Plus de deux ans et demi après la sortie de son dernier effort solo, Neal Morse nous revient avec une belle surprise, la suite de son premier concept album, Testimony, âgé de huit ans déjà. Une telle démarche est forcément à la fois source d’espoirs, de doutes et de discussions pour les fans, pas franchement pour le principal intéressé, qui poursuit son petit bonhomme de chemin avec ses armes favorites, le talent, la foi, et la sincérité.
Testimony 2 est bâti de manière originale, mettant en avant un premier disque qui nous présente la suite du concept Testimony par le biais de trois nouveaux mouvements équilibrés, divisés en quatre à cinq pistes chacun. Mais si le concept s’arrête à la dernière note de « Crossing Over / Merci Street Reprise », l’album, lui, se poursuit avec un second disque de morceaux indépendants. Et c’est avec ce disque que nous allons entamer les louanges. En effet, après deux premiers titres relativement simples, le suivant, « Seeds of Gold », fort de ses 26 minutes incroyablement cohérentes, entre directement au panthéon des chefs-d’œuvre de notre homme, grâce à son intro piano classique, ses refrains enivrants, ou encore son splendide solo de guitare gratouillé par Monsieur Steve Morse, nouveau guest de luxe au service de son homonyme.
De participations amicales, il va en être question sur cet album. Revenons ainsi au premier cd. Afin d’étoffer musicalement une histoire qui se veut dévoilant quelques grandes lignes de sa vie, Neal a décidé d’inviter trois de ses anciens compagnons d’aventure au sein de Spock’s Beard à venir partager un canon, comme au bon vieux temps, sur un « Time Changer » plein d’à propos. Référence certes évidente, mais surtout sélectionnée parmi tant d’autres tout au long de ces treize morceaux au sein desquels se dissimulent de nombreux clins d’œil à l’ensemble de sa discographie, à son nom ou avec le Beard. Et bon Dieu, que ces incrustations de thèmes sont jouissives pour le fan qui a su accompagner l’artiste tout au long de ces années ! On se remémore ses propres coups de cœur passés tout en vivant l’expression organique du récit. Un régal !
Bien évidemment, dans cette forêt de références, la part belle est donnée au premier Testimony, avec, naturellement, la reprise dès les toutes premières secondes de la toute première plage, du magnifique God’s Theme, réarrangé afin de dérouler le tapis rouge à l’efficace « Mercy Street ». Mais au-delà de cela, impossible d’oublier l’inspiration qui marque depuis des années le talent de compositeur de Neal, et on peut ressortir des titres parmi ses meilleurs, du génial « The Truth Will Set You Free » au spectaculaire « It’s For You », porté par une nouvelle partition intense de Mike Portnoy. Parce que, oui, Mike Portnoy à la batterie et Randy Georges à la basse sont toujours du voyage, et ils multiplient les prouesses qu’embellit d’autant plus une production soignée, grâce à laquelle aucun instrument ne passe à la trappe.
Si on devait cibler un défaut, ce serait la relative longueur de « Crossing Over / Mercy Street Reprise », mais plaisir coupable oblige, on préfère en redemander. Les ballades se fondent avec justesse dans l’ensemble, les envolées lyrique prennent aux tripes, les arrangements plus techniques sont conduits avec brio, difficile de faire la fine bouche à l’écoute d’une telle réussite du rock progressif moderne. Une nouvelle victoire pour celui qui nous habitue maintenant année après année à enchaîner les hauts et les encore plus hauts avec ses œuvres touchantes et de qualité. Tout en persévérant dans son style si particulier, il continue à démontrer que la musique peut et doit être vectrice d’émotions ouvertes à tous ; et en partageant avec nous son aptitude à la composition, il offre la possibilité de vibrer au son d’une richesse habilement mise en scène.
A l’image de ses grands frères, Testimony 2 nous rappelle que le travail de Neal Morse est d’une générosité unique. L’accueillir avec ravissement reste encore une opportunité heureuse qui nous laisse admiratif, mais également interrogatif face à sa constante qualité, même si, en fin de compte, on se dit que Neal a certainement raison depuis le début, il doit y avoir une divinité derrière tout ça. Assurément. C’est la seule explication possible.