CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-John McCrea
(chant+guitare+claviers)
-Xan McCurdy
(guitare+basse+claviers+chœurs)
-Gabriel Nelson
(basse+guitare+claviers+batterie+chœurs)
-Vince Di Fiore
(trompette+claviers+chœurs)
+ guests (batterie)
TRACKLIST
1)Wheels
2)No Phone
3)Take It All Away
4)Dime
5)Carbon Monoxide
6)The Guitar Man
7)Waiting
8)She'll Hang the Baskets
9)End of the Movie
10)Palm of Your Hand
11)Tougher Than It Is
DISCOGRAPHIE
« Plus on tombe de haut, plus dure est la chute. » : cette morale de La Fontaine colle tellement bien à la carrière de Cake qu'on pourrait se demander s'ils ne s'en sont pas inspirés. Car depuis le légendaire Fashion Nugget les choses n'ont cessé de se gâter pour le combo californien, pour en arriver à ce Pressure Chief tellement médiocre qu'on se pincerait presque pour être sûr qu'il s'agit du même groupe. Car après une période d'auto-pompage ennuyeux, McCrea et sa bande ont décidé de se lancer dans l'innovation franchement laide. Argh.
Fini l'immobilisme de Prolonging The Magic : comme entrevu sur Comfort Eagle l'heure est à l'expérimentation ratée. Ainsi seul l'opener "Wheels" nous ramène au son traditionnel de Cake, basse bondissante et guitare cyclique en tête... las ! Comme moult compos des deux albums précédents, on se trouve face à une chanson générique et facile où les recettes sont identifiables en une nanoseconde. Sympatoche mais plate à outrance, contrairement aux chansons qui suivent et qui provoquent pour le coup une irritation profonde. Car si les claviers ont toujours fait partie du son Cake, on peut se demander quelle mouche a piqué le groupe pour qu'ils intègrent systématiquement aux compos des bidouillages disco-space-pop d'une confondante mocheté. Ca fait « ziouuuu » et « shpuiiing » à tire-l'arigot, ça pollue les chansons à n'en plus finir et ça donne envie de casser son lecteur CD en mille morceaux. En tête des horreurs on trouve "Dime", tout en syncopes (aucun liant dans les instruments) et en montées-descentes de claviers en carton qui feraient passer "Bliss" de Muse pour un morceau de folk acoustique. Au secours.
Les arrangements les plus affreux ne suffisent pas à tuer une bonne chanson, et "The Guitar Man" le prouve : malgré l'incroyable surcharge de bruitages « piou-piou » qui vient parasiter le titre, le coeur country-pop de la chanson demeure et la ligne de chant reste addictive. Ça aurait pu faire un vrai bon titre de Cake... contrairement aux autres, mauvaises à la base et que les arrangements ne font qu'achever. Je défie quiconque de se fader les « nooo phooone, nooo phooone, I just want to be alooooone » du single du même titre sans choper des pulsions de violence gratuite, d'écouter "Take It All Away" sans ressentir une profonde consternation devant la facilité de la mélodie principale (quand on repompe "Wild World" de Cat Stevens, forcément, ça se voit), ou de ne pas se lamenter en entendant le début prometteur et inspiré pop anglaise de "Waiting" se faire noyer par une dose de guimauve indigeste sponsorisée par Bontempi. Même en faisant abstraction des claviers le groupe se plante : le rock vaguement punk de "Carbon Monoxyde" fait vraiment pitié tant il est simpliste et bas du front, jusque dans le message. C'est honteux.
Et c'est ainsi à longueur d'album : hébété, dégoûté, on se prend titre raté après titre raté dans la face. Le son surf-music Tarantinesque de la guitare de "She'll Hang the Baskets" vous avait redonné de l'espoir ? Dommage pour vous, c'est le seul intérêt d'une chanson par ailleurs soporifique et ça dure trois plans. On se retrouve presque à remercier le groupe quand il balance du simplement banal et répétitif ("Palm of Your Hand") tant les autres compos peuvent hérisser le poil. En fait il n'y a qu'une réelle accalmie sur Pressure Chief : "End of the Movie", petit concentré de poésie posé au milieu d'un océan de déchets. La voix de McCrea seule sur un banjo country secondé çà et là par un harmonica, un texte doux-amer sur la volonté de vivre malgré la conscience du malheur qu'il nous reste à traverser... ce petit intermède de cow-boy au coin du feu fait vraiment un bien incroyable tant il ramène la simple beauté dans l'équation. Mais il dure 1'50, et sorti de ça il faut se taper tout le reste. Autant dire que face à un tel déséquilibre, le plaisir de retrouver la voix de McCrea ne pèse pas très lourd dans la balance. C'est mauvais, et c'est Cake. Ça fait mal.
On ressort de l'écoute de Pressure Chief amer. Venant d'un autre groupe, cet amas de médiocrité aurait été source d'amusement : au vu des moments musicaux fantastiques que le groupe a pu nous donner, c'est une source de tristesse. On attend toujours la suite de l'histoire, et l'incapacité du groupe à ressortir un véritable album depuis 4 ans (il n'y a eu que B-Sides & Rarities) n'augure rien de bon... mais attend-on toujours quelque chose de Cake en 2008 ? Bof.