CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Famine
(chant) sur Terre des anonymes
-Attila Csihar
(chant) sur Szabadulj meg önmagadtòl
-Pehr Larsson
(chant) sur Ett liv utan mening
-Gaahl
(chant) sur Självdestruktivitetens emissarie
-Maniac
(chant) sur Black Industrial Misery
-Niklas Kvarforth
(chant+guitare)
-Peter Huss
(guitare)
-Christian Larsson
(basse)
-Lars Fredrik Froislie
(claviers)
TRACKLIST
1) Terre des anonymes
2) Szabadulj meg önmagadtòl
3) Ett liv utan mening
4) Självdestruktivitetens emissarie
5) Black Industrial Misery
6) Through Corridors of Oppression
DISCOGRAPHIE
Shining -
8 ½ – Feberdrömmar i vaket tillstand
Tout d'abord, réglons le contentieux : non ceci n'est pas un nouvel album de Shining. Enfin si, techniquement c'est un nouvel album puisqu'il sort, mais s'il se prénomme « 1/2 » c'est avant tout parce qu'il s'agit d'un album de reprises. Pas n'importe quelles reprises cependant. Toutes les chansons sont (et c'est là où ça devient compliqué à suivre) issues des enregistrements de pré-production de l'époque de chacune SAUF QUE chacune a une invité différent au chant ET les guitares/basse ont été ré-enregistrées ET des claviers ont été ajoutés. Voilà pour le point de départ.
D'emblée on peut légitimement se poser la question : « Alors les titres sont issus de pré-production mais chant, guitare, basse et clavier sont nouveaux, ne reste plus que la batterie donc ? Pourquoi ne pas avoir TOUT ré-enregistré ? » La réponse sera laissée à Kvarforth et n'est finalement pas pertinente tant les guitares et basse ré-enregistrées ont un grain vraiment très fort et typique de la pré-production. L'avantage de cette démarche est que le son de l'album est cohérent, on ne saute pas d'une chanson à l'autre car vous devez savoir que les titres sélectionnés font partie d'une période entre les 2 albums II – Livets ändhallplats et III – Angst. Ce n'est donc pas un best of et le choix des titres en incombe à Kvarforth lui-même qui a ensuite sélectionné les chanteurs réinterprétant le titre. D'un point de vue global, outre le grain des guitares très cru qui fait pencher encore plus les titres du côté black metal, on note une batterie très proche de la boîte à rythme et dont le son n'est pas spécialement agréable.
La nouveauté sont donc les claviers, Kvarforth en profite pour introduire son nouveau claviériste en fait. Ils apportent une touche plus ou moins discrète selon les titres, mais jamais proéminente. Agissant par nappe, ils apportent un surplus d'ambiance à des compositions qui n'en manquaient pas puisque marquées du sceau du black suicidaire. Libre à chacun de déterminer leur apport, personnellement je ne suis pas convaincu, c'est entre le léger et l'incongru. Sur les chants ensuite, là réside le cœur du concept. Tout d'abord, sachez que Kvarforth lui-même refait le dernier titre "Through Corridors of Oppression". Première piste, Famine de Peste noire commence « Je suis ici la famine, je viens dégueuler vos putains de fromages, plein de vermine » sur une reprise issue de l'album II. Et là, parler de fromage dans le black metal, il faut applaudir. Ne connaissant que peu l’œuvre de Peste noire, il m'est difficile de juger, mais on retrouve ce chant différent et vraiment prenant. Hanté et hantant, il apporte une contribution remarquable et personnelle. Peut-être la meilleure performance de l'album en fait.
S'ensuit Attila Csihar qui s'octroie le titre d'ouverture de III – Angst et le titre de base étant bon, la reprise est bonne. Seulement le chant de Attila est probablement trop léger et manque de puissance pour s'adapter à cette musique. L'essai est quelque peu raté du coup d'autant qu'il tente de reproduire la performance de Kvarforth de l'époque, mêlée à ses propres cris désormais bien connus. Pehr Larsson (malheureusement inconnu de votre serviteur, il officie dans Alfahanne) est le suivant. On revient dans II et cette fois-ci l'orientation est à un chant très trafiqué qui ne sera pas du goût de tout le monde. Un parti-pris fort qui a le mérite de ne pas faire dans la demi-mesure, seulement, il n'est pas très adapté à l'ambiance et trop lointain. Certains y verront une grande ouverture et de l'originalité. Suivant sur la liste, Ghaal débarque avec un titre qui ne fait malheureusement pas parti des plus mémorables de Shining (en tout cas, il ne me rappelle rien). Encore une fois Ghaal, n'est pas un chanteur très puissant ni très écorché et son style convient peu. Nouvelle déception.
Maniac déboule ensuite avec ce qui est, selon moi, la meilleure composition à la base : "Svart Industriell Olycka" en provenance de III. Le titre étant encore plus instrumental que les autres, on entend peu Maniac. Il est beaucoup trafiqué à coup de claviers laser qui peuvent être irritant à la longue. On retrouve un Maniac qui depuis qu'il a quitté Mayhem n'avait pas manqué à tout le monde. Etonnamment il revient avec un chant plus convaincant probablement que sa période Mayhem, moins geignard et plus texturé. Ce n'est pas ultime, mais on remonte le niveau et surtout, le titre tue. L'honneur revient à Kvarforth de s'auto-clôturer. Il a sélectionné un titre lent et lourd, plus oppressant sur lequel les claviers venus à la rescousse permettent d'ajouter une touche à la fois mièvre et une autre lointaine. Le chant ? Il est dans la mouvance plus récente qui se rapproche plus du chuchotement hurlé et grogné. Ce n'est pas incroyable, plus intimiste donc adapté à la musique, mais effectivement rien qui ne fasse se renverser de son siège et de toute manière très court.
Etrange album que voilà. Le postulat de base était intéressant avec cette ré-interprétation de titres au chant fort. La déconvenue est d'autant plus grande. Les chants ne sont pas adaptés en général, avec le seul Famine qui sort du lot. Musicalement on retrouve des titres du jeune Shining et ils sont toujours aussi bons. Malheureusement leur son n'est pas équivalent aux albums, et si par rapport au II c'est peut-être mieux, ce n'est pas le cas pour III. L'apport des claviers est discutable au mieux et l'ensemble ne convainc donc pas. Il aurait fallu laisser plus de liberté probablement aux chanteurs et les laisser intervenir avec leurs propres groupes pour terminer totalement la ré-interprétation. Déception donc.