CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Andy B. Franck
(chant)
-Torsten Ihlenfeld
(guitare)
-Milan Loncaric
(guitare)
-Andreas Mailänder
(basse)
-Dieter Bernert
(batterie)
TRACKLIST
1)Blind Suffering
2)Shadowland
3)Checkmate in Red
4)Hollow Hideaway
5)Weakness Sows Its Seeds
6)Into the Never
7)Under Lights
8)Cycles
9)Behind
10)Meet Me in the Dark
11)Strength of Will
DISCOGRAPHIE
Etonnant revirement de la part de Brainstorm pour ce nouvel album. Après un Ambiguity qui montrait d'intéressants signes d'ouverture, les Allemands font déjà machine arrière pour revenir à leurs premières amours : un bon gros power metal des familles, aussi massif qu'une armoire normande. Mais avec cette fois ce petit plus qui rend Metus Mortis beaucoup plus intéressant que leurs laborieux débuts, et qui confirme la montée en puissance de Brainstorm sur la scène heavy européenne.
Tous les éléments mis en œuvre sur ce Metus Mortis convergent vers un objectif unique : donner une impression de puissance maximale. Les pistes vocales sont en général démultipliées sur les refrains, la double pédale est de sortie sur quasiment tous les morceaux, et le son de guitare est bien gras. Parfois même un peu trop, comme sur "Meet Me in the Dark", un morceau basé sur un riff heavy d'obédience Priestienne, qui aurait gagné à sonner plus tranchant. Un pari pas très risqué donc, mais que Brainstorm remporte haut la main dès le premier titre, "Blind Suffering". Un riff de bûcheron, et surtout un refrain carré de chez carré sur fond de déferlement de double pédale. Ah c'est sûr, tout ça n'est pas particulièrement finaud, mais dans le genre, c'est complètement imparable. Quitte à taper dans des groupes sans ambition artistique autre que de refaire ce qui a déjà été fait dans le passé, autant choisir parmi ceux qui le font bien, et Brainstorm en fait indéniablement partie.
Fondamentalement, il faut bien avouer que les morceaux de Metus Mortis ne sont pas très différents les uns des autres. La structure couplet / pré-refrain / refrain fait force de loi, et les ficelles restent globalement les mêmes d'un morceau à l'autre. Malgré tout, Brainstorm parvient à sauver la face en maniant judicieusement les changements de tempo au sein de chaque titre, mais aussi en distillant quelques gimmicks à droite à gauche pour éviter de trop se répéter. Ainsi, le riff entraînant de "Hollow Hideaway" sort de l'alternative classique entre mid tempo pesant ou rythmique speed complètement débridée. De même, le refrain de "Weakness Sows Its Seeds" produit un bel effet de surprise : après la montée en puissance sur le pré-refrain, on s'attend à un refrain classique dans les aigus qui ne vient finalement pas, remplacé par une voix grave et sombre quasiment narrée, soutenue par quelques notes de piano. Assurément l'un des meilleurs titres de l'album.
Pour le reste, on a affaire à des titres ultra-classiques certes, mais aussi diablement efficaces, malgré une certaine baisse d'inspiration sur un dernier tiers qui pique un peu du nez. D'entrée, la doublette musclée "Blind Suffering" / "Shadowland" fait très mal : Brainstorm noie ses auditeurs sous des déluges de double pédale, et s'offre deux titres qui sont autant de classiques en live. Et que dire alors de "Into the Never", un titre qui sonne comme une charge infernale et qui respecte scrupuleusement le cahier des charges du bon vieux morceau de heavy allemand bien bourrin ? Voilà en tout cas un titre qui fait revivre, le temps de quelques instants, l'esprit très basique qui animait Brainstorm du temps de Unholy. Par contre, "Checkmate in Red" se situe plus dans la lignée d'Ambiguity, grâce à un refrain lent et majestueux, qui laisse une place importante aux claviers. Comme quoi, même en évoluant dans un style très balisé. Brainstorm a réussi à insuffler suffisamment de variété pour éviter de délivrer un album trop linéaire.
Si Metus Mortis aura sûrement du mal à convaincre au-delà de son cœur de cible, il n'en reste pas moins chaudement recommandable pour tout amateur de heavy qui se respecte. Truffé de titres costauds comme des portes de prison, à défaut d'être de vrais hymnes, cet album aura permis à Brainstorm de confirmer tous les espoirs placés en lui et se tailler enfin une place au soleil, notamment en Allemagne. De l'aveu même des membres du groupe, une des pierres angulaires de leur discographie, qu'il serait dommage de manquer.