CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Zach de la Rocha
(chant)
-Tom Morello
(guitare)
-Tim Commerford
(basse)
-Brad Wilk
(batterie)
TRACKLIST
1) People of the Sun
2) Bulls on Parade
3) Vietnow
4) Revolver
5) Snakecharmer
6) Tire Me
7) Down Rodeo
8) Without a Face
9) Wind Below
10) Roll Right
11) Year of the Boomerang
DISCOGRAPHIE
Ah, le syndrome du « deuxième album »... Prenez un groupe pas connu, qui sort une bombe nucléaire, un chef d’œuvre qui révolutionne le genre, qui rallie tout le monde ou presque, patientez une paire d'années et annoncez partout que le « deuxième album » va sortir ! Spéculations, attentes, joie, déception... Le schéma est classique et l'attente est proportionnelle à la qualité et/ou au succès de l'ainé. Dans le cas qui nous occupe, autant dire tout de suite que rien ne fût facile pour Evil Empire qui suit l'extraordinaire Rage Against The Machine. Pourtant le succès commercial sera énorme : numéro 1 au Billboard, platine et tout le tintouin... Malgré cela, le disque restera pour toujours dans l'ombre de son illustre prédécesseur et sera bien souvent dénigré. A tort...
Point de surprise pour ce Evil Empire : même line-up, même recette. Un guitariste qui mélange riffs rock et expérimentations guitaristiques, un chanteur avec une rage et une ferveur peu communes et une section rythmique exemplaire. La production, confiée au génialissime Brendan o'Brien, rend hommage à tout instant au talent des musiciens et notamment au duo basse/batterie. A musiciens extraordinaires, production extraordinaire. Le groove indécent des deux compères rythmiques est retransmis avec une exactitude et une clarté à couper le souffle. Il en va de même pour le chant et la guitare, bien sûr. Tout est viscéral, nerveux et surtout authentique, au point que l'on vraiment l'impression d'être dans la salle de répet des RATM. Une écoute de "People of the Sun" avec le volume bien au-delà du raisonnable suffira à vous convaincre. Le premier coup de caisse claire fracasse le crâne, la basse qui rentre fout des frissons, De la Rocha est en grand forme. Et quand le refrain vous pète à la gueule, on se dit que les RATM vont encore nous en mettre plein la tronche !
L'énorme tube "Bulls on Parade" démontre que les RATM aime garder le meilleur pour la seconde plage : wah-wah rageuse, riff groovy, ligne de chant impeccable mais surtout refrain cataclysmique. Un tube qu'on te dit ! Dans la même lignée "Vietnow" et "Revolver" font dans le morceau catchy/punchy totalement jouissif, à grand renfort de groove et de riff simples mais efficaces. D'ailleurs, du point de vue riff d'exception, on est pas décu... L'album en est truffé ! Mais au delà de sa science du riff qui fait mal, Morello brille par sa capacité à créer des gimmicks bruitistes dont on ne soupçonnait même pas l'existence pour venir soutenir le flow de De La Rocha. C'est d'ailleurs là que l'on pourra venir critiquer Evil Empire : toutes les chansons sont construites sur le même moule ou presque... Une intro réduite au minimum syndical, un couplet flow/gimmick/groove et un refrain gros riff/pas content. Si la formule fonctionne à merveille sur les premiers morceaux, la seconde moitié souffre de ces redites. La faute à des morceaux un peu en dessous, des riffs un peu moins inspirés et peut être à une mauvaise répartition des titres. Après avoir pris 6 pavés dans la gueule, des morceaux comme "Wind Below" ou "Roll Right", bons sans être extraordinaires, ont un peu du mal à faire leur trou. Mais pour être totalement honnête, des fillers de cette qualité, faut déjà les sortir!
Alors oui, Evil Empire est moins bon que Rage Against The Machine. Pour des tas de raisons... Moins nouveau, moins rentre-dedans, etc... Faut-il pour autant le fouler au pied? Certainement pas. Ce serait se priver de certains des meilleurs morceaux des Rage Against The Machine et passer à côté d'un album où le groove et la rage transpirent de chaque note.