CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Marty Friedman
(guitare)
-Jeremy Colson
(batterie)
TRACKLIST
Tokyo Jukebox 2
1) Yeah! Meccha Holiday
2) Nada Sousou
3) Ai Takatta
4) Ame No Bojo ~ Funa Uta
5) Toire No Kamisama
6) Canon A La Koto
7) I Love You
8) Sunao Ninaretara
9) Butterfly
10) Beautiful Days
11) Little Braver
12) Mata Kimi Ni Koishi Teru
13) Sukiyaki
Bad D.N.A
1) Specimen
2) Bad D.N.A
3) Weapons Of Ecstacy
4) Hatejoke
5) Glorious Accident
6) Random Star
7) Picture
8) Battle Scars
9) School Spirit Delinquent
10) Exorcism Parade
11) Time To Say Goodbye
DISCOGRAPHIE
Vous aviez aimé Tokyo Jukebox de Marty Friedman ? Eh bien réjouissez-vous, car il remet le couvert avec le logiquement intitulé Tokyo Jukebox 2, qui reprend le même concept, à savoir des morceaux de musiques Japonaises repris à la sauce guitar-hero, et pas n’importe quel guitar-hero, bien sûr, mais l’un des plus respecté sur cette planète. Et ça n’est pas tout : Verycords nous fait en plus le plaisir de proposer un double CD où, outre ce Tokyo Jukebox 2, on trouvera Bad D.N.A, album que Marty a proposé en 2010 au Japon et qui parvient enfin chez nous. Quand on dit que l’occident a dix ans de retard sur le Japon…
Ce sont donc 70 grosses minutes de guitare instrumentale que vous pourrez bientôt écouter sur ce double CD généreux et rempli de la classe internationale de l’ancien soliste de Megadeth, avec deux approches certes différentes mais finalement liées toutes les deux par l’amour que porte Marty au Japon. Bien évidemment, c’est sur Tokyo Jukebox 2 que cette passion ressort le plus fortement, avec encore une fois ce mélange d’écriture j-pop et de sonorité metal, alternant comme dans toute musique japonaise entre ce côté innocent, sautillant et naïf et une facette plus rentre-dedans, avec grosses guitares et riffs épileptiques. Assurément, les allergiques au côté fou-fou des Japonais en seront pour leurs frais, tant Marty est parvenu comme sur le premier volume à reprendre les caractéristiques de l’approche musicale de la variété Japonaise en la retravaillant à sa sauce. On s’attendrait parfois à ce que certains titres soient réutilisés en support musical d’un jeu vidéo ou d’un animé ("Aitakatta", "Nada Sousou" ou "Sunao Ni Naretara" et son rythme pop). Si Marty se montre parfois résolument métal dans son approche (l’excellent "Yeah! Meccha Holiday", "Ame No Bojo / Funauta") il n’oublie pas de reprendre dans ses ingrédients une pop plus traditionnelle (le dansant "Butterfly" ou le plus aérien "Sunao Ni Naretara") et bien évidemment ce côté sucré et coloré si caractéristique du Japon ("I Love You", "Mata Kimi Ni Koishi Teru").
Le titre symbolisant parfaitement cette rencontre entre culture nipponne et occidentale reste l’interlude "Canon A La Koto" où Marty trouve le moyen de mêler les sonorités traditionnelles Japonaises (sans doute un shamisen, sorte de guitare à trois cordes) avec une guitare saturée pour une étonnante relecture du thème du Canon de Pachelbel. Le tout est étrange mais réussi, et représente finalement toute l’approche de Marty Friedman sur ce Tokyo Jukebox 2. Si la surprise provoquée il y a 3 ans lors de la sortie du premier volume n’est plus vraiment présente, il n’est pas question pour autant de bouder cette exercice renouvelé avec talent, qui ravira une fois encore les auditeurs ouverts aux sonorités pop du pays du Soleil Levant. Penchons-nous maintenant un peu sur Bad D.N.A, le second CD proposé par Verycords qui, on l’a dit, est donc un album solo plus traditionnel dans l’approche sorti au Japon en 2010. Plus traditionnel, certes, mais Marty est tellement imprégné de culture Japonaise que bien évidemment, celle-ci ressort dans ses propres compositions, que ça soit en proposant des rythmes là aussi légèrement pop hystérique ("Specimen", "School Spirit Delinquent", "Battle Scars" ou le presque indus "Exorcism Parade") ou des choses plus métal ("Hatejoke", "Glorious Accident").
De façon surprenante, outre l’influence nipponne, Bad D.N.A transpire une ambiance presque indus avec une batterie très binaire, manquant parfois de subtilité et donnant une atmosphère techno/pop à l’ensemble. Marty multiplie les sonorités électroniques rappelant parfois le monde du jeu vidéo ("Bad DNA" ou "Time To Say Goodbye", aux mélodies si caractéristiques d’un épilogue de jeu ou encore "Weapons Of Ectasy" qui fait immanquablement penser aux musiques de… Street Of Rage 2 sur Megadrive, contribuant à alimenter ce petit côté retro-désuet souvent associé à la culture populaire Japonaise). Du coup, on pourrait presque dire que le grand absent de ce CD, c’est Marty lui-même. Certes, sa patte est partout, mais les prouesses guitaristiques, qui sont finalement ce qu’attendent de lui la majorité des fans, sont relativement rares : de beaux solos ("Weapons Of Ectasy", "Specimen") et bien sur ce toucher inimitable de Marty qui ressort sur les titres plus calmes (la jolie "Random Star", "Picture"), mais on sent bien que Marty écrit avant tout pour se faire plaisir et moins pour en mettre plein la vue des fans, qui savent bien qu’il n’a plus rien à prouver à personne. Pour autant – et c’est bien la marque des grands – chaque note, chaque phrase de ce CD est pétri de la classe de Marty qui transforme un simple bend en expression de son talent.
Alors, à la fois curiosité et album de guitar-hero, ce double CD rassemblera sans doute les fans ayant une tolérance naturelle aux sonorités de la j-pop et ceux qui depuis longtemps suivent la carrière de Marty. Il y a toutefois gros à parier que tout le monde n’accrochera pas à ce qui est maintenant l’univers personnel de Marty Friedman, loin du thrash technique proposant 60 riffs par minute de l’âge d’or de Megadeth.