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CHRONIQUE PAR ...

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Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 19/20

LINE UP

-Johan Edlund
(chant+guitare)

-Johnny Hagel
(basse)

Ont participé à l'enregistrement :

-Magnus Sahlgren
(guitare)

-Waldemar Sorychta
(claviers)

-Lars Sköld
(batterie)

TRACKLIST

1) Wildhoney
2) Whatever That Hurts
3) The Ar
4)
25th Floor
5) Gaia
6) Visionnaire
7) Kaleidoscope
8) Do You Dream of Me?
9) Planets
10) A Pocket Size Sun


DISCOGRAPHIE

The Astral Sleep (1991)
Clouds (1992)
Wildhoney (1994)
Judas Christ (2002)
Amanethes (2008)
The Scarred People (2012)

Tiamat - Wildhoney



Le Père Noël est une Ordure, classique d’entre les classiques. Vous visualisez la scène où Jacques François, le pharmacien, sent le kloug malencontreusement tombé sur sa veste de smoking et s’écrie « Mais qu’est-ce que c’est que cette matière ? C’est de la merde ? » Bon, eh bien, en gros, la gueule qu’il fait, c’est la mienne, après ma première écoute de "A Pocket Size Sun".
 
Déjà la pochette orange… En pleine vague black scandinave, gothic doom death… ça faisait son effet… « Euh Maman, t’aurais pas laissé un de tes CDs de musique pourr… un de tes CDs dans ma chambre ? » Il faut quand même se rendre à l’évidence. Ni Bobby Lapointe ni Léo Ferré n’ont jamais sorti d’albums sous le nom de Tiamat… Avide de sonorités déchirantes - de tympan, de cœur ou des deux à la fois -, je fixe la nouvelle sortie de la bande à Johan d’un œil torve. « Toi et moi, pas sûr qu’on s’entende très bien… »  "Whatever That Hurts" et "The Ar" me font espérer que, si ça se trouve, l’orange, c’est une erreur de l’imprimeur. Erreur, mon cul… "Gaia" confirme mes pires craintes, et le reste de l’écoute confine au chemin de croix. L’ascension de Golgotha ? Du pipi de chat. Dieu quelle mollesse ! Et ça serait presque joyeux ! Avec donc l’apothéose que représente "A Pocket Size Sun", sorte de comptine pour bisounours woodstockien… Un petit coup de fil à Son Altesse Sérinissime, mon fournisseur de CDs vía Holy Records, pour manifester mon mécontentement. « Enfoiré, Lavra, Xerxès, ça t’a pas suffi ? Tu m’a encore empapaouté… » SAS de répondre, comme toujours, « Ah mais c’est culte ! » Et hop, affaire classée, CD rangé à côté de ceux de Salvatore Adamo et Alain Barrière dans la cédéthèque familiale.
Simplement, comme le disait justement Léo Ferré, « avec le temps, va, tout s’en va ». Les préjugés aussi. Les choses bougent. Pink Floyd s’invite de plus en plus souvent à la table des metalleux. Avec l’âge, on commence aussi à saisir plus ou moins le sens du mot « subtil » en musique. Et forcément, vient le jour J. « Maman ! J’avais rangé un CD à côté de celui de Jeanne Moreau ! T’en as fait quoi ? » « Ton horreur orange ? À la cave. » Après avoir pesté contre l’inculture musicale familiale, je récupère le précieux enregistrement et me rends enfin compte à quel point Wildhoney était en avance sur son temps.  À quel point, cet album, il est vrai, peu agressif dans son ensemble, renferme des mélodies d’une finesse incroyable. Oui, Wildhoney transpire la classe par tous ses pores et emmène le doom sur de nouveaux terrains de jeu, plus psychédéliques et raffinés. "A Pocket Size Sun" n’est en fait que le facétieux épilogue d’une œuvre parfaite où choisir un morceau relève de la pure gageure. Ou alors selon l’humeur. Les deux titres initiaux correspondront plus aux moments de colère, tandis que l’incroyable "Do You Dream of Me?" et son solo donnant les mêmes frissons que "Veil of Deception", conviendront plus aux états d’âmes provoqués par les choses de l’amour. Le tout baigné dans une ambiance à mi chemin entre le Pink Floyd version A Saucerful of Secrets, et les contes de chevaliers et de princesses. Les pochettes orange ? C’est comme les boîtes en plastique en orange de Zézette/Marie-Anne Chazelle. Il n’y a rien de plus beau.

 
Wildhoney. Tiamat n’aurait pu mieux résumer ce chef-d’œuvre. Doux et sauvage à la fois, l’album prend ses libertés toutes psychédéliques avec les canons alors en vogue. Johan et ses amis continuent leur mue et pondent un monument du doom gothique et psychédélique. Avec deux ou trois trains d’avance sur la concurrence. Et sans date de péremption.



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