Les albums de Drudkh se suivent et se ressemblent... pas. On reconnaît leur personnalité mais l'intensité d'album en album est (volontairement) variable. Microcosmos est la huitième livraison des Ukrainiens, mais surtout la première chez Season Of Mist (sacrée recrue pour les Marseillais). Tout a plus ou moins été dit sur le groupe et sur cet album puisqu'il a été unanimement reconnu de la part d'un groupe qui a toujours des riffs dantesques et des paroles rendant hommage à leur mère patrie.
Un peu comme Wolves In The Throne Room ou Negura Bunget, l'on ne peut arrêter l'écoute avant la fin de l'album. Celui-ci est constitué de six pistes dont une intro et une outro de une minute chacune. Le cœur se trouve dans les quatre morceaux au milieu d'une moyenne de presque dix minutes chacun. La recette est toujours la même, mais diablement efficace (finalement la non-évolution a parfois du bon), on marche en terre connue, mais qui a tellement encore à offrir, comme on le remarque à l'écoute de cet album. Comme toujours le groupe fait dans le long et l'épique. Le fameux système de boucle qui tourne et qui tourne pour hypnotiser l'auditeur. Il n'y a pas une multitude de plans, mais chacun est parfaitement exploité. L'album n'est pas très rapide ou brutal, les tempos sont souvent moyennement élevés, alternant avec quelques blasts et quelques parties atmosphériques. Même si le charismatique et énigmatique leader Roman Saenko a des tendances bras droit levé et tendu, il n'en est rien dans la musique de Drudkh, il n'en a jamais été le cas, il l'exprime suffisamment de façon implicitement explicite avec Hate Forest de toute façon. Ce dernier groupe n'arrivant pas à la cheville de Drudkh.
Le son est toujours crade même si la batterie est bien triggée, les guitares à la fois omniprésentes et simplistes créent ce paysage sonore connotant la forêt en hiver où la neige serait comme du coton, dans lequel l'on se blottirait, car tellement agressives, mais paradoxalement douces et épiques à la fois... à l'image de la cover tout simplement. De plus les quelques claviers en fond soutiennent et grossissent le travail des guitares. Le gros revient à la basse, qui effectue des parties parfois presque jazzy, pleines de groove apportant un réel plus aux guitares éthérées surtout dans les passages plus dépouillés (comme il n'en manque pas chez eux!). Le chant est toujours aussi brutal, bien entendu le mot est à prendre au sens de brut, d'une violence et d'une sincérité rare, le chant en Ukrainien rajoute un côté encore plus authentique et bestiale à nos oreilles puisqu'il s'agit d'une langue à la fois peu commune et très agressive phonétiquement. Aucun instrument folklorique n'est rajouté à part dans l'intro et l'outro, l'authenticité prime. On regrette que les guitares soient presque joyeuses, pas très black lorsqu'on dissèque les mélodies.
Certes on finit par en vouloir plus, à en vouloir encore, à se dire que le groupe est encore capable de mieux, mais chaque seconde de Drudkh se laisse se délecter. Tout comme au Brésil où le pays s'arrête le temps du match de l'équipe nationale. L'auditeur stoppe toute activité, le temps s'arrête durant l'écoute pour laisser place à la magie, la vie reprend une fois que la galette est finie et que l'on revient sur terre.