CHRONIQUE PAR ...
Crafty
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Vincent Cavanagh
(chant+guitare)
-Danny Cavanagh
(guitare+claviers)
-Jamie Cavanagh
(basse)
-Lee Smith
(claviers)
-John Douglas
(batterie)
TRACKLIST
1)Harmonium
2)Balance
3)Closer
4)Are You There?
5)Childhood Dream
6)Pulled Under At 2000 Meters A Second
7)A Natural Disaster
8)Flying
9)Electricity
10)Violence
DISCOGRAPHIE
Rarement faire table rase du passé n’a été aussi naturel. Comparer A Fine Day To Exit à The Silent Enigma n’a aucun sens. Après avoir failli exploser, le tandem Cavanagh a changé, et pire encore, il est redevenu trio. Le retour de Jamie à la basse (son premier passage avait été très court, l'histoire d'un EP) en remplacement du très bon Dave Pybus va-t-elle encore faire changer la face du groupe ?
Rien que le fond sonore qui introduit le premier titre "Harmonium" nous rappelle A Fine Day to Exit, et son côté Radiohead malsain... On est en territoire conquis. La volonté de livrer un album dénué de technique pour nous laisser en tête à tête avec une musique émotionnelle (et non emo, notez la distinction...) a été assez mise en avant pour qu'on ne puisse l'occulter. Avec les succès à répétition des Britanniques d'Oxford, et une pincée non négligeable de Pink Floyd dans le mélange (les couplets de "Pulled Under At 2000 Meters A Second" ont des airs de "Sheep" peut-être trop prononcé), A Natural Disaster se pose comme rejeton indirect de la famille Cavanagh, et plus particulièrement de Danny, qui a tout simplement tout écrit seul, à l'exception de "Balance" ou Vincent et John Douglas ont eu une petite place.
Envahissant le bonhomme, et dire qu'il a pensé à quitter le groupe quelques mois auparavant... Cela aurait marqué la fin définitive d'Anathema, et on ne serait probablement pas en possession de l'album à l'heure actuelle (ou alors, sous un autre nom ?). Force est de constater que Danny reste au top au niveau de l'écriture, et qu'il en avait sous la plume durant le processus d'écriture. L'album dépasse les cinquante minutes, et nous transporte dans le monde d'Anathema plus que n'importe quel autre album du groupe. La faute à plein de choses, d'abord le chant de Vince et même celui de Danny, qui devient encore plus poignant que sur A Fine Day To Exit sur le magnifique "Are You There?", à cet interlude bien placé qu'est "Childhood Dream", à la façon dont s'enchaînent "Balance" et "Closer"... Et à tellement d'autres choses.
La coutumière présence de Lee Douglas au chant sur le morceau éponyme apporte cette touche chaleureuse qui manquait à l'ensemble. C'est sans doute en ça que cet album est si bon, la façon dont tout est proportionné, réglé au millimètre, pas de place laissée au brouillon. Même le final "Violence", instrumental de plus de dix minutes, respire la précision : les notes de piano, l'ensemble batterie-guitare, et puis le silence. Découvrir tous ces titres en live rajoutera sans aucun doute une couche à la dimension émotionnelle de l'album, c'est pourquoi les vidéos live sorties peu après constituent des achats très recommandés (une des deux suffisent), qu'importe le manque de moyens.
Le moins changeant de leurs albums, et le plus mature, A Natural Disaster reste un des meilleurs albums pour découvrir Anathema ou pour s'y immerger un peu plus encore. On ne peut que s'étonner de la difficulté que rencontra le groupe par la suite pour sortir son huitième album, tant leurs fans sont fidèles et nombreux et leur régularité impressionnante.