CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Alexi Laiho
(chant+guitare)
-Roope Latvala
(guitare)
-Henkka T. Blacksmith
(basse)
-Janne Wirman
(claviers)
-Jaska Raatikainen
(batterie)
TRACKLIST
1)Lookin' Out My Back Door (Creedence Clearwater Revival)
2)Hell Is for Children (Pat Benatar)
3)Somebody Put Something in My Drink (Ramones)
4)Mass Hypnosis (Sepultura)
5)Don´t Stop at the Top (Scorpions)
6)Silent Scream (Slayer)
7)She Is Beautiful (Andrew W.K.)
8)Just Dropped In (To See What Condition My Condition Was In) (Kenny Rogers)
9)Bed of Nails (Alice Cooper)
10)Hellion (W.A.S.P.)
11)Aces High (Iron Maiden)
12)Rebel Yell (Billy Idol)
13)No Commands (Stone)
14)Antisocial (Trust/Anthrax)
15)Talk Dirty to Me (Poison)
16)War Inside My Head (Suicidal Tendencies)
17)Ooops!… I Did It Again (Britney Spears)
+ titre caché : Waiting (King Diamond)
DISCOGRAPHIE
Children Of Bodom est un groupe qui a toujours aimé faire des reprises. Depuis le début de leur carrière les Finlandais ont toujours casé des covers en face B de certains singles, en morceaux bonus sur certaines éditions ou rééditions de leurs albums ou encore sur des albums tribute. Il n’est donc pas étonnant de voir arriver aujourd’hui un album les regroupant toutes, alors que le groupe est en perte de vitesse depuis quelques années.
En effet le timing de cette sortie ne semble pas anodin. Alors que l’album Are You Dead Yet avait divisé les fans et les critiques, son successeur Blooddrunk a quant à lui fait l’unanimité… contre lui. Cet album a eu un mérite et un seul : mettre tout le monde d’accord pour une fois, même les fans les plus hardcore des Enfants de Bodom reconnaissant le ratage absolu que constituait cet opus bâclé, brouillon, sans personnalité ni ligne directrice claire. Quoi de mieux alors pour se refaire une santé et se rassurer que de capitaliser sur la musique des autres, sur des morceaux d’ores et déjà connus et des tubes dont l’efficacité n’est plus à prouver ? Après tout c’est exactement ce qu’a fait Metallica en 1998 avec Garage Inc. après la doublette controversée Load / ReLoad. A la différence près que les Four Horsemen avaient alors enregistré de quoi remplir un CD complet de nouveautés pour accompagner la compilation regroupant leurs reprises déjà existantes, sortant ainsi un double-album bourré jusqu’à la gueule. Malheureusement Children Of Bodom n’a pas eu cette délicatesse, les nouveautés se faisant rares sur Skeletons In The Closet.
Seulement quatre morceaux sont totalement inédits ici, mais ces nouveautés sont franchement excellentes, autant le dire tout de suite ! Le "Hell Is for Children" de la chanteuse américaine Pat Benatar sonne étonnamment comme du pur Bodom, mais en mieux. Le "Antisocial" de Trust (version Anthrax, donc en anglais) est surboosté, tout comme le "War Inside My Head" de Suicidal Tendencies sur lequel les guitares prennent le pas sur les chœurs hardcore de l’original, rendant le tout plus metal. Quant au "Waiting" de King Diamond (bizarrement en piste cachée alors qu’il apparaît dans la tracklist de la version US de l’album), il est lui aussi diablement efficace, malheureusement seulement gâché par quelques tentatives de chant en voix de tête un peu ridicules, prouvant une fois de plus qu’il ne faut surtout pas essayer d’affronter le King sur son propre terrain (Hetfield l’avait bien compris et n’avait pas commis cette erreur sur le medley Mercyful Fate de Garage Inc.). Tout le reste est connu mais plus ou moins rare selon l’utilisation qu’en a fait le groupe à l’époque. On peut s’étonner toutefois de l’absence du classique de la country "Ghost Riders in the Sky" (pourtant présent sur la version US) et du "Shot in the Dark" d’Ozzy Osbourne. Quitte à rassembler toutes les reprises enregistrées par le groupe autant aller au bout, non ?
Assez logiquement finalement, les reprises les plus intéressantes sont les plus décalées. Lorsque Bodom s’attaque à du pur metal (Slayer, Sepultura ou Stone, l’ancien groupe de Roope Latvala), il reste assez proche des originaux et n’apporte pas grand-chose de nouveau, mis a part le rajout plus ou moins heureux des claviers. Seul le "Aces High" d’Iron Maiden en ressort grandi. En revanche dès lors que les Finlandais portent leur dévolu sur un style plus éloigné du leur, ils y apposent leur patte et le résultat est souvent assez jouissif. COB se fait plaisir en s’attaquant à ces styles divers et variés et cela se sent, qu’il s’agisse de rock n’ roll (Creedence Clearwater Revival, très frais, Kenny Rogers), de punk (les Ramones, très fun), ou surtout de hard rock des années 80, le péché mignon d’Alexi Laiho. Celui-ci aurait certainement aimé vivre et jouer à cette époque, et a dû commencer la musique en mimant Randy Rhoads ou Blackie Lawless devant son miroir. Les reprises de Scorpions, Billy Idol (quel tube ce "Rebel Yell" !), Poison, Andrew WK (artiste récent mais typiquement 80’s dans l’esprit) et encore plus du génial "Bed of Nails" d’Alice Cooper et du "Hellion" de WASP sur lequel Laiho justifie pleinement son surnom de Wildchild constituent de loin les meilleurs moments de l’album. Le groupe ose même s’amuser à reprendre du Britney Spears, et prouve qu’une bonne chanson peut se trouver n’importe où (même si votre serviteur aurait préféré un "Toxic" encore plus sexy !).
On aurait aimé continuer dans cette voie et entendre le groupe se frotter à du Mötley Crüe, du Twisted Sister ou du Skid Row par exemple, tant l’écoute de cet album (qui n’apporte rien de neuf ni de constructif, nous sommes d’accord) est jouissive. On y trouve ce qui manque depuis un bon moment aux Finlandais : de bonnes chansons. En un mot Skeletons In The Closet est de très loin le meilleur album de Children Of Bodom au moins depuis Hate Crew Deathroll qui date de 2003… et c’est plutôt inquiétant.
PS: Comme le disait Guns N’ Roses dans le livret de “The Spaghetti Incident?”: « A great song can be found anywhere. Do yourself a favor and go find the originals »!