Almost A Dance est le second disque de la période obscure du groupe néerlandais, après un Always catastrophique en 1992, qui marqua leurs débuts officiels sur la scène rock. Enfin, obscur, voilà un adjectif que je me permettrai de commenter très vite. "Obscur", par le côté un peu risible, il faut l'avouer, de ces deux disques très approximatifs (bon, ce sont deux erreurs de jeunesse), mais surtout, comme on le verra, portés par deux chanteurs à la pointe du ridicule. Obscur également, par l'ambiance blafarde qui se dégage de Almost A Dance, très différente de celle du cultissime How To Measure A Planet?, sommet parmi les sommets, chef d'oeuvre intemporel et jamais égalé, d'ailleurs consacré très subjectivement meilleur disque de tous les temps par votre serviteur.
Que donne donc ce second disque sans Anneke au chant? Hé bien, pas grand chose, en fait. C'est un peu pour cette raison que j'ai mis un certain temps avant de pouvoir lancer ce disque (que je ne relancerai pas de sitôt, soit dit en passant) et le chroniquer: Almost A Dance est long, ennuyeux et chiant. Et comme je l'ai dit, Niels Duffhues et Martine Van Loon (qui ont fait un petit tour au poste convoité de chanteur, puis s'en sont allés dans l'indifférence générale) possèdent cette caractéristique unique d'être parmi les deux chanteurs les plus caricaturaux que j'aie jamais entendu. Autant dire que l'arrivée d'Anneke au chant sur Mandylion aura rehaussé d'un cran - admiratif - la qualité du chant chez The Gathering... la voix nasillarde et arythmique de l'un, en perpétuel larsen vocal avec ses "wohoh" et "yeaheah" lâchés, je pense, inconsciemment toutes les dix secondes - on est loin d'un Lee Dorian, cependant - bien que sa voix passe beaucoup mieux sur la ballade "Nobody Dares", et l'absence totale de technique vocale/d'émotion de l'autre, desservent totalement ce disque. Qui est déjà bien entamé par une technique générale très faible, il faut bien l'avouer.
Les membres fondateurs du groupe (les frères Rutten, Frank Boeijen et Hugo Geerligs) sont ici bien peu inspirés, délaissant le metal doomesque du premier album pour un rock/metal, dont on ne sait pas vraiment s'il est rock ou metal. Les claviers de Boeijen sont le plus souvent risibles ("The Sky People", en particulier) bien que la mélodie de "Like Fountains", seul morceau qui se détache du lot sur ce disque, lui doive en partie un cachet rétro ma foi très plaisant et inattendu. Il fournira un travail bien plus inspiré sur les albums suivants, laissant tomber les mélodies-bontempi au clavier pour des nappes plus aériennes et atmosphériques. Les riffs de guitare passent ici complètement inaperçus, au point de ne pas se souvenir d'un seul véritable morceau de bravoure de la part de René Rutten - pourtant habitué aux petits exploits - sauf du sympathique passage très saturé de "Proof", où résidait en partie la solution de dépannage d'un groupe en manque presque absolu d'inspiration sur ce disque.
L'album suivant des Néerlandais, fait quelques fugaces apparitions (la mélodie de "Her Last Flight" et de "Passage To Desire", qui appellent tous deux aux morceaux plus inspirés de Mandylion, tel que "Eléanor" et "Strange Machines"). Le fond est donc bien présent, enfoui sous une couche monumentale de défauts qu'il vaut mieux passer sous silence. L'arrivée d'Anneke résoudra bien des problèmes (processus de composition, paroles plus poétiques), mais le groupe ne prendra pleinement la mesure de ses moyens musicaux exceptionnels qu'à partir de How To Measure A Planet? en 1998. Ce disque, bien que témoignage de jeunesse, est donc à oublier très vite, car complètement anecdotique et disons-le tout de go, complètement foiré. Quand on y repense, les progrès dont le groupe a fait preuve par le suite sont édifiants et presque incroyables.