CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-David Coverdale
(chant)
-Mickey Moody
(guitare)
-Bernie Marsden
(guitare)
-Jon Lord
(claviers)
-Neil Murray
(basse)
-Ian Paice
(batterie)
TRACKLIST
CD1
Live in the Heart of the City (23 et 24 Juin 1980):
1)Come On
2)Sweet Talker
3)Walking in the Shadow of the Blues
4)Love Hunter
5)Ain't No Love in the Heart of the City
6)Fool For Your Loving
7)Ain't Gonna Cry No More
8)Ready An' Willing
9)Take Me With You
CD2
Live at Hammersmith (23 Novembre 1978):
1)Come On
2)Might Just Take Your Life
3)Lie Down
4)Ain't No Love in the Heart of the City
5)Trouble
6)Mistreated
DISCOGRAPHIE
Dès la sortie de Ready An’ Willing dans les bacs, Whitesnake part en tournée écumer les salles du Royaume Uni. Le groupe passe notamment au mythique Hammersmith Odeon Londonien les 23 et 24 juin 1980, soit un mois après la sortie de l’album. Coverdale tenant enfin son line up de rêve il décide d’enregistrer le concert afin de satisfaire à la grande tradition des albums en public héritée des années 70 mourantes, dans la lignée des Live And Dangerous, Made In Japan, Unleashed In The East, If You Want Blood et autres Kiss Alive.
Ce disque live qui sort en novembre 1980, coincé entre les deux meilleurs albums studios du Snake première époque, a donc à faire face à une rude concurrence à cette époque où l’album live est à la fois un passage obligé et une sorte de consécration pour la plupart des poids lourds des seventies pour qui il représentait souvent leur plus gros succès commercial. Rien à voir donc avec les albums live d’aujourd’hui, balancés à la va-vite comme de vulgaires produits destinés à capitaliser un peu plus sur un groupe, ou à clôturer un contrat discographique. Le moins que l’on puisse dire c’est que Whitesnake n’a pas à rougir face à Thin Lizzy, Deep Purple, Judas Priest, Kiss ou AC/DC. Live In The Heart Of The City s’inscrit définitivement parmi les grands albums live de l’histoire du rock. S’il existait un cahier des charges regroupant les éléments indispensables à la qualité d’un disque en concert, il serait parfaitement rempli.
Le son tout d’abord est tout à la fois puissant et chaud, mais aussi très clair et permet de profiter de la subtilité du jeu de chaque musicien. L’énergie qui se dégage du groupe est carrément palpable, métamorphosant véritablement les chansons. Tous les titres sont supérieurs à leurs versions studio, ceci étant peut être un peu moins vrai pour les extraits de Ready An’ Willing, mieux joué et mieux enregistré que les albums précédents. Coverdale reconnaît qu’à l’époque il n’avait jamais su capturer complètement la véritable essence de son groupe dans l’enfermement d’un studio. Il ne voyait ses albums que comme un moyen de présenter au public de nouvelles chansons qui allait prendre toute leur ampleur en concert. Des morceaux comme "Come On" ou "Walking in the Shadow of the Blues", méconnaissables tellement ils sont boostés par l’excitation du live et le jeu de Ian Paice, en sont la preuve irréfutable.
Autre élément indispensable d’un album live de légende : le public. Celui-ci se fait entendre et n’a pas qu’un rôle de spectateur. Il participe activement à tous les morceaux, accompagnant Mickey Moody lors de son solo de guitare slide (un poil longuet) ponctuant "Love Hunter", ou s’époumonant sur "Ready An’ Willing" ou "Ain’t No Love". Sa réaction lorsque le groupe entame "Fool For Your Loving" est la meilleure preuve de l’importance de cette chanson. La set list n’est pas en reste, finies les longues impros et les solos masturbatoires à rallonge, les stars du groupe sont les chansons, pas les musiciens. Le groupe n’avait pas alors de hit single en heavy rotation sur MTV, il ne balance donc pas ses morceaux les plus connus mais bien les plus efficaces en live. Bien entendu le dernier album en date est bien représenté, notamment avec une magnifique version de "Ain’t Gonna Cry No More" ou un plus qu’efficace "Sweet Talker" en plus des titres déjà cités. L’énorme "Take Me With You" conclut ce 1er concert avec furie.
Le deuxième CD reprend en fait un concert enregistré en 1978 (toujours à Londres et toujours à l’Hammersmith), sorti à l’époque uniquement au Japon sous la forme d’un EP. On retrouve donc le line up précédent, avec Dave Dowle derrière les fûts. La set list comprend des morceaux du premier album comme les excellents "Lie Down" et "Trouble", mais également des titres de Deep Purple que le groupe jouait encore à l’époque. "Might Just Take Your Life" voit le guitariste Bernie Marsden chanter avec brio (avec qui ?) les parties vocales de Glenn Hughes, alors que le chef d’œuvre de hard blues "Mistreated" est ici réarrangé, introduit par l’arpége de "Blindman" et sur lequel Coverdale se montre absolument impressionnant vocalement. C’est aussi l’occasion pour Marsden de balancer un long solo improvisé et plein de feeling. Mais le meilleur moment est sans conteste la version légendaire de "Ain't No Love in the Heart of the City" sur laquelle la participation du public file de purs frissons.
L’exercice du double album live est donc parfaitement réussi. Tous les éléments sont réunis pour faire de ce Live In The Heart Of The City le premier et le meilleur d’une série de live aux titres similaires. A noter que la version CD est resté longtemps simple, avec la suppression des morceaux qui font doublon (le "Ain’t No Love" de 80 et le "Come On" de 78) pour faire tenir le tout sur un seul CD. Mais en version simple ou double, ce disque reste peut être le meilleur moyen de découvrir d’un coup ce que le Whitesnake première époque proposait. « Here’s a song for ya ! »