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CHRONIQUE PAR ...

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Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 13/20

LINE UP

-Russell Mael
(chant)

-Earle Mankey
(guitare)

-Ron Mael
(claviers)

-Jim Mankey
(basse)

-Harley Feinstein
(batterie)

TRACKLIST

1)Girl from Germany
2)Beaver O'Lindy
3)Nothing Is Sacred
4)Here Comes Bob
5)Moon Over Kentucky
6)Do-Re-Mi
7)Angus Desire
8)Underground
9)The Louvre
10)Batteries Not Included
11)Whippings and Apologies

DISCOGRAPHIE


Sparks - A Woofer In Tweeter's Clothing
(1972) - pop déglinguée - Label : Bearsville



Plus fou. Plus hargneux. Plus Russelleux. Pour sa deuxième représentation, le Grand Cirque des Mael Brothers va faire dans le freak show, et tant pis pour ceux qui trouvaient la première déjà bien allumée. Pas de douceurs féeriques à la "Slowboat" cette fois, non, plutôt des numéros de trapèze à dos de tortue tandis qu'un clown en jupette déclame l'alphabet de sa voix de castrat dans un mégaphone en plastique. Ou quelque chose du genre.


Pourtant, lorsque démarre A Woofer In Tweeter's Clothing, il n’y a bien que le nom d’album farfelu pour nous suggérer que le niveau de foutraque va monter d’un cran. Le line-up n’a pas bougé, le son n’est ni plus clean, ni plus crade que sur Sparks, et le titre d’ouverture "Girl from Germany", ritournelle pop sautillante au refrain siffloté presque charmant, ne surprendra pas qui a écouté leur premier disque. À ceci près que les guitares sont cette fois au premier plan ! Le groupe s’est en effet passé des services de Todd Rundgren, et a opté pour une production moins éparpillée, mais aussi plus conventionnelle. Heureusement pour nous, Earle Mankey compense en lâchant bien plus la bride qu’il ne pouvait le faire sur le mollasson "(No More) Mr. Nice Guys" ; écoutez-le rugir ses riffs sur la sinistre "Moon Over Kentucky", ou bâtir un mur de saturation sur le foldingue "Whippings and Apologies", la pièce la plus furieusement rock de leur répertoire, du genre à ne pas tenir en place une seule seconde. Une belle conclusion pour un Woofer qui avant cela, en aura vu d’autres.

Et par « d’autres », j’entends notamment le Russell Mael Show que nous sert le chanteur sur un bon tiers du disque. On connaissait son timbre haut-perché légèrement nasillard, on le savait capable de nous toucher en plein cœur avec "Slowboat", on va maintenant comprendre qu’il peut méchamment péter une durite. Car une fois "Girl from Germany" terminé, c’est la pièce montée de travers "Beaver O’Lindy" qui nous attend, et c’est festival ; car en plus d’introduire la sexualité dans le répertoire Sparkien – et ils y reviendront souvent - elle nous permet d’entendre son falsetto inimitable pour la première fois ! Bon, ok, on en apercevait déjà un bout sur le « Let’s take your Suuuuuueee » de "Roger", mais rien à voir avec ce qu’on peut entendre ici : « ça sonne comme un ange sous anxiolytiques », a écrit mon confrère de l’All Music Guide, et je ne saurai trouver meilleure description. Inimitable. Et que dire de ce refrain épelé sorti d’un cartoon pour psychopathes, de cette rythmique galopante ? À vous trotter dans la tête pendant des semaines.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : le vrai tour de force de ce disque arrive juste après. "Nothing Is Sacred" est peut-être le titre le plus allumé d’un groupe déjà pas net, une épreuve de force, le test ultime pour juger de votre fanitude potentielle. Si c’est votre premier contact avec les Sparks, les chances de rejet sont d’autant plus grandes mais si vous aimez, alors là, vous êtes mûrs… pour à peu près tout le reste. Bâti en long crescendo, avec un Russell en roue libre complète – et ça ne m’étonnerait pas que Catherine Ringer ait été marquée par ce titre – "Nothing Is Sacred" est pourtant une perle de démence qui prend le soin de s’appuyer sur une mélodie enchanteresse, toute fragile mais imparable. Le court passage « I’m sure we will appreciate our new found leisure time » restera sûrement comme l’un des plus grands moments de la pop barge. Quant au final, c’est une bérézina totale, un point de non-retour dans la folie furieuse dont sont capables les frères Mael. Après des dizaines d’écoutes, ça reste toujours aussi intense et génialement cinglé.

On pourrait aussi citer la reprise bordélique de "Do-Re-Mi", tiré de The Sound Of Music, reparler plus longuement de "Moon Over Kentucky", réussite crépusculaire au final pilo-hérissant, ou de la suite "Batteries Not Included/Whippings and Apologies", où le chant de Russell évoque Geddy Lee (!) ; mais reste que malgré tous ces beaux moments, et l’absence de vrai ratage ("The Louvre", peut-être…), A Woofer dans son ensemble ne laisse pas une impression aussi forte que le premier album. Les thèmes grotesques sont là – "Here Comes Bob" parle d’un brave chauffeur qui provoque des accidents pour faire des rencontres, vous voyez le genre – et chaque morceau a ce petit ressort mélodique qui séduit l’oreille : la guitare jangle de "Angus Desire", le mic-mac vocal du break de "Underground", il y a toujours quelque chose à prendre. Mais on n’y vient pas aussi facilement – ni aussi durablement – que sur leur premier bébé, peut-être aussi parce que le facteur surprise a disparu.


Maintenant, ceux qui avaient trouvé leur compte dans Sparks, qui avaient apprécié son excentricité à moustache, qui sentaient en Russell le potentiel d’un grand malade, n’ont aucune raison de se priver de ce deuxième chapitre, qui restera pour la postérité leur disque « fou ». D’ici deux ans, les frères Mael vont apprendre à canaliser toute cette énergie, la concentrer sur des pièces purement pop, pour faire peau neuve sur le Vieux Continent… et écrire quelques-unes des plus belles pages des années soixante-dix. En avant pour la légende…


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