CHRONIQUE PAR ...
Bigtonio
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Andrian Belew
(guitare+chant)
-Robert Fripp
(guitare)
-Tony Levin
(basse)
-Bill Bruford
(batterie)
-Pat Mastelotto
(batterie)
TRACKLIST
1)Vrooom Écouter
2)Coda: Marine
3)Dinosaur
4)Walking on Air
5)B'boom
6)Thrak
7)Inner Garden, Pt. 1
8)People
9)Radio I
10)One Time
11)Radio II
12)Inner Garden, Pt. 2
13)Sex Sleep Eat Drink Dream
14)Vrooom Vrooom
15)Vrooom Vrooom: Coda
DISCOGRAPHIE
Cet album qui date de 1995 est à mettre au crédit de la période actuelle de composition de KC. Le groupe pourtant (du moins les membres fixes du combo : Robert Fripp et Andrian Belew) n’apprécie pas particulièrement cet album qu’il juge un peu bâclé sur la fin. Et c’est bien là à mon avis le principal problème de cette galette : on sent que les premières chansons ne manquent pas de souffle et que ce sont certainement elles qui ont amené le groupe à entreprendre la création de cet album. Mais dès le milieu de l’album on ne peut s’empêcher de remarquer l’essoufflement progressif de la qualité des compositions, et surtout le manque d’harmonie des pistes (qui se veut volontaire mais qui reflète également à mon avis l’apathie compositionnelle de l’ami Fripp).
Néanmoins, La première track de ce CD "Vrooom" est a mon avis une pure merveille du sympathique groupe King Crimson. Début assez classique avec riff de la guitare distordu façon crunch. Intervient alors un riff arpégé de Fripp qui entame un duo avec la basse qui effectue un contre-chant d’une remarquable maîtrise harmonique avec un doigté feutré tout à fait à propos. Je ne suis pas loin de penser dans de tels moments que le combo au sommet de son art peut former l’une des meilleures entités musicales de la planète rock-prog. La seconde piste "Coda : Marine" qui est dans la continuité de la première est plus progressive, notamment dans la recherche des timbres des guitares et les sortes de « barrissement de baleinoptères » qui égrènent une longue descente harmonique. Toutefois, dans la même tonalité (en fait les trois premières chansons pourraient constituer une chanson de 13 minutes…), "Dinosaur" est plus classique dans sa composition puisqu’on retrouve pour la première fois une structure refrain/couplet avec de bons vocaux (deux voix superposées en tierce et seconde). Le refrain « Somebody’s Digging my Bone » est assez prenant. A partir de la 4ème minute environ un petit interlude est développé avec un quartet à corde plus basse. La fin de la chanson termine sur le même refrain. En bref un titre intéressant.
Avec le début de la quatrième track «"Walking On Air" il semble à brûle pourpoint de rendre un gros hommage au bassiste Tony Levin qui fait preuve de sa dextérité harmonique et de son sens des nuances et du contre-chant. Résultat : une très bonne piste, détendue, zen, atmosphérique et mélancolique, des arpèges classiques mais toujours aussi efficace avec le style bien particulier de R. Fripp le gentleman de la 6-cordes.
On entre alors à mon sens avec la piste 5 "B' Boom" dans une sorte de délire mégalomane sonore qui illustre bien les propos que le groupe à tenu a propos d’une interview parue dans Guitar-part n°108 : « Il y a un haut niveau de musicalité dans notre travail, c’est vrai qu’il n’est pas destiné a toutes les oreilles. Nous attendons de chaque membre qu’il se lance un défi à lui-même pour créer la musique qui nous intéresse. Nous ne nous préoccupons jamais des désirs du public ». Le groupe résume formidablement ce qui m’est venu à l’esprit dans cette partie de l’album : C’est n’importe quoi, chacun y va de sa touche de délire, c’est du travail de saligaud. Bien sur si ce n’était le cas que dans cette chanson, j’aurais considéré ceci comme une récréation, mais le fait est que cela continue ! "Thrak" est la suite de ce délire de piste 5 en un peu plus musclé. Pour moi rien ne justifiait que cette track donne son nom à l’album.
"Inner Garden I" est un peu pauvre. On dirait un mauvais Pink-Floyd façon "Momentary Lapse of Reason". On est loin de l’inspiration du début. Néanmoins le chant est bon ce qui limite la casse. La piste suivante, "People", assez funk-rock rappelle certaines tonalités développées par Extrême dans Pornograffiti. Elle n’est pas dénuée d’intérêt mais souffre d’un refrain peu original. Heureusement une seconde partie plus instrumentale remonte bien l’impression globale et fait de cette piste une entité plus que correcte. "Radio I" est une expérience sonore qui peut être comparé a ce qu’a pu faire Pierre Henry dans Messe pour le temps présent mais déjà presque 30 ans auparavant ! Rien donc de bien novateur. "One Time" est bien menée. On sent quand même la maîtrise du combo au niveau de la gestion du spectre sonore et des échantillonnages proposés qui sont de toutes premières qualités. Le hautbois notamment (ou le cor anglais je ne sais pas exactement) apporte une couleur très intéressante dans le contre-chant. "Radio II" est du même acabit que la 9ème : des expérience sonores qui sont toutefois un peu plus réussies à mon goût.
La track 12 "Inner Garden II" est un rappel de la piste 7 : On se demande finalement si THRAK n’est pas un concept album vu les similitudes que l’on retrouve entre les différentes chansons. "Sex Sleep Eat Drink Dream" est une variation déguisée de la 8, qui n’apporte par ailleurs aucune nouveauté majeure. Dans le même esprit la chanson 14 "Vrooom Vrooom" reprend le second thème de la première piste sans convaincre. L’ultime piste, "Vrooom Vrooom : Coda", reprend enfin (on aura compris) le premier thème et le quatrième thème de la piste 1, en ralentissant le tempo à la limite du soutenable. En bref on aurait aimé que l’album s’arrête à la piste 10, car les circonvolutions sonores de mauvais goûts de la fin de l’album n’apportent vraiment rien à THRAK qui reste un album assez mitigé : de très bonnes choses et des navets.