5 albums sortis entre 1973 et 1977, dont 3 pièces d’art consécutives (Mirage, The Snow Goose et Moonmadness). Camel était pour le moins rodé à l’aube de la sortie de ce qui allait être leur nouvel album à l’époque : Breathless. Si leur toute première galette n’était pas une réussite, celle-ci le sera encore moins. Peter Bardens, le regretté talentueux claviériste qui était présent au sein du groupe depuis les débuts quittera d’ailleurs l’aventure après l’enregistrement de l’album. Il y a peut-être relation de cause a effet, même si Peter et le reste du groupe sont restés en bons termes. Quoi qu’il en soit, c’est donc en 1978 que nous arrive ce Breathless, dont le titre colle malheureusement assez bien avec l’impression que l’on pouvait avoir du groupe après avoir ecouté l’opus. (traduisez « essouflé »…). Explication please !
Dés le début, on peut pas dire que la magie opère avec ce titre éponyme et ses allures naïves gaies (pas gay hein). On croirait presque entendre le générique d’un vieux dessin animé, ceux-là mêmes qu’on regardait le mercredi après-midi au Club Dorothée….. Enfin bref, tout ca pour dire que l’apéro n’est pas d’un haut niveau. Ça tranche royalement de ce qu’on avait pu entendre du groupe précédemment. Mais n’en démordons pas, et tâchons de voir si la suite ravive ces couleurs musicales rose-bonbon. Et le titre de la suivante, "Echoes", nous ramène à notre collection de vieux Pink Floyd, certes ça n’est qu’une image, mais le morceau se trouve être déjà largement supérieur au précédent, puisqu’on retrouve un peu le son Camel de The Snow Goose par exemple, rythmique et guitares inclues. Le tout s’écoute plutôt agréablement durant un peu plus de 7 minutes, même si l’on est encore assez loin de la perfection. Mais on commence vraiment à craindre lorsque vient Wing and a Prayer, qui nous refait le coup de la mélodie joyeuse d’assez mauvais goût. Vraiment rien de bien, une rythmique très basique, et on croirait Andy Latimer nous chanter un comte enfantin, avec des chœurs assez ridicules encore une fois. Difficile de reconnaître les auteurs de Mirage et The Snow Goose, à ce stade de l’album. M’enfin…
On pense donc avoir atteint le plus bas qu’arrive "Down on the Farm", introduit plutôt bien, par un bon petit riff qui laisse augurer du meilleur, mais suivi par une suite de paroles complètement débiles, et qui reflète encore mieux l’aspect « enfantin » qu’on avait pu constater juste avant. Mais cette fois, je crois que c’est encore pire. J’ai encore cette image de l’antique dessin animé. C’est un peu fort quand même, d’autant que les petits bruitages inclus au milieu de la chanson vont tout à fait dans ce sens. Fort étrange tout ca. "Starlight Ride" fait un peu remonter le niveau du fait de sa qualité tout juste moyenne, mais franchement rien d’ahurissant, un morceau calme, teinté de flûte et synthé principalement, sans génie mais bon, après ce que l’on a pu entendre, ne faisons pas la fine bouche. Tentons de justifier cet achat. Ce qui va être visiblement très difficile étant donné ce qui suit avec "Summer Lightning". On avait eu droit aux comtes de fées et aux dessins animés, voici maintenant LA CROISIÈRE S’AMUSE ! C’est dingue, vraiment, on a l’impression d’entendre le générique de cette série complètement abrutissante, typique américaine des 80’s. (Souvenez-vous…..) Particulièrement la ligne de basse. Paradoxalement, Andy nous livre ici l’un de ses plus beaux solos. C’est véritablement le monde à l’envers ! Insistons un peu sur ce solo puisqu’il n’y a que ça d’intéressant. Un solo très accrocheur, incisif, exécuté de main de maître, qui fait plaisir au milieu de toute cette niaiserie. Ouf…
Malheureusement, fallait pas s’attendre à des suites, confirmation avec "You Make me Smile", et encore un morceau un peu bébête, ce qui me surprend pas outre mesure, à l’écoute du reste du disque et en pensant au titre de la chanson. Les paroles sont du même acabit d’ailleurs….Dans cet album il y a -fort heureusement -, un O.V.N.I, du nom de "The Sleeper", joli morceau de rock progressif, avec une première partie très douce, avec une prédominance flûte/clavier, avant que la rythmique n’arrive, assez typique de ce qu’à fait le groupe jusqu’à maintenant, même si l’on sent encore légèrement ce ton mielleux de l’album par moments. L’opus se ferme avec "Rainbow’s End" qui porte plutôt bien son nom encore une fois. On croirait que le groupe clôt dans la mélancolie le contenu globalement abject de ce Breathless, dans un morceau qui, cette fois, est plutôt joli, et moins joyeux que la majeure partie des autres titres.
Au final, que dire de ce Breathless ? Qu’il plaira aux vieilles ménagères adeptes des séries stupides dont on nous assaillait chaque après-midi, ou aux nostalgiques de Récré A2 ? Non, je me contenterai d’oublier au plus vite ce boulet sorti de nulle part. Et si vous voulez un bon conseil, faites de même, ne vous attardez pas la dessus, il y a, chez Camel, bien des chefs-d’œuvre à découvrir. Et on leur pardonnera l’erreur, à l’écoute de leur suite discographique et des nombreuses réussites qui l’accompagnent. Tournez vous donc vers Mirage, The Snow Goose, ou bien Moonmadness, pour les albums « pré 80’s ».