Chronique : Spiders Sharp Objects (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 24 avril 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-Ann-Sofie Astrid Hoyles
(chant+harmonica)

-John Gunnar Hoyles
(chant+guitare)

-Olle Marlon Ervall Griphammar
(chœurs+basse)

-Rickard Hellgren
(chœurs+guitare)

-Per Oskar Brindmark
(batterie)

A participé à l’enregistrement :

-Ricard Bengt Harry Harryson
(batterie)

TRACKLIST

1) Rock N' Roll Band
2) Sweet Boy
3) What's Your Game (Miss Insane)
4) Fun In The Sun
5) Schizoid
6) Mess With My Emotions
7) Too Hard For You
8) Valentines
9) Life Mission
10) Love Yourself To Death
11) Would You Miss Me?

DISCOGRAPHIE

Flash Point (2012)
Shake Electric (2014)
Killer Machine (2018)
Sharp Objects (2025)

Spiders - Sharp Objects

(2025) - rock hard rock - Label : Wild Kingdom

Multipliant par deux, ou presque, le délai d’attente entre chaque album, Spiders aura mis sept ans pour donner une suite à l’enthousiasmant Killer Machine paru en 2018. Désormais abritée par un label local après avoir pointé chez une major (Universal), la troupe suédoise a également connu quelques modifications de personnel, autour du noyau formé par Ann-Sofie et John Hoyles. Le vent du changement a-t-il été jusqu'à perturber le style vintage développé par les Scandinaves depuis leurs débuts ?

Une réponse positive serait surprenante de la part de ces gardiens – et gardienne – de la Foi. Le doute est dissipé dès "Rock N' Roll Band", entame à l’intitulé explicite d’où filtre un riff mélancolique. Le refrain (en)traînant et la brièveté du solo renvoient à Shake Electric, le deuxième LP, un peu plus à la cool que son successeur. Fruit de la collaboration entre le producteur Chips Kiesbye (Graveyard / The Hellacopters) et Martin « Konie » Ehrencrona (In Solitude, Tribulation, Henrik Palm) au mixage, le son seventies est proche des efforts antérieurs du désormais quintet. En revanche, les inflexions d’Ann-Sofie Hoyles ont quelque peu perdu en tranchant, donnant à la chanteuse des allures de diva blasée sur les occurrences les plus lentes - "Sweet Boy", "Schizoid" dont l’exploitation du refrain dépasse les limites du raisonnable, "Mess With My Emotions" en punk détendu, "Valentines" renforcée successivement par des chœurs séraphiques rappelant les Vivian Girls et l’harmonica que manie la titulaire du micro.
Celle qui est coiffeuse dans le civil retrouve son allant sur les titres les plus énergiques, tels "Too Hard For You" aux faux airs de "Nutbush City Limits" (Tina Turner), "Love Yourself To Death" dépourvu de solo ou encore "Would You Miss Me?" dont les couplets font songer à du Jefferson Airplane sous stéroïdes. Les vénérables références traduisent une tonalité qui s’éloigne de la vigueur hard rock développée jusque lors par le groupe, comme l’illustre l’imitation plutôt convaincante de Blondie sur "What's Your Game (Miss Insane)" – il arrive aux banlieusards de Göteborg de jouer "Hanging in the Telephone en concert" (*) - ainsi que la battue obstinée et le refrain de "Fun In The Sun" qui évoquent le tube "Driver's Seat" de Sniff 'n' The Tears. Sur le dernier morceau nommé, c’est John Hoyles, sans doute enhardi par son expérience en solitaire (Night Flight, 2017), qui tient le chant, de même que sur le lourd "Life Mission", entre Kiss et David Bowie période Ziggy Stardust. Le guitariste, qui signe comme souvent un très bon mais court solo, module avec sobriété, sans posséder toutefois la touche piquante qui rend le timbre de son épouse immédiatement reconnaissable.

Sans renier ses racines seventies, Spiders allège quelque peu son hard rock en s’orientant vers le rock tout court de la même décennie, et celle d’avant. À l’image du chant d’Ann-Sofie Hoyles, toujours aussi distinctif mais moins incisif (un comble), Sharp Objects marque une baisse de dynamisme après l’intensité déployée sur Killer Machine. Heureusement, le gang de la Baltique compense en diversifiant son propos, faisant de son quatrième long jeu un hommage à des figures respectées de l’âge d’or de son genre de prédilection. Ce n’est peut-être pas tout à fait ce que l'on espérait mais l’exercice est suffisamment bien maîtrisé pour faire passer un agréable moment.

(*) une reprise, certes, mais bien plus connue que la version originale de The Nerves.