Après avoir passé un début de décennie tout à fait catastrophique, les citrouilles ont enfin entrouvert la porte derrière laquelle se cachait la lumière. Assez pour effacer des erreurs monumentales et des doutes encore à fleur de peau? Bien sûr que non, puisque c'est le rôle de ce The Time of the Oath, à qui la tâche revient de confirmer tous les espoirs de renouveau placés dans ce line-up encore tout jeune.
Et c'est peu dire que les citrouilles y ont mis du coeur à l'ouvrage! Oubliées les intros symphoniques, à peine quelques sifflements histoire que l'anus de l'auditeur ait le temps de se dilater que voilà "We Burn" qui déboule, brulôt de heavy-speed mélodique dont Helloween en a lui-même instauré les codes : refrains fédérateurs, riffs accrocheurs en diable, twin-leads... Quelle claque! Et c'est signé? Weikath? Perdu, Deris! Pour ceux qui doutaient encore de la capacité de l'homme à oublier le hard FM, sautons directement en plage 6 si vous le voulez bien, pour un petit "Before the War" des familles. Là encore, c'est le carnage avec des lignes de chant rappelant un "Eagle Fly Free" dont la puissance aurait été multipliée par 4. Les grattes sont en feu et nous offrent encore une fois des soli classes tout autant qu'imparables. Andi Deris nous disions donc. Vocalement, son chant un poil écorché rajoute un côté cradingue autrement plus puissant que pouvait l'être celui de Kiske et les suraigus de ce dernier ne manquent finalement pas vraiment. La comparaison était certes prévisible mais bien nécessaire pour se décharger d'un poids qui trainait...
Et pour ne rien gâcher, Uli Kusch, l'autre nouveau venu, nous gratifie également de sa participation à la composition pour deux titres, dont "Wake Up the Mountain", mid-tempo qui fera inévitablement taper du pied chez soi ou sauter sur place en live, donc réussi! La basse, dans ce titre comme dans l'intégralité de l'album, joue d'ailleurs un rôle d'instrument à part entière plutôt que de simple soutien relégué au deuxième plan sonore. Cela permet d'amener certaines mélodies selon un autre angle et d'apporter un groove imparable. Preuve en est un passage central de "Mission Motherland" carrément funky dans lequel Markus fait étalage de ses capacités, notamment en slap, pour notre plus grand plaisir. Ce titre marque d'ailleurs le retour des morceaux fleuves chez les citrouilles et personne ne s'en plaindra, d'autant qu'il est signé Weikath! L'humour qui a contribué à forger la renommée des citrouilles est toujours de rigueur avec un "Anything My Mama Don't Like" aux paroles bien débiles, comme il se doit. A noter que les thêmes abordés sont plus ou moins les mêmes que ceux de l'ère Keeper.
Et même les quelques titres plus moyens en comparaison sont de qualité honorable et The Time of the Oath ne verse à aucun moment dans le mauvais où le dispensable. Les deux ballades, faute d'être des tubes intemporels, permettent une aération bienvenue dans un album finalement assez dense et long. La chanson titre qui clôt l'album permet de s'apercevoir de la présence d'un élément nouveau chez Helloween, si toutefois cela vous avait echappé pour le moment. Les citrouilles nous dévoilent ici une facette beaucoup plus sombre à laquelle un heavy speed d'accoutumée plutôt joyeux ne nous avait pas vraiment habitués. Les riffs sont lourds et la voix de Deris fait merveille dans un registre qui lui sied à la perfection. Les passages en twin-lead plus traditionnels ne se trouvent que bonifiés par cette dualité à explorer. Et retrospectivement, on se rendra compte en réécoutant l'album que certains passages bien lourds sont passés comme une lettre à la poste.
Ce Helloween fait donc bien mieux que confirmer les espérances placées en lui: il offre une troisième pierre angulaire à sa discographie tout en s'ouvrant de nouvelles pistes pour le futur. Quel bonheur d'entendre un groupe qui se fait plaisir, ce qui explique sûrement la qualité de The Time of the Oath. Pour immortaliser un succès retrouvé, un live sera enregistré lors de la tournée qui suivra, occasion d'écouter ce que donne tout ce beau monde, musique ou line-up, sur les planches avant d'écrire quelques nouvelles pages de l'histoire Helloween.