Au rayon des albums sous-estimés d'ACDC, Powerage a bonne place. Plutôt bien reçu à sa sortie (il se placera d'ailleurs mieux que Let There Be Rock dans les charts), il sera par la suite éclipsé par son prédécesseur Let There Be Rock et son successeur Highway To Hell, plus emblématiques. Pourtant le quatrième album des Australiens (où le cinquième si vous vivez Down Under, on ne va pas revenir là dessus) est très loin d'être mauvais et marque le pas d'un nouvelle ère pour le groupe : celle du hard-rock.
Certes la ligne avait déjà été franchie avec Let There Be Rock, pourtant à l'écoute de Powerage, on sent bien qu'un cran supplémentaire a été passé : les influences blues/rock sont toujours bien présentes (et elles le resteront de toute façon tout au long de la discographie des Australiens) mais le ton s'est encore durci. Les riffs sont plus tendus, plus agressifs aussi, la section rythmique (qui accueille dorénavant Cliff Williams) se montre moins rondouillarde et Bon Scott plus rageur, abandonne pour un temps son côté « crooner from hell ». Le son aussi évolue : exit le gros crunch des débuts, les frangins Young optant pour un son plus cru et distordu, qui ajoute un surplus de violence à l'ensemble. Malgré cela Powerage manque du charisme des albums qui l'encadrent. La faute sans doute au manque de morceaux « marquants » (à l'exception de "Riff Raff") et au côté un peu bâclé de sa création (l'album est enregistré en quelques jours et certains morceaux seront composés directement en studio).
Pourtant, il serait bien dommage de laisser cet album de côté tant il regorge de perles. Outre la très connue "Riff Raff", petite bombe rock n' roll, aux riffs d'exceptions et au solo d'anthologie (le morceau sera d'ailleurs le fer de lance des setlists du groupe), l'album comporte son quota de morceaux qui valent le détour : "Rock n' Roll Damnation" -reprenant le leitmotiv du groupe «le rock n roll vous conduira directement en Enfer» ou encore la sublissime "Sin City" au riff imparable et au couplet diabolique (sans oublier ce break fabuleux où Bon Scott fait des merveilles sur le duo basse/batterie, plus binaire que jamais). Il ne faudrait surtout pas oublier une poignée de morceaux moins connus tels que "Down Payment Blues", qui s'inscrit dans la lignée des Blues/Rock qui peuplaient les premiers albums ou encore les géniallissimes "What's Next To The Moon" et "Kicked In The Teeth". Avec leurs riffs méchants, salement efficaces et leurs refrains catchy, ces morceaux sont les grands oubliés de la discographie des Australiens.
Malgré d'excellents morceaux et une énergie palpable, le dernier album de la période Vanda/Young d'AC/DC souffre du même syndrome que leurs deux premières productions : phagocyté par les très (trop) médiatisés Let There Be Rock et Highway To Hell, Powerage ne trouvera jamais la place qu'il mérite dans le coeur du public. Mais comme le veut l'expression populaire, il n'est jamais trop tard pour bien faire et une petite cure de Powerage ne peut qu'être bénéfique. Allez hop! Piqure de rappel pour tout le monde!