Ce nouvel album de Shining, à première vue, a quelque chose d'étrange. La pochette est plus sobre qu'à l’accoutumée, et, surtout, Kvarforth abandonne la tradition des numéros devant le titre. Nous n'aurons donc que Redefining Darkness, un opus qui a pour concept l'introduction du mal dans le bien, de l'obscurité dans la clarté du jour. Frissons garantis ! … Mais qui sait, derrière la surprise se cache peut-être la nouvelle merveille du black metal.
Si la couverture annonçait une certaine différence, quelque chose qui amorce un renouveau dans la musique de notre cher Suédois, l'écoute des six morceaux qui composent cette galette en veut autrement. Peu d'innovations, finalement, pour un brûlot qui se retrouve être dans la lignée des précédents. Quelques éléments de surprise viennent titiller l'oreille de l'auditeur par-ci, par-là, mais pas de renouveau à proprement parler. Si la présence d'un saxophone sur "The Ghastly Silence" rapprocherait, l'espace d'un instant, le compositeur suédois d'une autre formation scandinave portant le même nom (mais de Norvège, celle-ci), les nouveautés ne sont pas assez récurrentes. Et c'est bien dommage : Shining souffre malheureusement de son manque d'audace, comme si les idées manquaient.
Ceci dit, il ne faut pas cracher dans la soupe. Le brûlot possède de très bons moments qui ne laisseront pas de marbre, bien qu'on déplore la nullité question prise de risque. "For the God Below" est un excellent morceau, inspiré de bout en bout et mélangeant deux aspects antinomiques : de somptueux passages acoustiques qui se mêlent à des riffs plus acérés, puissants et majestueux. Sans parler d'un excellent solo, pour rehausser le niveau. Pas de doute, le monsieur était très inspiré, en composant une piste magnifique. "The Ghastly Silence" est également inspiré, avec un petit côté accrocheur et une dynamique d'ensemble qui ne déçoit pas. Le titre ne connaît pas de temps morts et plonge les plus aventureux dans les ténèbres. Et après tout ça ? Il y a du sympathique, mais également du plus dispensable.
Prenons l'exemple de "Det Stora Grå" : qu'apporte-t-elle à l'album ? Honnêtement, pas grand chose, vu qu'il ne s'agit que d'une interlude (de trois minutes tout de même …) au piano. Pourtant, c'est joli, et l'instrument développe une belle atmosphère sombre et inquiétante sur la durée du titre. "Hail Darkness Hail" ne sert pas à grand chose, en revanche. Ce titre est oubliable très rapidement, de même que la performance vocale de Kvarforth n'a rien d'exceptionnelle, loin de là. Au contraire, il en fait beaucoup trop avec ses « ouuuh ouuuuh » prévisibles, et qui n'apportent pas grand chose. Si son growl est plutôt enragé, le morceau, lui, souffre aussi d'un creux un peu long, et ne captive pas sur sa durée. Idem pour "Han Som Hatar Människan", pas mauvaise, mais loin d'être très convaincante.
Un opus un peu en demi-teinte. Loin de s'effondrer, Shining manque tout simplement d'idées neuves et se doit de se renouveler un peu. Sans cela, le public terminera par décrocher et ne plus s'intéresser au Suédois. Cependant, Redefining Darkness a de très bons moments, qui valent l'écoute, tout de même. Passer à côté de ce brûlot serait dommage, et ce même si les attentes envers Kvarforth sont aujourd'hui très élevées.