Gamma Ray -
Hell Yeah!!! The Awesome Foursome (live)
Ces derniers temps, Gamma Ray n’est pas un groupe qui se porte au mieux. Pour preuve la sortie récente d’un Land Of The Free Part II un peu douteux, qui sentait fort l’opération mercantile et qui se révélait être une amère déception, blindée jusqu’à la moelle de plagiats peu scrupuleux. Bref, petit à petit, les salles sont de moins en moins remplies, les acheteurs se font plus rares et la critique plus dure pour celui que l’on a pourtant appelé pendant longtemps sous le patronyme du Seigneur, j’ai nommé Kai Hansen.
Alors comme pour se faire pardonner, voilà que les Allemands nous sortent un petit live qui sent bon le best-of. D’ailleurs, on ne peut pas leur en vouloir, puisque si l’on regarde de plus près dans la discographie du rayon gamma, on y trouve un live presque uniquement composé de raretés (Skeletons In The Closet) et il faut remonter plus de 10 ans en arrière pour y trouver le Alive’ 95, enregistré lors de la tournée pour Land Of The Free premier du nom. Bon nombre de tubes sortis depuis n’avaient donc pas encore été immortalisés sur album et pendant que nous y sommes, profitons-en pour remettre en avant une actualité un peu dénigrée. Pour autant, Hell Yeah nous vient avec un petit peu de retard, puisqu’il a été enregistré pendant le Majestic tour. Qu’à cela ne tienne, rajoutons quatre bonus tracks en fin de second cd pour pallier à l’absence de titres du petit dernier au détriment de toute cohérence avec le reste du show.
Concentrons-nous donc plutôt sur ce qui concerne le concert principal, enregistré à Montréal donc. Le premier élément d’intérêt du fan sera bien évidemment la setlist. Sans surprises, elle est très largement axée sur la période post-Land Of The Free. Même si l’on aurait aimé que quelques raretés soient dépoussiérées, les frustrés pourront toujours se replier sur le Alive’ 95. Les autres se réjouiront d’avoir des albums complémentaires. Notons tout de même la présence bienvenue de la tuerie interplanétaire nommée "Dream Healer". Deuxième élément d’intérêt, le son ! Sur ce point, deux écoles se diviseront : la première louera la qualité sonore irréprochable de Hell Yeah. Tous les instruments sont audibles de manière tout à fait distincte et l’ensemble est très propre. La seconde regrettera qu’il n’y ait quasiment aucune différence avec les versions studios des titres interprétés et que ce côté trop propret enlève beaucoup en spontanéité. Dommage car généralement, c’est ce qui fait une grande partie de l’intérêt d’un live.
Ce rapprochement avec les versions studios est d’autant plus important qu’au sein des titres, on n'entend presque à aucun moment le public, excepté dans les sections dédiées à le faire chanter, notamment dans la traditionnelle "Heavy Metal Universe". Et encore, on ne peut pas dire qu’il ait été mixé très en avant. Par contre, ce titre contient un délire vocal qui fait plaisir à entendre tant le groupe n’a jamais semblé aussi sérieux, presque trop. En revanche, là où l’on s’éloigne des albums, c’est au niveau du chant, car le père Hansen passe hélas beaucoup trop souvent dans sa voix de tête nasillarde qui évoque de très près le canard et semble à bout de souffle la plupart du temps. On en aurait presque mal pour lui. Dernier élément agaçant : le très allemand Dan Zimmermann. Avec la puissance du bulldozer, Dan écrase la majeure partie des titres sous la finesse de son jeu et l’omniprésence de sa double pédale est parfois agaçante, surtout qu’on peut difficilement la rater.
Vu comme ça, l’addition à l’air assez salée. Elle est même plutôt injuste, à vrai dire. Car il y a quand même des choses à retenir de The Awesome Foursome. Tout d’abord, on en profitera pour constater que si les titres de Majestic passent inégalement l’épreuve de la scène, le mid-tempo fédérateur "Blood Religion" s’en tire plus que bien. La première galette donne aussi l’occasion de redécouvrir "Fairytale", issue de Land of the Free, dans une version posée pas dégueulasse, d’autant qu’elle permet d’introduire tout en finesse l’hymne "The Silence", même si celui-ci nous fait par moment regretter Ralf Scheepers. On se rendra enfin compte que Somewhere Out In Space est un putain d’album, les trois extraits placés en ouverture du second cd suffiront pour vous en convaincre. Car finalement, Gamma Ray, c’est (c’était ?) avant tout une grosse machine à tubes heavy speed et les titres se suffisent à eux-mêmes pour rendre l’écoute agréable.
Comment résumer Hell Yeah, alors ? En disant que ce line-up manque de folie ? Que les lives avec un son studio, ça ne colle pas ? Que Gamma Ray, ça déchire quand même, malgré quelques opérations douteuses ces derniers temps ? Un peu de tout ça, à vrai dire. Maintenant, à vous de voir. Ceux qui veulent du Gamma Ray live couillu devront se tourner vers un Alive’ 95 légèrement plus convaincant. Si vous souhaitez simplement un best-of, excellent au demeurant, le Blast From The Past fera l’affaire. Si vous êtes l’un des chanceux faisant partie de la dernière catégorie, foncez.