CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Zack de la Rocha
(chant)
-Tom Morello
(guitare)
-Tim Commerford
(basse)
-Brad Wilk
(batterie)
TRACKLIST
1)Bombtrack
2)Killing in the Name
3)Take the Power Back
4)Settle for Nothing
5)Bullet in the Head
6)Know Your Enemy
7)Wake Up
8)Fistful of Steel
9)Township Rebellion
10)Freedom
DISCOGRAPHIE
En 1992 déboule sur les ondes le premier single du premier album des Rage Against The Machine, "Killing in the Name", et le monde ne sera plus jamais comme avant... Difficile d'échapper à ce riff entêtant, à ce refrain déformé par tant de bouches adolescentes et à ce final extatique. La déferlante RATM s'abat et fait un paquet de victimes. Beaucoup de gens en resteront là et pour eux RATM se résumera à ces 5 minutes de jouissance, les autres achèteront l'album à la pochette emblématique et se rendront vite compte que "Killing in the Name" n'est qu'une boucherie parmi tant d'autres...
Bien sûr des mélanges rap/metal ont été tentés de ci de là avant l'année 1994 et le crossover n'était pas loin, mais force est d'avouer que les 4 gaillards de Los Angeles enfoncent le clou d'un seul et grand coup. Une bonne partie du mérite en revient à Zach de la Rocha, brailleur attitré du quatuor... Le gars ne possède pas le meilleur flow du monde mais compense très largement par une énergie hors du commun et une rage venue directement des tripes, qu'il répand allègrement sur les riffs et autres expérimentations sonores de Tom Morello. Ce dernier, quoique technicien émérite de la six-cordes décide de privilégier le fond à la forme et à grands renforts d'effets triture le son de son instrument tout en balançant des riffs qui ont fait la fortune de centaines de chiropracteurs.
Évidemment, le tableau serait incomplet et gâché si le génie Morello s'était entouré d'une section rythmique anémique. Que dalle, avec Brad « simple et funky » Wilk derrière les fûts et Tim « j'aime les tattoos » Commerford à la basse, Rage Against The Machine possède une ossature rythmique des plus efficaces. Wilk ne vise pas la démonstration de force et balance son groove à fond de temps sur lequel vient s'appuyer la basse de Commerford. Tantôt claquante, tantôt rondouillarde, cette dernière est une des marques de fabrique du groupe : très souvent placée devant la guitare de Morello qu'elle aime suivre pour mieux la perdre, elle insuffle une énergie hors du commun à la musique du combo.
Et quelle musique! Rarement dans l'histoire de la musique on aura vu un tel rassemblement de tubes sur un seul album et sur les 10 morceaux présents sur l'album, tous ou presque peuvent prétendre à la position de single. A commencer par l'opener "Bombtrack". Passée l'intro tout en douceur, c'est le déluge de groove qui brise la nuque, puis le couplet typiquement Ratmien (riff simple et efficace qui tourne en boucle derrière le flow de de la Rocha) et enfin le refrain incendiaire qui donne envie de sauter dans tout les sens (sans oublier le petit solo bruitiste qui va bien) : quelle leçon! Et la recette fonctionne tellement bien que les petits gars l'appliquent à tout les titres... Et ça marche! C'est tellement frais, novateur et à mille lieues de ce que le metal propose à l'époque!
Du coup c'est le déluge, les riffs catchy s'enchaînent ("Take the Power Back", "Know Your Enemy" (qui s'offre le solo le plus original des 90's)), les morceaux de bravoure aussi ("Wake Up", putain d'accélération centrale, "Township Rebellion"), les morceaux légèrement en dessous aussi ("Bullet in the Head", pas au niveau malgré un refrain sympa et un break efficace, "Settle For Nothing") pour parvenir à la mortellissime "Freedom". Tout commence par un riff qui sort d'on ne sait où mais qui prend possession des mouvements de notre boite crânienne, bien vite rattrapé par une ligne de chant d'une grande musicalité qui vient mourir au pied d'une explosion de guitares... Puis c'est le calme avant la tempête : petit solo « jazzy », break groovissime avant que la tension ne monte, que de la Rocha laisse exploser sa rage dans le micro et laisse l'auditeur exsangue... Quelle claque !
Le club des albums intemporels, qui ne vieilliront jamais, que l'on mettra et remettra sur la platine sans se lasser, qui séduira autant les jeunes générations que ceux qui ont eu la chance de le découvrir est très fermé. Le premier album de Rage Against The Machine en fait partie. Avec leur rap/metal punchy les RATM ont mis le feu aux codes du metal en vigueur à l'époque. Ils ouvriront les portes du néo-metal, engendreront quantités de clones, mais personne n'arrivera jamais à surpasser ce brûlot... Pas même eux à vrai dire.