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CHRONIQUE PAR ...

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Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 11/20

LINE UP

-Brian Johnson
(chant)

-Angus McKinnon Young
(guitare)

-Steven "Stevie" Crawford Young
(guitare)

-Clifford "Cliff" Williams
(basse)

-Phillip Hugh Norman Witschke "Phil Rudd" Rudzevecuis
(batterie)

TRACKLIST

1) Rock or Bust
2) Play Ball
3) Rock the Blues Away
4) Miss Adventure
5) Dogs of War
6) Got Some Rock & Roll Thunder
7) Hard Times
8) Baptism by Fire
9) Rock the House
10) Sweet Candy
11) Emission Control

DISCOGRAPHIE


AC/DC - Rock or Bust
(2014) - hard rock - Label : Columbia



Légendaires et vieux. Pléonasme ? Des indices chez vous : The Rolling Stones. Black Sabbath. Daniel Guichard. AC/DC. Hormis les premiers nommés pour lesquels le cas est malheureusement réglé depuis quarante ans, l'inévitable question revient à chaque nouvelle réalisation : est-ce bien raisonnable ? C'est toute la différence avec les légendes mortes qui suscitent forcément un peu moins d'attente – Scorpions, par exemple – et les légendes jeunes qui n'existent pas, à moins d'entrer précocement dans la catégorie précédente suite à un accident de moto, de baignoire ou de biture. Comme le regretté Bon Scott, ce qui nous amène au seizième long jeu d'AC/DC audacieusement intitulé Rock or Bust. Oui, c'est vrai, cette transition n'est pas très fine mais de ce fait, elle a l'avantage de mettre tout de suite dans l'ambiance.

