AC/DC -
For Those About To Rock
For Those About To Rock est un album un peu à part dans la discographie d'AC/DC puisqu'il sonne moins hard, plus rock et commercial. Le rock bon enfant et accessible de certains morceaux ("Let's Get It Up", "Evil Walks") n'est pas sans rappeler le "Start Me Up" des Rolling Stones. C'est pour cela qu'AC/DC sur sa prochaine tournée attirera davantage de femmes, venues se trémousser sur les rythmes hot de "Put The Finger On You" et "Let's Get It Up". Qui s'en plaindrait?
For Those About To Rock s'était aussi fait démolir par les critiques car considéré comme trop faible et pas de taille pour rivaliser avec les classiques Let There Be Rock, Highway To Hell et Back In Black. Rock 'n' Folk qualifiera même l'album de "pétard mouillé". Pas de chance pour eux, on leur reproche de toujours faire la même chose, et dès qu'il essayent de faire un album différent, ils se font casser! Mais cela n'empêchera nullement l'album de cartonner en tête des charts (numéro 1 aux USA à sa sortie), même Back In Black n'avait pas atteint de tels scores. On peut lui reprocher d'être un peu surproduit aussi, Mutt Lange oblige (son de batterie énorme, guitares moins tranchantes). Les refrains de ce disque sont inhabituels aussi dans le sens où ils semblent avoir été conçus pour plaire aux nénettes; c'est pour ça qu'ils sont un peu gnagna par moments ("Night Of The Long Knives", "Breaking The Rules").
Heureusement que tout l'album ne fait pas dans la dentelle, ce serait passer à côté de quelques compos monstrueuses (et sous-estimées) comme le puissant et sombre (j'aime pas ce terme, ça fait trop metal extrême, mais bon, j'ai pas trouvé mieux ici) "Spellbound", le morceau speed de rigueur "Snowballed", diablement entraînant, l'irrésistible groove de "C.O.D." avec une rythmique d'enfer, une chose qui m'a toujours impressionné chez AC/DC. Le seul titre que l'on se plaît à retenir de ce disque, c'est généralement "For Those About To Rock (We Salute You)" qui est, si on regarde de plus près, le dernier grand classique qu'AC/DC ait enregistré. Il n'y en aura pas d'autre, à part "Thunderstruck" à la limite. C'est évidemment le meilleur titre de l'album.
Mais le reste est tout à fait plaisant, pour peu que l'on ne soit pas réfractaire à cette nouvelle forme d'AC/DC, plus fun et légère. Certains refrains sont craignos ("Inject The Venom") et gâchent un peu le plaisir. Mais c'était déjà le cas sur Back In Black, avec le refrain trop laid de "You Shook Me All Night Long". Il y a quelques morceaux bâclés aussi. Mais dans l'ensemble, si on aime le bon rock, comment ne pas prendre son pied sur "Put The Finger On You" et "Evil Walks"? Même le reggaïsant "Breaking The Rules" est trippant, c'est vraiment agréable de voir AC/DC faire autre chose, tout simplement. D'autant plus que Brian Johnson assurait grave au chant à ses débuts dans AC/DC, il braillait mais d'une façon "juvénile" et n'avait pas tout à fait la même voix que maintenant. Parfois, il gueule un peu pendant les solos d'Angus, on croirait même entendre un harmonica, c'est sûrement fait exprès! Par contre, après, sa voix s'est progressivement engraissée et est devenue de plus en plus gueularde au fil des années, ce qui peut soûler à la longue, sur Stiff Upper Lip surtout.
C'est le dernier album où AC/DC avait encore en lui l'énergie et la spontanéité de ses débuts, à l'époque où le groupe sortait un album par an. Le rythme ne sera plus aussi effréné après. Et la qualité des albums baissera sensiblement avec Flick Of The Switch, censé marquer un retour aux sources vers une musique plus roots et moins produite. On ne sait d'ailleurs pas trop qui joue de la batterie sur Flick Of The Switch, car même si Phil Rudd est crédité sur l'album, il paraît que ce n'est même pas lui qui joue. En tout cas, son remplaçant, le très carré Simon Wright (batteur de DIO), ne lui arrivera pas à la cheville en terme de groove.