« Cliché (nom masculin) : lieu commun, banalité qu'on redit souvent et dans les mêmes termes ; poncif ». Cette définition, peu flatteuse il est vrai, peut parfaitement s’appliquer à bon nombre de groupes de metal, quelque soit le style pratiqué. Il s’applique notamment très bien à bon nombre de formations officiant dans le registre du melodeath. Quand le deuxième mot qui vient à l’esprit est « prétentieux », on se dit que ça ne sent pas très bon quand même…
Le fan de death mélodique à la « suédoise » est un individu étonnant. Amateur d’un style musical usé jusqu’à la corde, il idolâtre toujours vingt ans après la plupart des pionniers du genre, et parvient régulièrement à dénicher quelques nouveaux groupes, auteurs de temps en temps d’un ou plusieurs bons voire excellents disques. Parmi ceux-là, Scar Symmetry, auteur au milieu des années 2000 de l’excellent Pitch Black Progress et de son successeur Holographic Universe. Usant d’une formule pourtant entendue et pour le moins indigeste lorsque mal utilisée, celle de l’alternance growl méchant agrougrou / chant clair aigu tout gentil, les Suédois avaient réussi à en faire quelque chose de bien le temps de deux albums, grâce à des compositions très accrocheuses, dotées notamment de soli de guitare au-dessus du lot, avant de perdre la recette. Sur ce nouvel opus, exit Jonas Kjellgren qui laisse son compatriote Per Nilsson seul maître à bord en terme de composition. Et ce dernier semble vouloir donner une orientation plus « progressive » à la musique du groupe. Comprenez malheureusement par là « morceaux plus longs et plus chiants ».
En effet, on se rend rapidement compte que le bonhomme a voulu voir les choses en grand puisque cet album serait le premier d’une trilogie, basée sur une histoire de science-fiction à base d’humanité, de machines, et sans doute de plein d’autres trucs super. Alors sans doute que le concept est très bon, les paroles super chiadées, mais si la musique ne suit pas, au final, on s’en fout un peu… Après une introduction portée par le chant agréable, il faut le reconnaître, de Lars Palmqvist, débarque le premier vrai morceau. Mais "Neohuman" va d’emblée démoraliser l’auditeur fidèle et pourtant averti. La faute à quoi ? À un enchaînement de couplets en chant clair et hurlé, de parties instrumentales très répétitives, et de changements de rythmes et d’ambiances incessants qui rendent le titre totalement hétérogène. Il en paraît interminable, tant les différentes phases se suivent sans réellement s’enchaîner, créant l’ennui très rapidement. L’impression que rien n’est indispensable à ce qui précède ou à ce qui suit, et que rien ne justifie que le tout dure près de neuf longues minutes. Musicalement, ça tient pas trop mal la route quand même, mais ça semble terriblement vain. Et le growl bien mal utilisé, sinon mal maîtrisé, de Roberth Karlsson vient renforcer ce sentiment. Per Nilsson essaie bien de redonner de l’intérêt à l’ensemble en lançant une série de soli plutôt bons sur la fin, mais le mal est fait.
Et rien dans la suite du disque ne viendra faire disparaître cette sensation désagréable de superposition de plans mal cohérents, de lignes de chants tellement prévisibles qu’elles en deviennent presque pénibles, le tout au profit de pistes décidément bien trop longues. Il y a quand même certains passages très mélodiques dignes d’intérêt, où le talent que l’on connaissait au groupe sur les albums cités plus haut ressurgit, mais ils sont systématiquement noyés dans des structures bien trop alambiquées, qui donnent l’impression que le compositeur lui-même s’est perdu en les écrivant. Quelques moments agréables sur "Limits To Infinity"," The Spiral Timeshift" ou "Cryonic Harvest", forcément gâchés dans les secondes qui suivent. Sans parler d’une ambition voire d’une prétention assez gênantes, via par exemple l’insupportable narration à la fin de "Cryonic Harvest" ou l’inutile instrumental "Children of the Integrated Circuit". Et je vous passe le mastodonte final "Technocalyptic Cybergeddon" (titre bien pompeux au demeurant), qui dure plus de dix minutes et qui rassemble à lui seul tous les défauts décrits dans cette chronique…
Que peut-on donc retenir de ce qui ressemble à une épreuve, même pour le fan hardcore de death mélodique? Que Scar Symmetry devrait s’orienter vers le power metal, puisque les suédois gardent un sens de la mélodie poussé, et que seuls le chant heavy de Lars Palmqvist et quelques lignes et soli de guitare ressortent du marasme général. Et qu’il faut absolument qu’ils changent leur recette de « melodeath progressif avec alternance growl/chant clair à tiroirs à rallonge conceptuel fantastico-machin » parce que c’est franchement raté !