Après avoir atteint son apogée artistique, durant un âge d’or que nul ne contestera, Uriah Heep semblait avoir tout dit en cette année 1973. Deep Purple se retrouvait bizarrement dans une situation similaire avec Who Do We Think We Are la même année. Aux premières écoutes, Sweet Freedom déçoit tellement il n’apporte rien de nouveau. Attention à ne pas tomber dans la nostalgie la plus primaire quand on évoque l’ère Byron, ce serait oublier que Sweet Freedom fait partie des albums d’Uriah Heep les moins bons de cette époque, avec Very ‘Eavy Very ‘Umble et High And Mighty.
Il ne faut pas oublier non plus qu’Uriah Heep n’a jamais réalisé d’albums parfait de bout en bout, de chefs-d’œuvre absolus qui feraient taire les rock-critics et qui se rangeraient aux côtés de Machine Head de Deep Purple, de IV de Led Zeppelin ; enfin dans cette catégorie d’albums avec « zéro défaut » parait-il. Que ce soit Salisbury, Look At Yourself, Demons And Wizards ou The Magician’s Birthday, il y avait toujours un ou deux morceaux en deçà du reste. Ce qui impressionne chez Uriah Heep, c’est surtout la régularité avec laquelle ils ont livré des albums de qualité durant toutes les années 70, sans interruption, un album par an (voire plus) jusqu’en 1980. Seul Jethro Tull pouvait se targuer d’en faire autant !
Avec un rythme aussi soutenu, les baisses de régime sont inévitables. Non pas que Sweet Freedom soit mauvais, loin de là, mais il n’est pas à la hauteur de ce que les fans étaient en droit d’attendre à l’époque. Débutant par un style plus léger, moins aventureux, avec le rock débile "Dreamer", David Byron trouve vite ses limites. Il existe définitivement de bien meilleurs vocalistes pour chanter du rock nerveux, il manque d’agressivité et de panache dans ce style. Mais pour ce qui est des envolées lyriques, il reste imbattable, une véritable référence en la matière. Et justement, Sweet Freedom ne contient aucune longue pièce ambitieuse qui puisse réellement mettre en valeur son bel organe, comme c’était le cas sur "Salisbury", "July Morning", "Paradise/The Spell" ou "The Magician’s Birthday." Inutile de s’attendre à des morceaux de ce calibre, il n’y en a pas ; même "Pilgrim" et "Sweet Freedom" ne soutiennent pas la comparaison, même s‘ils font partie des moments phares de l’album.
Un classique très classique, n’apportant rien de neuf, tellement classique qu’on peut penser l’avoir déjà entendu, c’est "Stealin’" ! Il regroupe à la fois une belle mélodie, simple et évidente, et une dynamique rock, idéale pour mettre le feu aux poudres en concert. "Stealin’" mérite amplement son statut de classique. Il existe toutefois un bon paquet de morceaux du Heep qui sont largement aussi intéressants, même si moins connus et fédérateurs ! "Sweet Freedom", "Pilgrim" et "Stealin’", trois morceaux ; et le reste ? Comme sur Very ‘Eavy Very ‘Umble, rien d’exceptionnel à signaler, rien ne restera dans les annales. On n’échappe pas à la redite, que ce soit "If I Had The Time" (belle mélodie, mais le thème aux claviers est répété trop souvent), "One Day" ou l’électro-acoustique "Seven Stars", dont la construction n’est pas sans rappeler celle de "Blind Eye".
On appréciera l’acoustique reposant "Circus", façon flamenco, venant apporter un peu de fraîcheur à un album qui en manque cruellement. Le son n’est pas terrible non plus, ce qui fait que Sweet Freedom n’a pas très bien vieilli. Qui plus est, Mick Box n’a pas de moustache sur la photo de la pochette, ce qui est tout bonnement scandaleux ! Un bon album néanmoins !