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CHRONIQUE PAR ...

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Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 19/20

LINE UP

-Bruce Dickinson
(chant)

-Steve Harris
(basse)

-Dave Murray
(guitare)

-Adrian Smith
(guitare)

-Nicko McBrain
(batterie)

TRACKLIST

1)Moonchild
2)Infinite Dreams
3)Can I Play With Madness
4)The Evil that Men Do
5)Seventh Son of a Seventh Son
6)The Prophecy
7)The Clairvoyant
8)Only The Good Die Young

DISCOGRAPHIE


Iron Maiden - Seventh Son of a Seventh Son
(1988) - heavy metal - Label : EMI



Après la sortie du surprenant Somewhere In Time, Iron Maiden avait été taxé de vendu, de commercial ou autres superlatifs dégradants… et pourtant, l’album a cartonné comme jamais aux Etats-Unis, passant pour la première fois la barre des deux millions d’exemplaires vendus là-bas. C’est donc forcément renforcé dans ses positions que Steve Harris décida de garder le cap pour enfanter ce qui restera ce que la Vierge de Fer a fait de plus ambitieux jusqu’ici, Seventh Son of a Seventh Son.

Car pour la première fois, les anglais décident de s’attaquer à l’épineux sujet du concept-album. Pour ce faire, il faut tout d’abord s’armer d’un thème, d’une histoire, d’un background… Ce sera le premier tome de l’œuvre fantastique d’Orson Scott Card, Les Chroniques d’Alvin le Faiseur : Le Septième Fils. Sans rentrer dans le détail, ce livre narre l’histoire d’Alvin, septième fils d’un septième fils, ce qui lui confère de nombreux pouvoirs, mais également certaines responsabilités. Devant ce pitoyable résumé digne de Spiderman, il est plus que temps de parler musique, vous en conviendrez. Comme d’accoutumée avec Iron Maiden, on débute le tout avec un petit opener bien speed pour se mettre la patate. Cette fois-ci, c’est "Moonchild" qui s’y colle, et quelle merveille ! Après un petit préambule à la guitare sèche sur laquelle Bruce Dickinson nous donne un petit aperçu des thèmes qui vont être développés sur l’album, on passe directement à une introduction jouée au synthé, histoire de faire un gros pied-de-nez aux détracteurs de Somewhere In Time, qui fait bien monter la sauce pour arriver sur un titre tout en finesse signé en grande partie Adrian Smith, encore lui. Dickinson se fait plus narratif et plus maléfique sur les couplets pour mieux déboucher sur un refrain jouissif et libérateur, des soli toujours irréprochables… Une foutue réussite !

Et autant le dire clairement : il en ira de même tout le long de l’album. Oui, au fait, on est en présence d’un chef d’œuvre, on ne vous l’avait pas dit ? Prenons par exemple les quatre singles dans l’ordre : "Can I Play With Madness", plus enlevée et joyeuse qu’à l’accoutumée, est un hit en puissance. "The Evil That Men Do" et "The Clairvoyant" sont du même tonneau, régulièrement reprises en live. "Infinite Dreams", quant à elle, est ce genre de titres un peu plus longs dans lesquels Maiden montre tout son savoir faire pour alterner les ambiances avec réussite, que ce soit au sein d'un album ou d’une même composition. Que peut-il bien nous rester après ça ? "The Prophecy" apporte une aération essentielle à l'équilibre du tout tandis que "Only The Good Die Young" referme l’album de manière fort honorable, avec toujours ce sens du refrain simple, mais imparable. Le tout est servi par une production bien meilleure que celle un peu trop brouillonne de Somewhere In Time, bien que les guitares ne soient pas autant mises en avant que sur Powerslave, claviers et atmosphère obligent. Dickinson s’étant déjà cassé la voix en tournée, il n’essaie plus de reproduire ses exploits passés et joue ici sur un registre plus émotionnel, plus grandiloquent, ce qui donne tout leur cachet à des titres comme "Moonchild" ou "The Prophecy".

Mais comment parler de Seventh Son Of A Seventh Son sans en évoquer sa fabuleuse chanson-titre ? Cette composition fleuve, recette dont Harris avait alors définitivement le secret est comme ses consœurs une réussite indiscutable. Avec ses vastes claviers, ses nombreux changements de rythme, son passage central épique ou autres tiroirs nombreux, bien difficile de trouve un moment pour s’ennuyer. La section dédiée aux soli est encore une fois la preuve du talent en la matière de Adrian Smith, celui-ci exécutant encore une fois un de ses fameux « soli parfaits ». Dave Murray est lui un poil plus répétitif. Ce titre a valu à l’album de nombreux qualificatifs, dont celui de « progressif ». L’est-il réellement ? Pas nécessairement plus que les autres. Que ce soit au niveau des structures, qui sans trop faire dans la sempiternelle alternance couplet-refrain ne se répandent pas non plus en complexes variations, ou des signatures rythmique, qui ne nagent pas dans l’asymétrie comme cela peut être le cas chez Rush ou certains titres du Floyd, on retrouve de nombreux éléments déjà rencontrés dans les précédents méfaits de Maiden. Non, l’évolution la plus notable se situe clairement au niveau de l’atmosphère. Avec sa title-track comme clé de voute, Seventh Son dégage irrémédiablement quelque chose de froid, de spacieux, de grandiloquent. L’album porte encore la patte mélodieuse d’Adrian Smith, pour notre plus grand plaisir, et cela donne au final un album complet, cohérent, magnifique, grandiose, époustouflant !


Celui-ci se termine d’ailleurs comme il avait commencé, par ce petit air de guitare sèche et de chant clair, comme pour boucler la boucle. Car après Seventh Son of a Seventh Son, rien ne sera plus jamais comme avant : Adrian Smith s’en ira former son groupe solo, Bruce Dickinson commencera lui aussi à regarder ailleurs et Iron Maiden ne retrouvera plus jamais le même niveau, même après la pourtant réussie reformation de 1999. Alors profitons pleinement de ce chef-d’œuvre, album que tout fan de metal, s’il fallait être réducteur, se doit de posséder.


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