CHRONIQUE PAR ...
Fly
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-Chris Martin
(chant+guitare+claviers)
-Jonny Buckland
(guitare)
-Guy Berryman
(basse)
-Will Champion
(batterie)
TRACKLIST
1)Don’t Panic
2)Shiver
3)Spies
4)Sparks
5)Yellow
6)Trouble
7)Parachutes
8)High Speed
9)We Never Change
10)Everything’s Not Lost
DISCOGRAPHIE
S’il y a bien une chose que l’on aurait eu du mal à imaginer au moment de la sortie de Parachutes en 2000, ce serait que Coldplay allait devenir un tel phénomène peu de temps après. Tout de même, la formation est aujourd’hui un des plus importants groupes de la planète, tant sur le plan commercial que médiatique. Pourtant, lorsque "Yellow" a débarqué sur les ondes (pour les jeunes qui nous lisent, je parle des ondes radiophoniques) en plein milieu de l’été, tout laissait croire qu’il ne s’agissait là que d’un autre sympathique petit groupe anglais, rien de plus.
Ce qui frappe encore plus aujourd’hui, avec le recul, c’est le caractère dépouillé de l’album. On peut même parler d’un certain minimalisme tellement les arrangements semblent à mille lieues de la grandiloquence de X&Y, par exemple. Le son est clair et précis, et ce sont surtout les guitares qui dominent (en plus de la voix unique de Chris Martin). À ce titre, il est intéressant de noter que le morceau le plus populaire de l’album, le superbe "Trouble", est le seul qui met de l’avant le piano, et que c’est lui qui va servir de moule à la plupart des ballades que proposera le groupe par la suite. La différence est également flagrante du point de vue de la composition. La simplicité est là aussi de mise et on sent que les quatre musiciens n’ont pas encore trouvé la recette pour écrire les hymnes qui les aideront à remplir les stades. Ce qui ne les empêche pas de faire déjà preuve d’un grand potentiel mélodique.
Si les membres de Coldplay n’étaient pas encore tout à fait prêts à attirer les foules, on peut néanmoins dire qu’ils avaient les moyens d’attirer l’attention. Difficile en effet de ne pas résister aux attraits des guitares chatoyantes et du refrain de "Don’t Panic", qui reste à ce jour un des morceaux les plus enjoués du groupe. Pour tout dire, il est difficile pour l’amateur de pop de qualité de résister à Parachutes tant la musique qu’il contient est simple et directe. Qui plus est, le groupe évite de trop afficher ses références, ce qui relève de l’exploit pour un premier album. Bien sûr, on aura vite fait, surtout à l’époque, d’évoquer Radiohead pour le côté plus lyrique, ou même Travis (qui connaissait une certaine popularité à l’époque) pour le côté plus inoffensif de l’ensemble. Mais c’est finalement bien peu de choses en comparaison des noms qui viendront à l’esprit à l’écoute des albums suivants, et surtout quand on connaît le nombre de groupes qui suivront la trace de Coldplay dans les années 2000.
En fait, plus que Radiohead, c’est sûrement au regretté Jeff Buckley qu’il faut penser pour trouver l’influence la plus visible. C’est particulièrement flagrant sur l’énergique "Shiver", qui sent les guitares de Grace à plein nez. Heureusement, le tout reste là encore assez discret et la qualité des morceaux fait oublier ce léger détail. Car s’il y a bien une chose qu’il faut retenir de Parachutes, c’est qu’il s’agit d’un premier album de haute tenue malgré ses quelques défauts. On est loin de ces récents premiers essais qui ne reposent que sur un single accrocheur et une bonne dose de hype. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter le meilleur morceau de l’album, le sublime "Spies". Une pièce comme le groupe n’en a jamais composée depuis et qui constitue sans aucun doute une de ses plus belles réussites. Un morceau intrigant qui nous fait regretter que Coldplay n’ait pas poursuivi dans cette voie.
Dommage en effet que le groupe n’ait pas continué de nous pondre des merveilles de la trempe d’un "High Speed" tout en apesanteur ou d’un "Everything’s Not Lost", par exemple (encore que ce dernier laisse présager la tournure que prendra la suite). Non pas que la suite se soit avérée ratée, bien au contraire, ni que Parachutes soit la perfection incarnée, mais il manquera toujours aux albums suivants le charme de ce premier disque. Et c’est peut-être ce qui le rend encore plus attachant après tout.