Un album d'AC/DC au XXIème siècle, à quoi ça sert ? À l'heure où n'importe quel mariole peut mettre en ligne ses expectorations douteuses en se présentant comme le futur de la rock music (ou du black metal industriel, ne soyons pas sectaires), l'obstination quasi sacerdotale du quintet australien à se rendre en studio pour y enregistrer de nouvelles ritournelles force le respect autant qu'elle intrigue. Car bon sang, pourquoi faut-il absolument que les vieilles gloires se sentent obligées de pondre des disques alors que tout le monde, même leurs fans les plus acharnés - même elles ! - savent que leurs plus belles heures sont écoulées depuis longtemps ? Est-il question de « respect du public » ? Concédons que se creuser la cervelle pour proposer de nouveaux titres avant de remettre les semi-remorques sur la route constitue un effort louable. Mais personne n'est dupe : sauf miracle difficilement envisageable s'agissant de vieux briscards fonctionnant en autarcie depuis des lustres, le résultat n'a que de très faibles chances d'approcher le niveau annapurnesque des débuts. Et lorsqu'elles seront alignées en concert, les nouvelles créations recueilleront des applaudissements polis semblables à ceux qui ponctuent le récital d'une école de musique municipale tandis que l'audience en délire entonnera à pleins poumons et comme un seul homme – la fanbase d'Assedesse est plutôt pileuse – les hymnes immarcescibles que même un anachorète sibérien aura ouïs au moins une fois du fond de sa grotte. Dans ces conditions, relancer la production de galettes au polycarbonate avec « AC/DC: the new Album! » scotché sur l'emballage fait surtout songer à une opération financière à la rentabilité assurée – gageons que les musiciens, sans qu'on les plaigne, ne soient pas les mieux servis. Alors que mince, ce n'était tout de même pas difficile d'annoncer une tournée d'adieux avec juste un best of sous le bras ou bien que dalle ? Bien sûr que l'éthique aurait pris une calotte au passage mais après tout, Tina Turner a fait le coup pendant vingt ans et ça ne l'a pas empêchée de remplir les stadiums.
Bon, l'heure tourne et il faut parler du recueil, le premier sans Malcom – les neurones sérieusement grippés de l'aîné des frères Young ne lui ayant pas permis de participer aux sessions studio. C'est donc Gollum, pardon, son neveu Stevie, qui avait déjà fait une pige sur la tournée Blow up you Video en 1988, qui le remplace – ça c'est du come-back, coco. Sinon, quoi de neuf ? Rien. Rudd le caïd énerve les juges mais assure toujours comme un chef derrière son kit, l'inspiration n'est toujours pas repassée et Brian Johnson sauve la baraque. À l'instar des deux dernières productions, de l'avis général. Il est d'ailleurs ironique de constater que la performance du vocaliste le plus nasillard du circuit à égalité avec Udo Dirkschneider (ex-Accept) et Mark Tornillo (in-Accept) se révèle aujourd'hui comme l'atout numéro un des Antipodaux, alors que son timbre particulier avait agacé tant de monde à son arrivée dans le groupe. Et puis ça veut dire quoi, d'abord, Bidji qui chante bien ? Une tessiture plus large que le tout-à-l'aigu habituel, de la régulation dans la puissance et un canard en veilleuse. Certes, quand le bientôt septuagénaire oublie le poids des ans, les dents qui se déchaussent, la perruque qui glisse et le sonotone sur le lavabo, ses éprouvantes stridences eighties retrouvent le chemin de l'épiglotte et ça fait mal ("Rock the House"). En revanche, sur "Hard Times" et "Sweet Candy", au lieu de passer en force comme il l'a fait pendant beaucoup trop longtemps, il décide de la jouer à l'expérience, pépère, en confiance. Et ça le fait - enfin disons que ça rend les deux spécimens susnommés moins pénibles. L'autre point positif de cette nouvelle livraison réside, sans surprise, dans le couple basse/ batterie. Imperturbable, la quatre-cordes matoise de Cliff Williams ronronne plaisamment, tel un métronome groovy relayé par un Phil Rudd au feeling intact. Ces deux-là ont beau dérouler les trois mêmes plans depuis leurs débuts, c'est encore leur faculté à faire taper du pied et dodeliner de la tête qui extirpe l'auditeur des griffes d'Hypnos. Mais le talent de l'une des paires rythmiques les plus douées de l'histoire du rock ne peut compenser à elle seule une écriture défaillante. Embrayons sur les textes qui feraient passer Tom Angelripper de Sodom pour Georges Brassens - la palme du refrain le plus ringard revenant probablement à celui de "Dogs of War" (« Dogs of war / Soldiers of fortune », fallait oser quand même). La section australe n'ayant jamais été réputée pour ses penchants littéraires, on se rabat logiquement sur les partitions. Et là, c'est la tristesse.
D'accord, personne n'attend de la fratrie Young qu'elle se situe à la pointe de l'innovation musicale, eu égard à un cursus d'une cohérence exemplaire et ce n'est pas à soixante piges allégrement dépassées que les mecs vont se mettre au free jazz. Mais que cette tendance à l’auto-citation est démoralisante ! Chaque riff, chaque mesure, chaque mélodie s'apparente à un recyclage aseptisé des séquences d'antan. Citer toutes les réminiscences, avérées ou supposées, serait fastidieux tant les onze pistes évoquent l'interminable radotage d'un ancien combattant que personne n'ose interrompre et que seul le manque de souffle parvient à faire cesser. En effet, les morceaux sont assez courts - plusieurs sous les trois minutes, pas un seul au-dessus des quatre. Étant donné le contexte d'ennui général, c'est une bonne nouvelle mais il ne faut pas se leurrer : moins d'une technique visant à dynamiser les compositions, la durée limitée de ces dernières témoigne surtout du rachitisme des solos d'Angus Young - une poignée de secondes anecdotiques à chaque fois et rideau. Ses interventions relevant davantage du réflexe pavlovien que d'une volonté de tout faire péter, leur prompte interruption par Brian Johnson fait parfois songer à ces repas de famille embarrassants où un convive se met soudain à parler très fort lorsque Papy commence à détailler ses problèmes de prostate à la nouvelle copine de son petit-fils. Qu'il est loin le temps où Junior saignait sur ses Gibsons en faisant exploser les barils de nitro à coups de boutoir électriques ! L'énergie... Voilà ce qui manque à ce Rock or Bust bradycardique ! Le tempo est désespérément et uniformément lent, les rengainasses sans saveur s'empilent - tout juste lève-t'on une paupière à l'écoute d'une "Miss Adventure" un peu cabossée dont les déhanchements n'auraient pas déplu à ces obsédés d'Aerosmith. À peine le temps de se mettre au garde-à-vous que déjà la cagole plie les gaules, pressée de quitter ces petits vieux déprimants qui remontent leur plaid à carreaux jusqu'au menton et s'enfoncent – et l'auditeur avec - dans la somnolence.


Ah ça, pour être « carré », c'est « carré » selon le qualificatif le plus éculé servant à décrire la musique des compatriotes de Kylie Minogue. Sur Rock or Bust, tout est bien en place, ça tape droit, ça sonne clair, pas un poil ne dépasse. Et c'est bien là le problème : à l'absence de prise de risque s'ajoute désormais un manque cruel de moelle qui confère une fadeur rédhibitoire à ces onze nouvelles chansons. Bref, ça pue le professionnalisme et l'ennui. Alors à la question « pourquoi sortir un album d'AC/DC en 2014 ? » posée plus haut, on ne doute pas un seul instant que le plaisir de jouer figure parmi les bonnes réponses : il est juste dommage que celui-ci n'ait pas franchi les portes du studio pour se transformer en plaisir d'entendre.



Un commentaire ? Un avis ? C'est ici : http://leseternels.forumofficiel.fr/t155-ac-dc-rock-or-bust-28-novembre#


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