CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-William DuVall
(chant+guitare)
-Jerry Cantrell
(chant+guitare)
-Mike Inez
(basse)
-Sean Kinney
(batterie)
TRACKLIST
1) All Secrets Known
2) Check My Brain
3) Last of My Kind
4) Your Decision
5) A Looking in View
6) When the Sun Rose Again
7) Acid Bubble
8) Lesson Learned
9) Take Her Out
10) Private Hell
11) Black Gives Way to Blue
DISCOGRAPHIE
Bien que le groupe ne se soit jamais vraiment séparé, la pérennité d'Alice In Chains semblaient déjà bien compromise avant même la mort de Layne Staley. La disparition de celui-ci entérina la fin du groupe pour bien des fans et malgré les efforts solo de Cantrell, il semblait acquis que nous ne reverrions pas de sitôt une album signé Alice In Chains... Pourtant, aux alentours de 2005, les rumeurs circulent sur une éventuelle reformation. Bonne nouvelle. Reste un problème de taille : qui va bien pouvoir remplacer l'emblématique Staley?
Peu de groupes peuvent se vanter d'avoir su retranscrire le désespoir aussi bien qu'Alice In Chains et la voix, les textes, les lignes de chant de l'écorché vif Staley (la formule est éculée mais lui sied comme un gant) y ont largement contribué. Si la tête pensante du groupe aura toujours été Cantrell, l'impact de Staley sur la musique du groupe est immense et bien difficile dut être le choix de son remplaçant. C'est William DuVall qui reprendra le flambeau, d'abord au cours des concerts puis sur Black Gives Way To Blue. Grosse prise de risque, tant sa voix est éloignée de celle Staley.
Et pourtant... Impossible d'affirmer sans rougir que ce Black Gives Way To Blue ne sonne pas « Alice In Chains ». Merci Mr Cantrell... Car dès le premières écoutes, on se rend bien compte que le rôle du blondinet dans les harmonies vocales (pré et post DuVall) est tel que le dépaysement n'est pas aussi prononcé qu'il n'y paraît. Attention, ça ne minimise en rien le fait qu'Alice In Chains « c'était Layne Staley », loin de là... Mais étant donné l'implication de Cantrell dans les vocaux du groupe et son quasi-monopole de la composition, on constate sans grande peine qu'Alice In Chains peut exister sans Staley.
D'autant que DuVall est vraiment bon.Vraiment. Et sa voix colle parfaitement à l'atmosphère sombre de Black Gives Way To Blue. Encore que sombre est un doux euphémisme... Black Gives Way To Blue est une bombe de désespoir, de noirceur, de tourment. Des premières notes d'"All Secrets Known" au dernier silence de "Black Gives Way to Blue", la pénombre est partout. Les riffs sont lourds, le son épais et les harmonies vocales parfaites du duo Cantrell/DuVall font planer le fantôme de Dirt sur l'ensemble de l'album.
Black Gives Way To Blue regorge de tubes immédiats : outre la sublime "All Secrets Known", des titres comme"Check My Brain", "Your Decision" ou encore "Lesson Learned" sautent aux yeux. Puis petit à petit le reste de l'album se laisse découvrir et des morceaux comme "Last Of My Kind", "A Looking in View", "Black Gives Way to Blue", "Acid Bubble" (quel break époustouflant !) viennent voler la vedette aux titres sus-cités. Le reste suivra : la magnifique "Take Her Out", "When the Sun Rose Again", "Private Hell"... Et bientôt l'évidence se fera : il n'y aucun mauvais titre dans cet album... Et même plus : tous les titres sont bons !
C'est la toute la force de Cantrell, capable de proposer un album cohérent, très chargé émotionnellement, formé de 11 compositions variées... Capable de balancer des titres catchy finalement plus complexes qu'il n'y paraît... Capable d'écrire une chanson sublime avec trois notes... Capable de faire oublier Layne Staley... Il y a fort à parier que certaines personnes n'ont rien voulu entendre de ce nouvel avatar d'Alice in Chains, se privant ainsi d'un album immense, dans la droite lignée de Dirt. Inez, Kinney et Cantrell n'aurait pas pu offrir un plus bel hommage à leur ami.