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CHRONIQUE PAR ...

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Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17.5/20

LINE UP

-Vitalij Kuprij
(claviers)

-George Bellas
(guitare)

-John Older
(basse)

-Jon Doman
(batterie)

TRACKLIST

1)Prologue
2)Destination
3)Extreme Measures
4)Depression
5)Chopin Etude #11 In A Minor Opus 25
6)Crying In The Shadows
7)Track On Fire
8)Chopin Etude #12 In C Minor Opus 25
9)Intrigue
10)L.V. Beethoven 32 Variations In C Minor
11)Epilogue-Improvisation On J.S. Bach

DISCOGRAPHIE


Kuprij, Vitalij - Extreme Measures



Vitalij Kuprij. Prononcez ce nom, et vous aurez trois sortes d’écho différents qui reviendront à vos oreilles. Le premier sera une moquerie facile, assortie d’un rire railleur, voire d’un doigt accusateur pointé sur vous, et on essaiera de vous prouver par de spécieux arguments que la virtuosité c’est nul, qu’il n’y a pas de feeling, que c’est de la démonstration stérile, qu’il massacre des pièces de classique et autres fadaises du même acabit. Et puis il y en a d’autres (la majorité), ceux qui vont ouvrir les yeux ronds et vous demander «qui ça ?».

Mais heureusement, il y a la troisième catégorie, celle des gens bien et de bonne famille, à la finesse de goût établie et pour qui le mot « shred » n’est pas qu’une insulte ou un terme péjoratif. Cette catégorie dont votre serviteur – et vous-même aussi, j’en suis sûr – fait bien évidemment partie. Mais laissons là ce stérile débat qui de toute façon ne fera changer personne d’avis, et prenons comme fait acquis que la virtuosité n’est pas uniquement le fait de gamins immatures qui confondent performances sportives et expression musicale, et parlons de ce second – et meilleur – album de Kuprij : Extreme Measures.

Déjà, petit coup de projecteur sur le line-up. Je ne vous ferais pas l’insulte de vous dire qui occupe le poste de claviériste, mais par contre il faut porter une attention toute particulière à celui qui est préposé à la douce et rapide caresse du manche de la six-cordes, j’ai nommé Georges Bellas, prodige méconnu à l’époque, succèdant à Greg Howe qui officiait sur High Definition. Car Kuprij, bien que seul maître à bord, possède (en plus de la virtuosité) un talent indéniable pour tirer le meilleur parti des six-cordistes avec qui il travaille. Si High Definition (avec Greg Howe, donc) possédait un sens du groove et une complexité structurelle qui correspondait à son guitariste, Extreme Measures se veut plus fluide mais surtout encore plus déluré.

Car George Bellas est de ces guitaristes qui sont capables de tricoter des plans incroyablement virtuoses avec une fluidité et une apparente facilité déconcertante. Et avec ce type de compère, Vitalij se donne à fond et pousse le bouchon plus loin qu’il ne l’avait fait (et plus loin qu’il ne le fera jamais). C’est bien simple, cet album est un véritable feu d’artifice de clavier et de guitare. Tantôt en duel, tantôt à l’unisson, parfois en question-réponse ou encore liés par une complicité évidente, les deux instruments entrent quasiment en résonance et une fois réunis sont bien plus que la somme des parties. C’est là le secret de ce Extreme Measures, une vraie alchimie entre deux musiciens comme on n'en connaît que bien peu.

Les titres les plus intéressants sont sans conteste ceux où la paire Kuprij/Bellas se donne à fond, à savoir les titres qu’on qualifiera de « métal », à distinguer des titres purement classiques sur lesquels nous reviendrons. Ces titres donc, accompagnés de John Onder (basse) et de John Doman (batterie), sont les plus séduisants de la galette. La folie de "Track On Fire", les longues progressions harmoniques de "Extreme Measures", les duels guitare/clavier de "Destination" ou la très heavy "Intrigue" : autant de feux d’artifices où les guitares s’envolent, où les claviers hurlent et où les jeux toujours virtuoses des musiciens s’accompagnent de réelles progressions harmoniques. Car loin de se contenter de plaquer de façon académique des plans en sweep ou autre tapping, Kuprij sait réellement construire un titre, créer des thèmes, réserver des moments plus posés et mélodiques et surtout – surtout – rendre sa virtuosité musicale.

Au menu, Kuprij nous réserve aussi des pièces purement classiques, exécutées au piano. Les amateurs du genre apprécieront, les autres passeront à la plage d’après. Bien que plutôt dispensables, ces titres ont le mérite d’aérer un album qui sans cela serait trop intense. On ne jugera pas l’interprétation des œuvres (en l’occurrence Chopin et Beethoven), les auditeurs de Kuprij n’étant certes pas tous des mélomanes férus de musique classique avant tout (encore que…). Les autres titres, hormis une sympathique introduction en ouverture d’album, font un peu office de baisse de régime, à savoir "Depression" qui délaisse les harmonies néo-classiques pour se rapprocher – avec une certaine réussite - des sonorités plus progressives développées sur High Definition, mais aussi "Crying In The Shadows" et son thème lent et répétitif, tentative vaguement ratée d’instaurer une ambiance plus douce dans ce déchaînement de gammes.

Enfin, l’album s’achève avec "Epilogue – Improvisation On A Theme By J.S Bach" (à savoir une Fantaisie Chromatique), un titre osé où Vitalij est seul avec son clavier en son lead pour broder sur un thème de Bach : tout à fait le genre d’exercice qui donne du grain à moudre aux détracteurs du bonhomme mais qui, pour celui qui sait l’écouter sans forcément se réclamer du thème original – et se comporter comme trop souvent en intégriste dès qu’on ose toucher à la musique classique - se veut une démonstration indéniablement moins intéressante que le reste de l’album mais qui le clôt de manière magistrale, Kuprij assumant pour le meilleur à 150% son côté « shredder de l’enfer sans concession ».


« Trop de notes, mon cher Mozart », se plaignait Joseph II à une répétition de L'Enlèvement au Sérail. Ce à quoi l’amateur de shred actuel répondrait sans hésiter « ouais, et alors ? ». Car n’en déplaise à cet Empereur, ça n’est pas le nombre de notes qui compte (ni la taille de sa virilité, hein), mais l’usage qu’on en fait. Et ici, Kuprij fait avec brio usage de beaucoup de notes, trop pour certaines âmes sensibles qui refusent de croire que le feeling et le sweeping peuvent aller de pair. Pardonnons-leur : ils ne savent pas ce qu’ils ratent.


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