Il pleut quotidiennement sur le nord depuis un mois environ. Le moral commence à être affecté, si tant est que l’on soit sensible aux changements climatiques. L’ambiance est donc propice à se rendre à un concert. Du doom mélancolique siérait à merveille à la météo. Pourtant, c’est à un tout autre style que je vais être confronté.
Samedi 12 octobre, c’est Ultra Vomit qui se rendait dans notre région, plus précisément au Métaphone, salle sise à Oignies, en plein bassin minier. La date, rapidement sold-out, me rappelait que je n’avais jamais croisé la route de ce groupe, qui ne cesse de grossir.
Etde multiples questions de surgir…Qu’attendre d’une formation qui a fait de l’humour et de la parodie son cheval de bataille ? L’ambiance ne serait-elle pas trop beauf metal pour moi ? Et que donneront les titres du dernier album en live, album qui ne m’a pas du tout conquis ? Avant d’avoir des réponses à ces interrogations, il me faudra découvrir les premières parties. Enfin, la première partie, pour être plus précis. En effet, arrivé sur les lieux à 21h00, j’ai manqué le concert des Boulonnais de TRoNcKH. Je me retrouve ainsi quelques minutes devant Warfield. Autant le dire tout de suite, je n’ai pas été subjugué par le metal moderne délivré par les Réunionnais. Avec leur death thrash moderne et mélodique, mais manquant cruellement d’originalité et d’énergie, ils ne m’ont pas donné envie d’approfondir mes connaissances les concernant. Notons cependant que certaines personnes semblaient apprécier leur prestation.
Un petit tour devant le stand merch, tenu entre autres par Andreas, le cinquième membre de la troupe, et c’est déjà l’heure du plat de résistance. La musique du générique de Fort Boyard annonce l’arrivée sur scène du quartet. Et ensuite… déferlante de musique puissante et maitrisée. Première remarque, le son est d’excellente qualité. Il permet au groupe de donner au public une version live de leurs titres très réussie. Les Nantais piochent essentiellement dans leurs deux derniers albums, ceux-là même qui leur ont permis d’obtenir un statut de superstars. En effet, Ultra Vomit fait désormais partie des formations françaises les plus connues et son audience ne cesse de croitre. Ils sont même parvenus à remplir l’Olympia.
Alors oui, l’on croise des gens d’univers assez différents dans la salle. Mais l’ambiance est bonne enfant. Le public est venu pour faire la fête aux sonorités des classiques : "Les bonnes manières" et son hardcore engagé pour la bienséance que n’aurait pas renié Mathilde de Rothschild, le black metal culinaire de "Maité Ravendark", avec un portrait de la cuisinière grimée façon Abbath en fond, ou encore "Quand j’étais petit", qui rappelle que Lemmy nous a quitté il y a déjà de nombreux mois… Les morceaux issus du dernier disque prennent une autre ampleur et deviennent vraiment appréciables, comme "Kammthaar" ou Jésus avec apparition du messie et de sa croix. Les refrains sont repris en chœur, sous les regards amusés et éberlués des agents de sécurité. Le pit bouge et montre son contentement. Les slams sont très (trop) nombreux. Et sur scène, les sourires semblent indiquer que le groupe est également heureux d’être là. S’ensuivent des monuments de la chanson française, avec une chenille endiablée sur "La Ch’nille", "Une Souris Verte" et un "Mechanical Chiwawa" qui évoque ce monstre de finesse qu’était le fils de Françoise Dolto. Sans oublier la minute et quelques secondes en hommage au président décédé fin septembre. Le tout s’achèvera par l’heavy "Evier Metal". La kermesse a donc tenue ses promesses. Les musiciens connaissent leur répertoire sur le bout des doigts et ont su générer une atmosphère excellente. Le bal, costumé pour certains, notamment un canard qui aura du mal à se remettre d’un stage diving, touche à sa fin. L’envie de prolonger ce moment de rigolade pousse une partie de l’assistance à se lancer de nouveau dans une chenille alors que le groupe a déjà quitté les planches pour retrouver, en toute simplicité ses fans derrière le stand merch.
Le bilan de la soirée est finalement extrêmement positif. Malgré la renommée de Fetus, Manard et leurs amis, Ultra Vomit a su proposer un concert aussi appliqué que décalé. Si l’on est capable de mettre son sérieux au vestiaire, chose parfois difficile pour les amateurs de metal, un concert comme celui auquel je viens d’assister peut s’avérer une excellente thérapie contre la grisaille et la mauvaise humeur. Merci donc à l’équipe du 9 9 Bis de m’avoir permis d’en être. Mais déjà, il est temps de regagner ses pénates.
Tiens, dehors, il pleut…