CHRONIQUE PAR ...
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Bart Smits
(chant)
-René Rutten
(guitare+thérémine+didgeridoo)
-Jelmer Wiersma
(guitare)
-Frank Boeijen
(claviers)
-Hugo Prinsen Geerligs
(basse+flûte+triangle)
-Hans Rutten
(batterie)
Ont participé à l'album :
-Marike Groot
(chant)
-Henk van Koeverden
(claviers)
TRACKLIST
1) The Mirror Waters
2) Subzero
3) In Sickness and Health
4) King for a Day
5) Second Sunrise
6) Stonegarden
7) Always…
8) Gaya's Dream
DISCOGRAPHIE
1992. Le petit monde de l'underground retient son souffle. Intrigués par le mélange inouï – au premier sens du terme – qui les avait séduits sur la démo Moonlight Archer sortie l'année précédente, les quelques privilégiés ayant eu accès à cet effort prometteur attendent de pied ferme le premier album de leurs auteurs, un sextuor de jeunes Néerlandais d'à peine vingt ans chacun. Leur formation s'appelle The Gathering.
Voilà une assemblée qui détonne dans des contrées métalliques alors sévèrement fouettées par la tempête grunge. Non seulement les Bataves ont opté pour un nom n'ayant que peu de rapport avec les intitulés anxiogènes dont s'affublent la plupart de leurs confrères – comme en témoignent leurs compatriotes Gorefest, Asphyx et Pestilence – mais en outre ces outlaws juvéniles évoluent sur scène en jeans et pulls rayés, pas précisément la panoplie du parfait homo metallicus défini par Manowar. Et pourtant, du metal, il en est indubitablement question sur Always... Mais quelles sortes de mélopées peuvent bien s'échapper des amplis de ces drôles de zigues ?
Le savant breuvage servi sur cet opus paru chez Foundation 2000, un confidentiel label local, est quasi inédit à l'aube des années 90. Certes, quelques combos aventureux, voire franchement inconscients comme Celtic Frost, Paradise Lost ou encore Nocturnus avaient déjà incorporé des parties de synthétiseurs dans leur metal extrême. Mais jamais dans des proportions aussi avantageuses que The Gathering. Car ici, le Korg de Frank Boeijen fait jeu égal avec les guitares de René Rutten et Jelmer Wiersma, initie tous les morceaux et permet à son titulaire de s'offrir quelques parties de bravoure, comme la tourbillonnante introduction de "Subzero".
Or, loin du gloubi-boulga indigeste qu'une telle recette pourrait faire craindre, les Néerlandais réussissent la miraculeuse alchimie : magnifié par des compositions sur lesquelles éclate leur talent précoce, le mélange de guitares et de voix typiquement death metal avec ce clavier omniprésent offre un cocktail où l'épique le dispute à la mélancolie, transportant l'auditeur dans un monde déroutant et beau. Mais ce n'est pas tout : en demandant à l'ex-punkette Marike Groot de poser ses vocalises éthérées sur quelques titres – dont "King for a Day", l'acmé de l'album – le collectif va tout simplement inventer le death atmosphérique avec voix féminine, un genre appelé à faire florès.
Si l'on exclut une dernière piste un peu moins transcendante ainsi qu' une production mal équilibrée – ce dernier défaut étant en grande partie rectifié sur les deux rééditions sorties en 1994 et 1999 - Always... constitue une réjouissante réussite. Il consacre un groupe pionnier dans l'histoire du metal sur lequel beaucoup d'espoirs sont désormais fondés. Celui-ci parviendra-t-il à réitérer pareil exploit ? Non, évidemment. Mais il fera bien plus.