19735

CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 08 janvier 2025
Sa note : 18/20

LINE UP

-Johan Edlund
(chant+guitare+claveirs+thérémine)

-Thomas Petersson
(guitare)

-Lars Anders Iwers
(basse)

-Lars Sköld
(batterie)

Ont participé à l’enregistrement :

-Birgit Zacher
(chant)

-Sami Pekka Olavi Yli-Sirniö
(sitar)

-Inchtabokatables
(violon+violoncelle)

-Ertugrul Coruk
(flûte)

-Anke Eilhardt
(hautbois)

-Dirk Draeger
(claviers)

TRACKLIST

1) Cold Seed
2) Teonanacatl
3) Trillion Zillion Centipedes
4) The Desolate One
5) Atlantis as a Lover
6) Alteration x10
7) Four Leary Biscuits
8) Only in My Tears It Lasts
9) The Whores of Babylon
10) Kite
11) Phantasma de Luxe
12) Mount Marilyn
13) A Deeper Kind of Slumber

DISCOGRAPHIE


Tiamat - A Deeper Kind of Slumber



Johan Edlund a vrillé. Au mitan des années quatre-vingt-dix, le leader de Tiamat déménage à Dortmund, pour des raisons sentimentales d’après ses dires, et plonge dans les drogues - il n’est pas improbable que ces trois éléments aient un lien de cause à effet. Quoiqu’il en soit, Edlund décide de consacrer le cinquième album du groupe à ses expériences psychotropes. A Deeper Kind of Slumber, le résultat de ces pérégrinations, est déroutant.

Même en ayant assimilé les enjolivures de Wildhoney, le précédent LP, les suiveurs de la formation de doom death metal ne sont clairement pas préparés à ce que leur a réservé l’objet de leur attention trois ans plus tard. "A Pocket Size Sun", la conclusion du Miel Sauvage, leur semblait trop mélodieuse ? Elle est plus lourde que n’importe quel morceau de A Deeper Kind of Slumber. À l’écoute de "Cold Seed", le single placé en ouverture du recueil, la rupture avec le metal extrême semble d’ors et déjà consommée : aux claviers spatiaux tissant un thème faisant penser à "Russians" (Sting) /"Lieutenant Kijé" (Prokofiev) succède un riff obsédant sur un tempo alerte, relayé par une voix qui plonge dans des graves dénués de saturation. Le débit est fluide, intense, les intonations légèrement détachées, donnant à entendre une version sobre d’Eldritch, le baryton outré de The Sisters of Mercy. Un break electro est inséré en lieu et place du traditionnel solo de guitare avant que l’occurrence ne s’achève sur une brève montée en puissance. Diablement accrocheuse, cette saillie de grunge gothique n’est pourtant pas représentative de l’enregistrement. Bien que "Cold Seed" ne donne pas vraiment envie de lancer une chenille, les pistes suivantes révèlent en effet davantage de noirceur. Ainsi "Teonanacatl", du nom aztèque du psilocybe, un champignon hallucinogène, rampe au gré d’une mélopée spectrale et opiacée jusqu’à un refrain terrassant, décliné en deux temps. Le break trip hop et la coda quasi instrumentale "Trillion Zillion Centipedes" ajoutent à l’ambiance délétère de cette composition magnifique.
La rythmique trip hop, encore, de "The Desolate One", survolée de voix faisant écho à un chant fantomatique, évoque une montée après le bad trip précédant et confirme que le death metal n’est plus qu’un lointain souvenir – il n’y a même pas de guitare. Qu’on est loin d’un Clouds ou d’un Wildhoney – ne parlons pas de Sumerian Cry et The Astral Sleep, hormis les tempos alanguis, il n’est plus question du même groupe. Loin des cassures brutales et fade out précipités de naguère, les enchaînements soignés renforcent l’impression de vivre une succession de rêves précaires et de cauchemars, illustrée par le duo "Atlantis as a Lover" - "Alteration x10", qui débute par des spires électroniques relayées par des cordes suintant de mélancolie et s’achève sur le mordant des guitares, au diapason d’un chant rageur. L’association de titres au motif similaire vaut également pour le tandem formé par "Only in My Tears It Lasts" et "The Whores of Babylon", d’abord languide et sensible puis nerveux et déclamatoire. Si les machines restent prépondérantes, un superbe solo floydien vient illuminer le premier volet du diptyque. Un autre vient colorer "Phantasma de Luxe", mid tempo classique, aux guitares plus présentes – il y a même un passage harmonisé faisant songer à Blue Öyster Cult.
Là encore, il s’agit d’un préquel, celui de l’hypnotique "Mount Marylin", mid tempo scandé par des arpèges cristallins et une battue obstinée, régulièrement ravivé par des accords telluriques, que surmonte un chant à la fois chuchoté et saturé, comme des éclats d’orage après la menace sourde des couplets. Des solos sont convoqués, dont un à la slide sur le dernier tiers. Aucun changement de tempo, aucune cassure : les freaks psychés de la fin des sixties auraient sûrement apprécié, même s’ils auraient probablement trouvé les dix minutes un peu courtes. La chanson-titre en conclusion est un parfait résumé de l’œuvre entre arpèges obstinés, chant déclamatoire, claviers tragiques et voix trafiquées. Une légère variation au milieu annonce une ligne de chant sortie des tréfonds de l’âme, soulignée par un hautbois qui arrache également des larmes sur la courte mais bouleversante "Kite", pièce instrumentale d’une douceur qui contraste avec la transe orientale de "Four Leary Biscuits", menée par les vocalises habitées de Birgit Zacher, qui officiait déjà sur Wildhoney.


Fou et cohérent, mû par une tristesse insondable tout en dégageant une aura d’anormale quiétude, A Deeper Kind of Slumber fait partie de ces œuvres intoxiquées qui désarçonnent autant qu’elles émeuvent. Les sonorités électroniques, les guitares légères et l’émouvante voix de crooner gothique n’ont que peu à voir avec la sphère metal, d’où Tiamat s’est extrait avec plus de radicalité encore que Samael un an auparavant, en attendant la sortie de One Second de Paradise Lost quelques semaines plus tard. Que la rupture soit temporaire ou pas, peu importe : devant une réalisation aussi envoûtante, l’essentiel est de se laisser porter, et rêver, à son tour.





©Les Eternels / Totoro mange des enfants corporation - 2012 - Tous droits réservés
Latex Dresses for Prom,Latex catsuits in the goth subculture latex clothes The potential dangers of overheating and dehydration while wearing latex catsuits,The ethics of wearing and producing latex clothing sexy latex clothing
Trefoil polaroid droit 6 polaroid milieu 6 polaroid gauche 6