CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Marty Friedman
(guitare)
-Jeremy Colson
(batterie)
+ guests
TRACKLIST
1) Inferno
2) Resin
3) Wicked panacea (feat. Rodrigo y Ganriela)
4) Steriodhead (feat. Keshav Dhar)
5) I can't relax (feat. Danko Jones)
6) Meat hook (feat/ Jorgen Munkeby)
7) Hyper doom
8) Sociopaths (feat. David Davidson)
9) Lycanthrope (feat. Alexi Laiho & Danko Jones)
10) Undertow (feat. Gregg Bissonette & Tony Franklin)
11) Horrors (co-written by Jason Becker)
12) Inferno (Reprise)
DISCOGRAPHIE
Il n'est certainement plus nécessaire, de nos jours, de présenter Marty Friedman, sans doute l'un des guitaristes du monde du metal les plus connus et les plus respectés. Et ce, principalement, pour deux choses : sa participation à l'âge d'or de Megadeth et sa collaboration avec la légende Jason Becker via le délirant projet Cacophony à la fin des années 80. Et on peut, bien sur, rajouter une troisième raison : son jeu classieux éclabousse de son élégance la grosse majorité des guitaristes de metal et autres shredders.
Alors quand le monsieur sort un album solo, il faut au moins, pour qui prétend aimer la guitare virtuose, y poser une oreille. Surtout que là, contrairement à ses deux très bons opus précédents, qui se nourrissaient de morceaux populaires Japonais (les 2 Tokyo Jukebox), nous avons droit à du matériel écrit par Marty Friedman lui-même, et qu'il a pris le parti d'être accompagné d'une sélection d'invités sur une grande partie des chansons, dont nous reparlerons. L'album commence vite et fort avec un burner bien barré comme on les aime : gros riffs metal, des notes partout et on balance la sauce durant presque six minutes. Moins thrash que ce que peut proposer Jeff Loomis, par exemple, mais pas loin : l'énergie et les lignes mélodiques font parfaitement bon ménage également sur "Resin", alternant passages furieux et riffs lourds. Deux openers efficaces, puissants mais somme toute plutôt conventionnels : ne faut-il s'attendre à rien de plus ambitieux sur le reste de la galette ? Eh bien, c'est là que les guest entrent en jeu.
Avec pour commencer Rodriguo & Gabriela qui apportent, sans surprise, une couleur un peu espagnole sur "Wicked Panacea" avec guitares acoustiques et sonorités ibériques. Et tout cela, agrémenté des riffs et solos du père Friedman, commence à prendre une belle classe. Parmi les autres invités un peu détonnant, on remarquera tout de suite Jørgen Munkeby, frontman et saxophoniste de Shining qui se lance avec Marty dans des duels enflammés cuivre versus cordes. Ce côté free-jazz barré mâtiné de gros riffs shred a au moins le mérite d'être sacrément original et de sortir des sentiers battus. Sans parler non plus d’expérimental, "Meat Hook" est assurément le titre le plus barré de la galette. On passera plus rapidement sur les apparitions de Danko Jones (son chant transformant l'exercice en titre plutôt banal de heavy-metal), David Davidson (gratteux de Revocation) ou encore Alexi Laiho (Children Of Bodom) dont la présence sur ce disque n'en fera pas un argument imparable.
Par contre, la participation de Jason Becker en tant que co-auteur du titre "Horrors" est bien plus réjouissante. Vous le savez surement, Jason Becker est un peu à la guitare ce que Stephen Hawking est à la science : un génie frappé jeune par une terrible maladie l'empêchant complètement de jouer (alors que Hawking, bon an mal an, peut toujours faire un peu de science). Si Jason ne joue donc pas, il a participé à l'écriture du titre, et cela se ressent : dès les premiers arpèges, on se croirait revenu au temps de Cacophony et sa folie furieuse délirante. Et durant presque sept minutes se succéderont changements de rythme, de mélodie, cassures, accélérations et bien sur leads monstrueux. Seul évident regret : on aurait bien sur adoré entendre Jason nous sortir ses arpèges démoniaques dont il avait le secret... Mais plus qu'un hommage, ce titre est comme un léger aperçu de ce qu'aurait pu être Cacophony si le malheur ne l'avait pas frappé– et rien que pour ça, on ne peut que l'apprécier.
Certes, Inferno est inégal. La présence de tous ces invités aurait dû rendre le disque peut être plus varié, plus osé, en tous les cas sur certains morceaux bien trop convenus. Mais les quelques titres qui sortent du lot le font de fort belle manière. S'il n'est pas le maître incontesté des guitaristes de metal, il n'y a aucun doute que Marty Friedman reste dans le peloton de tête, et pas uniquement à cause de ses exploits passés : la flamme est toujours là. Par contre, va falloir l'alimenter avec un peu mieux que Danko Jones ou Alexi Laiho...