Après le départ de Ralf Scheepers (ou son remerciement, on n'a jamais vraiment su...), et fort d'un Land Of The Free gigantesque, Kai Hansen a jugé bon d'enregistrer le premier album live du groupe. Alive' 95 est une galette brute de décoffrage, sans le moindre overdub, crue, vraie, et avec du poil autour. Enregistré un peu partout en Europe, y compris à Paris, ce disque est un fidèle condensé de l'atmosphère qui règne lors des concerts des maîtres allemands du speed-mélodique; de plus, la set-list, qui regroupe quelques-uns des meilleurs morceaux du groupe (ainsi que de Helloween!) tout en faisant la part belle à Land Of The Free, a tout pour attirer le badaud. C'est du bon.
L'introduction oppressante n'est autre que le "Welcome" qui ouvrait déjà l'album Heading For Tomorrow. Ensuite, bam! Un riff retentit: voilà "Land Of The Free". Interprétés dans une version beaucoup plus libre que sur album, les titres sonnent tous plus heavy, moins fignolés, plus directs; les claviers sont quasiment supprimés, les guitares règnent. Kai Hansen a parfois peine à chanter de façon si fluide qu'en studio, étant lui-même également responsable de la guitare lead - qu'il maîtrise totalement par contre. Qu'importe, le public est là pour reprendre en choeur ce refrain phénoménal, sur ce tempo enlevé idéal pour débuter un bon gig. Ceux qui ne connaîtront les classique de Gamma Ray que via cet album risquent fort d'être surpris à l'écoute des originaux.
Même punition pour "Man On A Mission" et son break piano opportun, qui fait retomber la pression entre deux envolées rapides, ou pour l'épique et fabuleux "Rebellion In Dreamland", assurément l'une des plus grosses tueries du groupe. On sent un Kai très appliqué, et très impliqué: il dialogue avec le public, le fait chanter, il sait s'y prendre pour l'amener à réagir; un charisme qui fait plaisir à entendre. Une ligne de basse groovy... Thomas Nack s'affole sur ses fûts... "Space Eater"! Une vieillerie du premier album, qui met en avant une rythmique dansante et laisse de la marge aux spectateurs, notamment sur le refrain qui pose quelques petits probèmes à l'ami Kai... Pas de triche, le groupe a laissé les enregistrements tels quels. Ils jouent la carte de la transparence.
Deux extraits de Insanity & Genius : le très speed "Tribute To The Past", avec son refrain killer et son solo émouvant, et le plus progressif "Heal Me", où Kai brille de mille feux sur la douce introduction piano/voix. Cette chanson alterne les mouvements et instaure une tension qui devient quasi-palpable; le morceau qu'on aurait pu croire intranscriptible en live s'avère au final être un grand moment. En revanche, Sigh No More est totalement laissé de côté, ce qui pourrait causer la frustration des fans de "One With The World" ou de "Rich And Famous", deux autres pièces incompréhensiblement absentes... Mais Kai et ses amis se rattrapent, et même plus que ça, en interprétant sans faille deux titres d'Helloween, dont Kai est à l'origine: le tube "Future World", lieu d'un échange amusant entre le groupe et son public, et le méchant "Ride The Sky", tiré du premier album Walls Of Jericho. Gamma Ray a l'habitude de conclure ses concerts dans la bonne humeur par l'interprétation de vieilles chansons d'Helloween, c'est entendu, mais il est tout de même surprenant de retrouver ces titres sur cet album officiel. Ca a son petit effet. Autre reprise: "Heavy Metal Mania" du groupe Holocaust, hymne au heavy-metal qui n'a pas son pareil pour mettre l'ambiance au parterre. Les fans ne s'y trompent pas et enflamment littéralement ce titre par leurs cris et acclamations.
Du côté des regrets, on notera un mix qui laisse trop peu de place aux voix, caractéristique que l'on retrouve d'ailleurs sur certains autres albums de Gamma Ray. Des appréhensions et des imperfections sont aussi à relever dans le chant de Kai, surtout dans les parties les plus éprouvantes vocalement. Mais ne chipotons pas, globalement c'est une belle prestation. Gamma Ray joue une musique qui n'est pas des plus simples et les musiciens n'ont pas à rougir de leur interprétation. Un complément idéal de cette galette serait le double live Skeletons In The Closet, qui table plutôt sur des titres moins connus.