Pour faire patienter avant la sortie d'A Sound Relief, retraçant le dernier live semi-acoustique de la tournée Sleepy Buildings, prévue mi-octobre, Century Media et The Gathering se sont bizarrement mis d'accord sur la sortie de ce nouveau disque, double disque plutôt, intitulé Accessories: Rarities And B-Sides. Bizarrement, parce que connaissant les différends qui ont opposé le label et le groupe hollandais (souvenez-vous de la mésaventure In Motion), cette sortie sonne plutôt faux. Sortie officielle et approuvée par le groupe, oui ou non? Rien ne nous laisse penser par la négative, tant ce disque est soigné, du packaging somptueux (livret et artwork gracieux) jusqu'au tracklisting, qui, s'il ne laisse que très peu la place aux inédits (deux morceaux instrumentaux, "Diamond Box" et "Hjelmar's", sur vingt-sept pistes au total), propose tout de même du matériel de qualité supérieure.
A l'initiative du label, le groupe a recoupé pas mal d'éléments de sa discographie, pour proposer, sur ce double album, un recueil des faces B figurant sur les différents singles sortis sur Century Media (point de Souvenirs à l'horizon, donc) et de raretés, démos et autres morceaux inédits jamais proposés au public. Accessories est donc un retour sur les belles années plus heavy du groupe (période Mandylion/Nighttime Birds) ainsi que sur l'inégalé How To Measure A Planet?. Première constation, alors que l'on aurait pu s'attendre au contraire: le son est, sur la plupart des morceaux, d'une qualité exemplaire. Pas un grain ne vient tâcher les morceaux live, les démos enregistrées par Eroc (musicien reconnu dans les années 70), remastérisées cet été, sont lumineuses au possible. Que dire de "Leaves" et de "Strange Machines", tirées de Mandylion, jouées avec un orchestre, si ce n'est que ces versions transcendent presque les originales? C'est dans ces conditions que l'on remarque que ces morceaux, aussi oldy soient-ils, n'ont pas pris une ride.
Accessories devrait être acheté aussi pour ses reprises, même si elles sont au nombre ridicule de trois: une reprise, fantastique au demeurant, du sublime morceau de Slowdive, "When The Sun Hits", figurant sur leur album Souvlaki (1995), une de Dead Can Dance ("In Power We Entrust The Love Advocated", particulièrement réussie) et une de Talk Talk ("Life Is What You Make It"). Pour revenir à la reprise de Slowdive, la version des Hollandais dépasse de très loin l'originale, en accordant une plus grande place aux claviers atmosphériques et aux guitares lancinantes de René Rutten, donnant une tonalité plus mélancolique et enlevée que le morceau originel. Un conseil: écoutez bien ce morceau, qui va certainement préfigurer le nouvel album de The Gathering, où Slowdive est une influence avouée comme majeure. Anneke y accomplit un travail de toute beauté, tout comme sur la reprise de Dead Can Dance, magnifique.
Sur le second CD, figurent des versions démo, enregistrées par Eroc une nouvelle fois, de morceaux figurant sur Nighttime Birds et How To Measure A Planet?. Leur qualité est ici inférieure à celles affichées sur le premier CD et n'apportent que peu de choses, sauf quelques variations de tonalité et de rythme bien senties sur "My Electricity" ou encore "Red Is A Slow Colour". On y retrouve également deux instrumentaux qui n'ont pas encore été édités ("Diamond Box" et "Hjelmar's") qui prouvent définitivement l'art du groupe à écrire des morceaux planants.
Bref, cette sortie n'est pas indispensable au sens premier du terme. Mais le premier disque est totalement réussi, le second, un peu plus anecdotique. Pour patienter avant l'actualité chargée du groupe à partir d'octobre (deux DVD, un nouvel album et une nouvelle tournée), en somme. Vivement!