CHRONIQUE PAR ...
Fly
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Chris Martin
(chant+guitare+claviers)
-Jonny Buckland
(guitare)
-Guy Berryman
(basse)
-Will Champion
(batterie)
TRACKLIST
1)Politik
2)In My Place
3)God Put a Smile Upon Your Face
4)The Scientist
5)Clocks
6)Daylight
7)Green Eyes
8)Warning Sign
9)A Whisper
10)A Rush of Blood to the Head
11)Amsterdam
DISCOGRAPHIE
Quand A Rush Of Blood To The Head a atterri dans les bacs en août 2002, ce n’était pas précisément l’album le plus attendu de l’année, et Coldplay n’était pas encore le groupe énorme ni l’usine à tubes qu’il est devenu par la suite. Est-ce pour cette raison que les critiques ont été relativement bonnes, pour ne pas dire excellentes? Difficile à dire. Toujours est-il que le deuxième album de la formation reste jusqu’à maintenant celui qui a bénéficié des meilleurs auspices, ce qui est un peu étonnant si l’on considère qu’il s’agit sans aucun doute de son album le moins satisfaisant.
Bon, moins satisfaisant ne veut pas forcément dire mauvais. Après tout, on peut dire que, depuis le début de son existence, le groupe a su éviter le piège de la médiocrité (à défaut de celui de la facilité). Cela n’empêche pas A Rush Of Blood To The Head d’être un cran en dessous des autres albums de Coldplay, ou à tout le moins d’être affligé d’autant de défauts que de qualités. Pourtant, on ne peut pas nier le fait que le groupe en met plein la vue dès le départ. Il suffit d’écouter "Politik" pour comprendre l’évolution qui a eu lieu depuis Parachutes : mise en valeur du piano, subtils arrangements de cordes, composition à la fois planante et épique, le groupe a décidé d’élargir sa palette. Puis, histoire de nous rassurer un peu, il revient en terrain connu avec un "In My Place" euphorisant, avant de nous montrer toute l’étendue de son talent avec le brillant "God Put a Smile Upon Your Face".
C’est à ce moment que les choses se gâtent un peu. Oui, "The Scientist" et "Clocks" sont parmi les plus gros succès populaires du groupe. Oui, leurs mélodies vous restent collées dans le crâne comme ce n’est pas permis. Malgré tout, ils dégagent une impression mitigée, une sorte de monotonie qui est certainement due à leur structure un peu trop répétitive (plus qu’à leur surexposition). La suite est plus intéressante : "Daylight" est une pièce dynamique, dominée par une simple ligne de guitare et la voix ample de Chris Martin. Si les deux morceaux suivants brillent par leur simplicité (le sympathique "Green Eyes" avec ses accents country, et "Warning Sign", légèrement ronronnant et un peu longuet), "A Whisper" est en revanche un ratage complet, probablement le truc le plus insignifiant jamais pondu par le groupe, la faute à un riff faussement rock et une absence totale de mélodie.
Heureusement, les deux derniers morceaux permettent de terminer l’album sur une bonne impression. La chanson-titre est une belle réussite grâce à son refrain inattendu et entraînant à souhait. Quant à "Amsterdam", elle réussit là où "The Scientist" n’avait convaincu qu’à moitié, et sa courte envolée finale prouve que le groupe est capable de doser ses effets. Dommage que toutes les compositions de l’album ne soient pas d’un tel niveau et qu’elles donnent souvent l’impression d’avoir affaire à des ébauches plutôt qu’à des morceaux finis, impression renforcée par une réalisation qui manque d’ampleur à force de vouloir aller à l’essentiel. L’intention est louable, mais la relative sécheresse des arrangements fait perdre beaucoup de force à l’album dans ce contexte. Si les morceaux avaient eu un peu plus de chair, l’effet aurait probablement été plus réussi.
Au final, A Rush Of Blood To The Head nous laisse donc un peu sur notre faim. Cela rend d’autant plus difficile à admettre le fait qu’il ait reçu autant d’éloges, et surtout que ses successeurs (en particulier X&Y) aient dû pâtir du succès international que le groupe a connu après sa sortie. Car c’est bien là ce qui étonne le plus avec cet album : qu’il ait réussi à propulser Coldplay au sommet de la gloire avec la bénédiction de la presse spécialisée. Même si, finalement, il ne s’agit là que d’un autre exploit à mettre à son actif.