Nous sommes en 1994, soit la période bénie pour le black metal, et voilà que Marduk débarque avec le très français Opus Nocturne qui montre l’attachement de Morgan à la France (oui, le leader de Marduk apprécie notre pays et sa langue). 1994 est aussi une période peu bénie pour Marduk puisqu’à l’époque le groupe n’a pas trop de moyens et n’est donc pas un client régulier des studios Abyss. Par conséquent il n’a pas la production que nous lui connaîtrons sur les cinq (!!) albums suivants. Est-ce un mieux pour autant?
Coupons court à tout faux suspens, pas du tout. La production très faible de ce disque ne convient pas du tout, mais alors pas du tout au style Marduk. Les cymbales ont un son assez abominable, les toms ne sont guère mieux logés et la double grosse caisse n’a que peu de coffre. Bref, c’est pas la joie pour la batterie. La guitare s’en sort mieux avec un son froid mais pourtant déficient aussi. Il lui manque ce je-ne-sais-quoi qui glace le sang et de puissance comme ce sera le cas par la suite. Chose étonnante par contre, la basse est franchement audible et ça fait plaisir. Cela permet de se délecter de quelques lignes tout à fait éclatantes. Quoiqu’il en soit, à part Legion qui remplacera Joakim Avgravf au chant, le line-up est le même que sur Nightwing… Et pourtant on ne dirait pas que ce sont les mêmes personnes qui jouent! C’est fou comme une production inadéquate peut pourrir un album.
M’enfin, ce serait mentir aussi que de dire qu’on ne reconnaît pas la patte Marduk. Les riffs de Morgan sont toujours les mêmes que maintenant (hum…), mais en moins bien (mais bons quand même, vous suivez?). Car voilà bien ce qui cloche, les compositions ne donnent pas envie d’aller jusqu’au bout du CD. C’est assez dérangeant pour un disque, avouez-le. Même si elles sont indéniablement marquées par la patte Marduk, elles ne sont pas aussi aiguisées que celles qui suivront. Et je le répète encore une fois, la production tue vraiment l’ensemble. Je suis certain qu’avec un passage aux studios Abyss cet album aurait été cent fois plus convaincant. Le black brutal et suédois de Marduk ne s’accommode décidément pas à ce genre de « qualité » sonore. Il a besoin d’un gros son. En plus, il faut rajouter que la prestation de M. Avgravf au chant est beaucoup moins convaincante que celle de Legion.
Voilà, vous aurez compris que cet album a été abattu en plein vol par le niveau peu élevé de la production. C’est clairement du Marduk au niveau des riffs, mais il devient difficilement écoutable à cause du défaut majeur précité. Pour conclure: des compositions pas encore au niveau d’excellence auquel Marduk nous habituera et un son d’une médiocrité extrême. Bref, pas indispensable.