CHRONIQUE PAR ...
S1phonique
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
19/20
LINE UP
-Morean
(chant+guitare)
-Christian Münzner
(guitare)
-Danny Tunker
(guitare)
-Linus Klausenitzer
(basse)
-Hannes Grossmann
(batterie)
TRACKLIST
1) Carbon Phrases
2) From a Hadron Machinist
3) Cthulhu
4) Alter Magnitudes
5) Orgonism
6) Dyson Sphere I. Mining the Oorth Cloud
7) Dyson Sphere II. Assembly
8) Dyson Sphere III. Kardashev II.I -The God Oven
9) Dyson Sphere IV. Sol Omega
10) The Malkuth Grimoire
11) C-Value Enigma
12) Funeral For a Continent
DISCOGRAPHIE
Peut-on raisonnablement croire qu'à la simple lecture du news annonçant la création d'un groupe et un appel de fonds pour réaliser un album puisse, dès le départ, faire penser que le résultat sera incroyable ? C'est le cas d'Alkaloid et de son album The Malkuth Grimoire. De toutes façons, l'album est encore mieux que ce qu'on aurait pu en penser. Un super groupe est né à partir du concept pré-mâché de super groupe.
Obscura, Spawn of Possession, Necrophagis, Aborted, et même Noneuclid... L'énumération de ces groupes donne déjà le sourire et vaut pratiquement préliminaire de plaisir musical intense. Alors, lorsque les membres de pareilles équipes s'associent... Mais on ne parlera pas de super groupe car en général, on a l'impression que l'album digéré par la réunion des talents n'est finalement qu'une bouse infâme. Parlons plutôt de super musiciens qui ont déjà fait leurs preuves dans divers registres : virtuosité, mais aussi compositions, mélodies, orchestrations, arrangements etc... Tous les secteurs de jeu semblent maîtrisés pour ces « galactics » musicaux. Ensuite, la grande équipe se mesure aussi au résultat, à sa cohésion, au beau jeu : cette alchimie révélée - impossible à acheter ou à fabriquer - c'est la muse qui pique et qui sublime le travail concerté. L'intelligence de groupe et l'inspiration commune magnifient le résultat.
La durée : 1 h 14. C'est une autre variable. Pratiquement un double album, avec ses compositions s'étalant d'un peu moins de trois minutes à plus de douze, et le tout pour douze plages proposées. La dernière variable, le concept de l'album : le fameux « Malkuth et son livre récap' ». Allons y franco en disant qu'Alkaloid s'est tronché largement les concepts de la Kabbale. Mais qui est ce Malkuth enfin ? Et bien humblement à titre d'explication, on peut le comprendre comme le réceptacle de toutes les influences. Ce dixième Sephiroth (en résumé, les facteurs interagissant dans l'Homme et l'Univers), nous laisse envisager le contenu du présent opus : ça va déménager par une consolidation de tous leurs savoirs et savoirs-faire en un composé du quasi Universel, de l'Essentiel, etc... On aurait pu appeler ça « les midi-chloriens et la force des Jedi » qu'on aurait saisi également le sens. Alors... Des supers talents ? Un quasi double album ? Un concept bien trempé ?... Les ingrédients de l'album notable sont tous présent. Que vaut finalement le contenu ?
Et bien, on commence par un morceau de plus de neuf minutes : le point de départ, l'origine, "Carbon Phrases". Et voilà, c'est parti pour la joie : les premiers arpèges, promptement accompagnés par une rythmique généreuse et rapide, ouvrent l'album énergiquement, de multiples vocaux rehaussent le genre pour embrayer enfin sur de la disto et du chant growlé et compréhensible. C'est énergique mais pas forcément joyeux, et on ne se surprend même pas à se dire « putain c'est du bon », tellement l'évidence est présente. Densité. Richesse. Profondeur. Puissance. Le morceau fini à peine qu'on commence à voir apparaître ces idées au commencement de "From a Hadron Machinist". On repart sur les mêmes inspirations du début, avec un renforcement de la partie death, plutôt obscurienne dans ces plus belles pièces. Et comme il faudrait trois chroniques pour passer en revue toutes les plages, on se contentera d'encenser le Grimoire de Malkuth. Pour une fois, les supers musiciens ont sorti des supers compos avec un super concept sur un super album.
Et même si celui ci peut repousser par sa longueur ou donner des appréhensions de par son concept, tout n'est que cohésion, mélodie, progressivité, densité, créativité, et tout autre superlatif dont la décence censure l'infinie liste. Isolée ou en continu, chaque composition est un « single » en soit. S'il fallait donner un exemple, "Orgonism" pourrait presque résumer toute la richesse de l'album. Mais on ne résume pas le travail à un seul titre. Des chansons comme "Cthulhu" (le refrain en phonétique : « QUETOULOUUUU! ») ou "The Malkuth Grimoire", sont de véritables bombes death puisant dans les fondations du genre avec une modernité marquée à la double, aux riffs et à son écriture Enfin, la suite "Dyson Sphere" découpée en quatre temps, propose un bloc d'une densité incroyable, passant en revue absolument tout ce que le genre propose, mais en version master-class. C'est bien simple, Alkaloid dilue peu à peu toutes ses molécules vitales à l'auditeur : de l'atropine à la caféine, en passant par la morphine, bref tous les trucs en 'ine' si délicieux en dose raisonnable et si toxiques en déraison.
Incroyable ! Franchement, ce que viennent de pondre ces totos là est une référence. Les années parleront, mais à ce jour il est l'album de l'année et une référence du death technique progressif. Aucun doute à avoir à l'achat et à l'écoute. Au pire (si ce mot à sa place dans cette chronique), chacun peut se faire une version best-of de la playlist est mettant de coté les pistes plaisant moins.