Bon, je vous le dis franchement, je n'avais pas une envie folle d'écouter ce nouvel album de Destruction. En effet, depuis quelques années, le trio allemand a pris la mauvaise habitude d'alterner le bon et le moins bon avec une ahurissante régularité dans l'irrégularité. Et comme Day of Reckoning, leur précédente livraison, appartenait à la première catégorie, Spiritual Genocide s'annonçait selon toute vraisemblance comme une daube en puissance. Ceci dit, j'espère de tout cœur qu'ils me feront mentir !
A la base, Destruction n'a jamais fait dans la dentelle, mais on a l'impression que le groupe ne cesse de se radicaliser avec les années. Le mouvement s'est même accéléré avec l'arrivée du batteur Vaaver, qui est une véritable brutasse. Pas forcément dans le sens bête de technique (et encore, même si c'est un béotien qui vous parle, j'imagine qu'il faut s'accrocher pour passer certains de ses roulements supersoniques), mais plutôt dans le sens gros bourrin qui peut déclencher un séisme rien qu'en martelant sa caisse claire (bordel, le plan final de "Legacy of the Past" !). Clairement handicapé par le son de batterie en plastique de Day of Reckoning, le bonhomme profite d'une production plus organique pour mettre en valeur son jeu dévastateur ("Riot Squad" nom de Zeus !), quitte à charger parfois un peu trop la mule. Mike et Schmier semblent en tout cas très fiers de cette trouvaille, puisqu'ils n'hésitent pas à le mettre en avant de temps en temps (intro à la batterie sur "Legacy of the Past" ou mini solos sur "No Signs of Repentance" par exemple).
Et si Vaaver est si à l'aise, c'est aussi parce qu'il est parfaitement raccord avec l'unique objectif de ce nouvel album : en mettre plein la tronche (comme toujours ou presque avec Destruction, vous me direz… et vous n'aurez pas tort). On compte un certain nombre de titres façon blitzkrieg, qui frappent vite et fort et qui, comme par hasard, figurent au final parmi les meilleurs moments de l'album : "Cyanide" (ah, si Slayer pouvait encore écrire des titres de la sorte…), "No Signs of Repentance" (quelle décharge d'adrénaline cette accélération après le refrain !), "Under Violent Sledge"… On peut également rajouter à cette liste "Legacy of the Past", qui contient en plus un break un peu plus lent d'une efficacité redoutable. Parfois, Destruction use de stratagèmes moins directs, mais tout aussi dévastateurs comme le riff nerveux et vicelard de "Renegades", parfait pour lancer l'album. Même lorsque le tempo se fait plus lent, Destruction est capable de sortir les crocs et de se montrer dangereux, comme sur "Carnivore" qui envoie sacrément la purée.
Comme rien n'est parfait en ce bas monde, Destruction retombe parfois dans ses travers en proposant des refrains lourdingues qui nous rappellent les heures sombres de Metal Discharge. "Spiritual Genocide" est ainsi plombée par son refrain où Schmier en fait des caisses niveau agressivité, de même que "City of Doom" (dommage, le riff à la "Holy Wars" apportait un peu de variété) ; à l'inverse, le couplet faiblard de "To Dust We Will Decay" est bien rattrapé par son refrain plutôt bien balancé. Autre maladresse évitable, le prérefrain de "Riot Squad" : au début, on se dit « punaise, j'ai déjà entendu ce truc quelque part, y a pas longtemps en plus... » On peut même dire 5 minutes avant, puisque c'est EXACTEMENT le même plan que le refrain de "Legacy of the Past" ! Etonnante maladresse tout de même… Puisqu'on parle de ce titre, c'est sympa d'inviter Tom Angelripper et Gerre à pousser la chansonnette, mais le coup des paroles en forme de patchwork de titres d'albums, ça commence à sentir le réchauffé (surtout que le groupe l'avait déjà fait sur "The Alliance of Hellhoundz")…
Et bien voilà, le signe indien est enfin brisé, Destruction vient de sortir deux bons albums d'affilée ! On y croyait plus depuis la reformation du groupe ! Soyons clairs, Spiritual Genocide n'a absolument rien de génial, mais il est solide comme une armoire normande et affiche une conviction de tous les instants. Après, le problème risque d'être le même que pour Day of Reckoning : aussi sympa soit-il à l'écoute, pas sûr que cet album donne vraiment envie d'y revenir fréquemment, puisqu'il ne compte pas non plus de choses réellement marquantes…