Chronique : Khôra Ananke (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 05 mai 2025

Sa note : 15/20

LINE UP

-Frédéric A. Gervais
(chant)

-Ole
(guitare+batterie)

-Kjetil Ytterhus
(claviers)

-Per Göran Krister Setitus
(basse)

Ont participé à l'enregistrement :

-Arnhwald Rattenfänger
(chant sur 2)

-Vasilis "Bill" Kranos
(chant sur 4+guitare sur 4, 7 et 9)

-Wolfgang Rothbauer
(chant sur 6)

-Rune "Blasphemer" Eriksen
(guitare sur 1)

-PJ O'Connell
(guitare sur 2, 6 et 8)

-Jan Kristian Niemann
(guitare sur 3)

-Daniel Müller
(basse sur 1 et 2)

TRACKLIST

1) Empyreal Spindle
2) Legion of the Moirai
3) Wrestling with the God
4) In the Throes of Ascension
5) Arcane Creation
6) On a Starpath
7) The Sentinel
8) Supernatural Light
9) Crowned
10) Q.E.D.

DISCOGRAPHIE

Ananke (2025)

Khôra - Ananke

(2025) - black metal - Label : Les Acteurs de l'Ombre Productions

Entité annoncée comme allemande puis irlandaise pour sa localisation géographique, Khôra est en réalité plus difficile à cerner. Armée d’un chanteur français, d’un claviériste norvégien et d’un bassiste suédois, le doute subsiste pour le seul Ole, néanmoins membre fondateur donc d’importance. Cela a-t-il une influence quelconque sur la manière du groupe d’aborder son black metal ?

Si la réponse est difficile à apporter, reste qu’il est manifeste que nous n’avons pas à faire à du black allemand. Dans le sens carré, sombre, légèrement pourvu en mélodies. Ici les structures sont plus libres, c’est un fait. La surprise, une quasi stupeur même, m’a frappé sitôt "Empyreal Spindle" débutée car on entend du Emperor. Alors ça en soi, cela n’a rien de ni extraordinaire, ni mauvais. C’est même bien. Si j’ajoute à cela, Promotheus, là par contre vous êtes bien plus circonspect. Mais il faut appeler un chat un chat, cette première piste officie très clairement dans la veine de l’album le moins bien considéré des légendes norvégiennes. En sus, Frédéric le Français-chanteur a cette manie éclatante de sonner tel Ihsahn, en particulier pour son chant clair. Et c’est confondant. Perso, je n’avais jamais entendu pareille homothétie et elle fleure bon la nostalgie proustienne tant elle ravive des souvenirs profondément ancrés dans la psyché. Sauf que le groupe a d’autres cordes à son arc, passant immédiatement sur du Dark Funeral bardé du son et de la brutalité d’un Attera Totus Sanctus mêlé au black metal mélodique, hypnotique et froid du Craft le plus récent.
Tant d’orientations pourraient donner mal au crâne si ce n’était aussi bien emballé. Car le son est puissant, donnant aux orchestrations massives leur grandiloquence due, tandis que les instruments traditionnels, basse comprise (merci ô Satan !), adhèrent au couple clarté-puissance. Faut-il y voir l’introduction du passé (et présent malgré le si long silence) de Frédéric, nouvel intégré, au sein de Orakle ? La troupe française fut comparée à Arcturus en son temps désormais si lointain, époque où la notion de black metal français pouvait prêter à la suspicion, voire au rire. Terme qui ne qualifie absolument pas cet Ananke, solidement bâti sur ses convictions, en sa force, en ses originalités. Même s’il est nécessaire de mettre des limites à ce que le mot originalité couvre. Car au vu de toutes les ressemblances citées, il est impossible d’affirmer à l’ouverture d’une nouvelle voie. Par contre, oui, l’ensemble appose un sceau frais et distinct dans le black metal symphonico-mélodico-spatial de Khôra, terme platonicien sur le passage du non-être à l’être.

Un album frais et convaincant autant qu’il est convaincu. Magnifiquement exécuté et composé, il se loge dans un courant relativement épargné des affres de la tradition du black metal malgré ses sonorités empruntées. Un son qui pourrait bien se faire une place chez les amateurs de metal extrême au sens large et, allez, osons le gros mot, pourquoi pas progressif.