours parfait à nos oreilles : nous sommes chez Opeth. La production est aux petits oignons et les plans ne pourraient provenir d'aucun autre groupe actuel. Le maître suédois continue de briller par sa singularité, quand bien même le fonds de commerce de ce nouvel opus se trouve être le passé. Lorsque c'est Opeth qui revisite la musique de ses pères, on adhère toujours plus ou moins. « Moins », ce sera l'instrumental rétro-relou-tricotouille qu'est "Goblin" ; « plus » ce sera la touchante piste conclusive qu'est "Faith In Others".
Le seul défaut du disque vient de son étrange imperméabilité. Un défaut que l'on trouvait déjà sur Heritage. Malgré tous les efforts déployés et une réussite certaine, Pale Communion passe comme le train. Si l'on ne peut s'empêcher d'être impressionné, force est d'admettre qu'on oublie assez vite ce beau jouet. Les passages sont davantage jolis que beaux : on redescend d'un cran dans l'admiration. Ceci étant dit, et pour une meilleure compréhension du truc, notez que je n'ai jamais été un grand fan du groupe. Finalement, les défaut d'Opeth restent - à mon avis de scribouillard pénible - les mêmes. J'aurais pu prononcer le même jugement sur Pale Communion que sur la fin de Watershed, dont je n'ai jamais réussi à me souvenir d'une traître note.
Pale Communion est un chouette album. Rien à dire. Tout y est beau et à sa place. Le chant clair d'Akerfeldt reste au sommet du monde. Les mélodies restent uniques. L'ambiance est proche de celle d'Heritage, en plus cohérente toutefois. Car Pale Communion expérimente peut-être moins que son prédécesseur mais reste foncièrement sur la même ligne. Une ligne agréable à défaut d'être géniale.