CHRONIQUE PAR ...
Blackmore
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
18.5/20
LINE UP
-Andrew Latimer
(guitare+flûte)
-Doug Ferguson
(basse)
-Peter Bardens
(claviers)
-Andy Ward
(batterie)
TRACKLIST
1)The Great Marsh
2)Rhayader
3)Rhayader Goes To Town
4)Sanctuary
5)Fritha
6)The Snow Goose
7)Friendship
8)Migration
9)Rhayader Alone
10)Flight Of The Snow Goose
11)Preparation
12)Dunkirk
13)Epitaph
14)Fritha Alone
15)La Princesse Perdue
16)The Great Marsh
DISCOGRAPHIE
Camel -
Music Inspired By The Snow Goose
Yes, Pink Floyd, Genesis ou King Crimson sont autant de noms censés représenter la quintessence du rock progressif des 70's, son apogée. Des monstres sacrés, inattaquables dans leur tour d'ivoire. Mais, tapis dans l'ombre de ces géants du prog, certains groupes ont su proposer des albums qui marquèrent également l'histoire de ce genre musical. C'est notamment le cas de Camel qui réalisa avec Music Inspired By The Snow Goose un total chef d'œuvre.
Suite au très réussi Mirage, Camel se sent désireux de continuer le schéma conceptuel entamé avec la suite "White Rider". Il lui faut pour cela trouver un thème. Le groupe jettera finalement son dévolu sur le conte "The Snow Goose" de l'écrivain scandinave Paul Gallico. Toutefois, tout ne se passera pas sans accroc. Tout d'abord, le disque devait à la base proposer des sections narratives pour lier chaque partie du disque mais la maison d'édition de Gallico avait déjà donné les droits à un certain Ed Welch, auteur d'une partition orchestrale accompagnée d'un comédien. Comme si cela ne suffisait pas, Paul Gallico était un fervent opposant à l'industrie du tabac. Il ne voulait pas que son nom soit associé de près ou de loin à un groupe portant le nom... Camel. Ceci explique la raison pour laquelle il s'agit d'un album inspiré par The Snow Goose et non une version officiellement reconnue.
Voici donc ce qui est à la base de cet album entièrement instrumental (seul quelques chœurs se font entendre de temps en temps) et particulièrement ambitieux ! N'oublions pas qu'il s'agit alors seulement du troisième album du groupe. Un album conceptuel, instrumental et soutenu par une orchestration classique de grande qualité (j'y reviendrais), tout cela en début de carrière... Avouez qu'il y avait de quoi se casser les dents. Pourtant, force est de reconnaître que la bande à Latimer a bien fait de relever pareil défi car l'album est au final une somptueuse réussite !
Tout d'abord, la plupart des soli sont merveilleux. Andrew Latimer dont le jeu de guitare est assez proche de celui de David Gilmour ne cesse d'émerveiller (écoutez donc "Rhayader Goes To Town"). Lorsque ce dernier ne réalise pas de soli magiques avec sa guitare, il le fait avec sa flûte enchantée. Les fans de Pink Floyd ou de Genesis sont donc conviés a dévorer ce disque dans les plus brefs délais. Les claviers de Peter Bardens sont aussi particulièrement géniaux et originaux. Seule la section rythmique est un peu plus en retrait tout en proposant certain plan d'une grande finesse. Mais loin des qualités techniques ou mélodiques qui parsèment ce disque, la chose qui étonne le plus est la cohérence et la force évocatrice que propose ce voyage musical ! Dès les premières notes de piano de Bardens et ses chœurs éthérés pendant de l'intro de "The Great Marsh", l'auditeur est emmené loin, très loin dans cette histoire d'amour, d'amitié et de tristesse. On passera ainsi par divers stades avec l'entraînant thème de "Rhayader", subtilement mélancolique, le plus musclé "Rhayader Goes To Town" et ses plans de guitare/clavier absolument déments, l'intimiste "Sanctuary" (toujours en parfaite osmose avec le thème) etc... Inutile de tous les répertorier, mais sachez que c'est une véritable réussite.
Un autre aspect particulièrement réussi de ce disque est l'utilisation de l'orchestre classique. Il est ici extrêmement bien employé, discret comme il faut tout en soutenant parfaitement la musique du groupe. Certains morceaux sont d'ailleurs basés sur certains instruments classiques comme "Friendship" où le hautbois signe la ligne mélodique principale, accompagné par les cuivres, la flûte et enfin le clavier de Bardens. A noter aussi le titre "La Princesse Perdue" où le thème général du disque est repris cette fois-ci avec une représentation des cordes plus importante mais parfaitement justifiée dans le cadre de cette apothéose finale ! Grandiose.
Il me semble que c'était Beren qui n'avait pas hésité à mettre en corrélation la musique des jeux de rôle japonais et celle de sa chronique. À mon tour d'en faire la remarque, car certaines parties de ce Music Inspired By The Snow Goose ressemblent étrangement aux compositions de Uematsu ou Mitsuda. Nous ne sommes pas loin de la bande son d'un Final Fantasy ou d'un Chrono Cross parfois ("Fritha", "Epitaph", "Preparation"). Alors Camel ferait-il partie des influences de ces grands compositeurs ? Sans doute, car Uematsu a toujours revendiqué l'influence du rock anglais des 70's (Genesis en tête). Fin de la petite parenthèse ludique.
Ce disque est donc une énorme réussite, l'une des plus belles oeuvres que le rock progressif ait produites. Injustement méconnu mais parfaitement accessible pour les amateurs comme pour les novices, je ne peux que vous encourager à vous procurer ce splendide témoignage musical. On ne peut qu'être ému à l'écoute de cette histoire et quand vient la bataille de "Dunkirk" (point d'orgue progressif du disque, une construction admirable pour arriver sur la mort de Rhayader) puis le final du disque et ses dernières notes, on referme le boîtier du disque le coeur encore chancelant et la tête pleine d'images.