Dark Funeral revient à la charge! Rien depuis 2001 et son violent Diabolis Interium, sauf si l’on prend en compte le live De Profundis Clamavi Ad Te Domine… Il est temps pour Dark Funeral de présenter son dernier affront satanique Attera Totus Sanctus. Ces quelques années de silence auront été bénéfiques, à n’en pas douter, car la bande de Suédois a su en profiter pour concevoir une offrande particulièrement violente, réellement sans compromis, autant au niveau du son que des compositions. On ne pourra jamais être déçu par Dark Funeral car chaque album, s’il amène un petit quelque chose de nouveau, reste du Dark Funeral à cent pour cent. Et c’est encore le cas avec Attera Totus Sanctus, œuvre de huit titres complètement inspirée par le malin, totalement dénuée de tout artifice et de toute broderie. Il n’y a là que l’essentiel d’un travail agressif, intensif et inspiré. Dark Funeral restera donc encore la valeur sûre du black metal satanique sans concession qui y croit dur comme fer.
La coopération effectuée avec Regain Records pour l’album live précédent s’est donc conclue sur un engagement solide, permettant à Attera Totus Sanctus d’être pris entre de bonnes mains. Si l’ensemble des opus avait été enregistré par Peter Tagtgren au Abyss Studio, c’est aujourd’hui au tour de Daniel Bergstrand (Behemoth, Meshuggah…) de pousser les manettes et de faire entrer Dark Funeral dans une nouvelle ère sonore. Le groupe en avait bien besoin. Et si Diabolis Interium était un peu trop lisse niveau production, ce nouveau méfait attaque directement les oreilles avec un mixage plus cru et martial. A n’en point douter, ce virement sera tout bénéfique pour Dark Funeral qui a choisi d’aborder Attera Totus Sanctus avec une sincérité certaine en ne retirant de leur inspiration que l’essentiel, que ce qui a le plus d’impact.
Le chant de Emperor Magus Caligula n’a jamais été aussi cru, proche de ce qui sortirait directement de sa gorge. Il est aussi mis plus en avant pour donner relief aux compositions. La batterie va aussi dans ce sens, véritable mitraillette du début à la fin. Matte Modin fait encore parfaitement son boulot de boucher. Déjà pour le live les compositions avaient été jouées bien plus rapidement… ici pas de sous-entendu, c’est on ne peut plus rapide. Musicalement Dark Funeral retourne un peu vers l’époque The Secrets Of The Black Arts par son coté underground et très sombre, avec des constructions plus chaotiques et apocalyptiques comme "Godhate" avec ses breaks ou encore "Attera Totus Sanctus". Les fans réécouteront à peu près tous les titres en boucle, parce qu’il n’y a réellement rien a jeter. "666 Voices Inside" apparaîtra peut être plus fade que les autres ou du moins, moins propice à développer une certaine cohérence et originalité.
A l’inverse, "King Antichrist" représente à la fois le nouveau Dark Funeral et ce que ce même Dark Funeral sait faire de mieux. La rapidité y est hallucinante et le refrain particulièrement prenant, avec une ambiance globale s’élevant à chaque nouvelle minute pour atteindre son apogée. "Godhate" va aussi dans ce sens avec un refrain cette fois plus agressif et complètement satanique. L’intro assez rythmique d’"Angel Flesh Impaled" n’annonce que du bon, et c’est un peu comme si l’on se retrouvait dans "Enriched By Evil" (Vobiscum Satanas) à l’accéléré. Et c’est bien cette impression que donne Attera Totus Sanctus, cette sensation que tout se précipite, le noir comme l’apocalypse…
Plus que par le passé, Dark Funeral use de breaks permettant de prendre un souffle (très court) avant une nouvelle attaque sonore ("Angel Flesh Impaled", "Godhate"). Et dans cette sauvagerie, on y trouvera un titre plus humainement écoutable: "Atrum Regina", qui sert de ‘slow’ à sa manière. Basé sur un mid tempo (pour du Dark Funeral, of course) mettant en avant les mélodies chaotiques et lancinantes de guitares, ce titre s’avère assez prenant et bien construit. L’ambiance très noire et parfumée de mort s’en dégage clairement. Le travail de la basse se fait plus sentir sur cette composition, tempo soulagé aidant. Un peu comme le "Slava Satan" de Vobiscum Satanas par son introduction et son coté lancinant, le très excellent "Feeds On The Mortals" se rapproche d’un Dark Funeral plus traditionnel moins poussé par la folie que par une invocation satanique. C’est aussi le cas du dernier et indispensable "Final Ritual". Ce sont les mélodiques guitaristiques épiques et nostalgiques tout autant que sombres (tout cela sur un fond très rapide bien sûr) qui donnent toute son ampleur. Le chant écorché ajoute au tableau, particulièrement dans ce titre.
Pour conclure, alors que Diabolis Interium se dotait d’une cosmétique black metal assez étudiée, Attera Totus Sanctus n’existe que pour détruire, pour faire ressortir du groupe l’essence la plus pure qui donne son inspiration depuis plus de dix ans. C’est vraiment du bon travail, et ce profil plus ‘cru’ des suédois y fait croire encore plus que par le passé.