King Crimson, King Crimson... ils existent encore eux ? Oui... malheureusement je dois dire. Et ça ressemble à quoi le King Crimson du nouveau millénaire ? A pas grand chose, comme on va vite pouvoir s'en rendre compte avec The Construkction Of Light. Robert Fripp et sa troupe (qui n'a plus rien à voir avec le line-up culte des années 70) s'entête à vouloir proposer une musique hors normes et loin des conventions musicales établies, à l'image du chef-d'oeuvre Larks' Tongues In Aspic, terriblement barré et novateur pour son époque. Mais y'a un truc que Robert Fripp ne semble toujours pas avoir compris, c'est que Larks' Tongues In Aspic et Red, c'est du passé, c'était il y a trente ans, donc c'est fini maintenant. Sa démarche est pour le moins étrange, car même si on ne pourra pas lui reprocher de verser dans le commercial, pourquoi vouloir à tout prix essayer de s'accrocher à une époque révolue ?
Car le King Crimson 2000 n'est pas très éloigné de ce que proposait le groupe au temps de sa splendeur, et ce ne sont pas les sonorités modernes et «technoïdes» de l'album qui viendront masquer l'absence totale de créativité qui règne ici. Ce qui était culte à l'époque s'avère complètement faisandé maintenant. Et quand King Crimson s'éloigne des sentiers battus, ça nous donne des bouses (oui, je pourrais même être vulgaire avec ce morceau tellement il est... bon je dirais rien) comme "Prozakc Blues", mon Dieu, j'ai rarement écouté un truc aussi nul. Bon c'est simple, pour apprécier "Prozakc Blues", y'a pas cinquante solutions, faut vraiment être un fan absolu de Robert Fripp, fan jusqu'à considérer que le caca qu'il délivrera après son petit déjeuner est une oeuvre d'art ! "Prozakc Blues" porte bien son nom, puisque le chant a été ralenti au mixage, produisant un effet pataud particulièrement... chiant ! Déjà que le morceau en lui-même, avec ses sonorités 60's, ne vole pas bien haut.
Sinon, la plupart des morceaux sont instrumentaux, comme souvent chez King Crimson. Et là on enchaîne avec la suite "The Construkction Of Light" part 2 et 3. La part 2 est basée sur les arpèges de Robert Fripp, ah ces fameux arpèges, ils se ressemblent tous d'ailleurs. Que cherche à prouver Robert Fripp au juste ? Ce disque ne fait vraiment pas naturel, du style «je vais leur montrer à ces jeunots à quel point j'ai une imagination torturée et délirante», mais la supercherie ne prend pas ! La part 3 reprend les arpèges avec le chant d'Adrian Belew en plus, un chant pas mauvais en soi mais rien d'exceptionnel et très loin d'atteindre le niveau d'un John Wetton, faut pas se le cacher. Pas beaucoup d'intérêt tout ça, soit ce disque est un concentré de déjà-entendu à la sauce moderne qui, sans être mauvais, me laisse de marbre, soit on se tape des délires à la "Prozakc Blues" qui font plus pitié qu'autre chose. On retrouve également quelques titres plus mélodiques, avec un chant très 60's accompagné de la guitare moderne de Fripp, comme "Into The Flying Pan". Ce mélange fait très contre-nature je trouve.
Et hop, on enchaîne avec "Frakctured", avec devinez quoi ? Un arpège, bingo, pour un peu, on le croirait identique aux précédents, mais en plus lent. On s'ennuie ferme. Et ne parlons même pas des parties de batterie, avec l'ajout d'une batterie électronique... King Crimson aurait bien pu ajouter des beats techno ou une boite à rythme que ça m'aurait fait le même effet. Là encore, où est passée toute la classe et la grandeur du jeu de Bill Bruford ? Enfin, faut bien faire moderne et plaire aux «d'jeuns». Avec des beats techno tenez, je suis sur que The Construkction Of Light cartonnerait en free party ! Après ça, on est reparti avec "The World's My Oyster Soup/Kitchen Floor Wax Museum" (Robert Fripp fait un concours du titre le plus débile ou quoi ? En tout cas, ça n'amuse que lui), un morceau plus rock, un peu dans le style de "Prozakc Blues", en moins débile. Et ainsi de suite, je pourrais continuer comme ça longtemps.
Et le pire, c'est qu'ils nous refont le coup de "Larks' Tongues In Aspic - part IV", 30 ans après, fallait oser ! Dans le genre reclu dans le passé, on ne pouvait pas faire pire. Donc vous l'aurez compris, cette suite "Larks' Tongues In Aspic", même si c'est sûrement ce qu'il y a de plus intéressant sur ce disque, s'avère totalement inutile puisque la version originale existe déjà et elle était bien plus attrayante. Qu'un groupe comme King Crimson, qui avait toujours habitué son public à se réinventer, verse maintenant dans l'auto-parodie à ce point, c'est dur à accepter. Ca doit venir de l'âge sans doute. Robert Fripp ferait bien de laisser tomber le vaisseau King Crimson pour de bon, car ses albums solos comme Gates Of Paradise, uniquement composé de synthés, me paraissent infiniment plus intéressant. Bon je reconnais que l'album suivant, The Power To Believe, sera plus réussi et même écoutable comparé à celui-ci, mais cela n'empêchera pas la redite.