J’avais zappé La Grande Danse Macabre et World Funeral, ne m’attendant à rien de nouveau de la part de ce groupe tout de même mythique. Ce Plague Angel se veut un test. On ne pourra pas reprocher à Marduk son intégrité… Ah ça, non. L’arrivée tant attendue du nouveau chanteur Mortuus, ex Funeral Mist et Triumphator, vient exercer une belle performance et redorer un peu le blason des suédois… relativement. Sur le plan musical, ce Plague Angel ne révolutionne rien. On aurait même tendance avec Marduk à reprendre les mêmes ingrédients et à les mélanger dans tous les sens pour voir ce qu’il en sort.
Ainsi donc onze titres très bien produits il faut le reconnaître viennent asséner nos oreilles extrêmes. Au constat, plusieurs choses: tout d’abord musicalement rien ne change, les riffs à la Morgan s’enchaînent sans laisser de respiration. Le style de composition reste dans l’enchevêtrement et la succession de riffs simples et très rapides, jouant le rôle rideau sonore et presque mélodique sur les passages plus lents. Pas de faiblesse de ce coté-là, donc. La batterie se rapproche de celle de Panzer Division Marduk (tout comme la ligne directrice de cet album), totalement blastée et incroyablement rapide (out les breaks…).
Niveau son, la batterie est très agréable, tout comme celui des guitares, dont on a l’impression qu’elles sont accordées un poil plus bas que sur les précédentes réalisations. Niveau chant, Mortuus rend quelque chose de plus personnel que ne le faisait Legion. La différence se situe notamment dans son registre vocal plus important et dans sa propension à donner une dimension plus torturée aux vocaux. Ceux-ci sont de manière générale plus en retraits, mais plus ancrés dans la musique. L’intermède martial et guerrier "Deathmarch" serait moins impressionnant sans ces cris tordus et malsains. A remarquer tout de même que le nouveau vocaliste s’est très largement inspiré de son prédécesseur pour placer son chant. Certains s’attendaient peut-être à une révolution… Pas pour cette fois.
Je disais que Marduk n’évoluait guère. Effectivement, après seulement dix écoutes l’on commence seulement à distinguer ce qui peut bien différencier six ou sept titres de l’album, ma foi très bien exécutés, mais vraiment proches les uns des autres, à savoir la succession de riffs compacts sur fond de batterie boostée. Ce qui est assez étrange cependant avec Marduk, et ce depuis un bon moment, c’est la façon de composer les riffs, trop souvent harmoniques et majeurs à mon goût qui fait que tout glisse trop bien du début à la fin, sans réelle accroche malsaine comme pour d’autres groupes (Thy Primordial, Ragnarok, Lord Belial…). Du coup les titres s’enchaînent sur le même ton et c’est dommage.
De ceux qui sortent du lot, le titre "Seven Angel, Seven Trumpets" contient vraiment quelque chose d’intéressant, avec un mid tempo musclé, rythmé par des rythmiques simples mais efficaces et un chant extrême particulièrement réussi. Le tout est entrecoupé de samples étranges soutenant l’ambiance jusqu’au titre suivant, "Life Emblem", dans la pure tradition Marduk. "Perish In Flames" se veut la composition la plus lente et sombre de Plague Angel. C’est à ces moments que se distingue le timbre de Mortuus, plus proche du black underground haineux et malsain que sur les titres rapides où l’on en revient souvent au même schéma.
Finalement, le dernier "Everything Bleed" vaut le coup d’oreille avec ses riffs ultra rapides tendant vers le haut tout en marquant une certaine tension. Une évolution au sein même de la composition se fait sentir, tout comme sur "Blutrache", à l’introduction napalmée et à la suite ultra rapide, plus dans une ambiance norvégienne à la Ragnarok. On appréciera les breaks donnant le relief et la couleur à ce titre. Pour conclure, Plague Angel est un nouvel album de Marduk qui vient s’ajouter à la longue et régulière liste, sans ouvrir de porte ou laisser entrevoir une quelconque évolution. Bien sûr on dira que ce n’est pas l’objectif d’un tel pilier du black metal. Alors à vos écouteurs et bienvenue tout de même dans ce monde guerrier et sans concession que sait si bien nous concocter Marduk… Avec quelques aigreurs tout de même.