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CHRONIQUE PAR ...

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Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Kelly Sundown Carpenter
(chant)

-Stéphan Forté
(guitare)

-Franck Hermanny
(basse)

-Kevin Codfert
(claviers)

-Mayline
(violon)

-Jelly Cardarelli
(batterie)

TRACKLIST

1) Life
2) The Ladder
3) SubraHmanya
4) The Grand Spirit Voyage
5) Darkness Machine
6) I'll Possess You
7) Secluded With Myself
8) Trippin' Away
9) Torn

DISCOGRAPHIE

Sanctus Ignis (2001)
Underworld (2003)
Dominate (2006)
Archangels In Black (2009)
Life (2017)

Adagio - Life



Huit ans, c'est long. Il y a des guerres qui durent moins longtemps que ça. Les présidents changent, les gens meurent, les enfants grandissent, Cradle Of Filth sort quatre ou cinq albums, on découvre des exoplanètes à la pelle, le réchauffement climatique s'accélère et Facebook dépasse les deux milliards d'utilisateurs. Et pendant ce temps là, Adagio sort un nouvel album.

Bon, tous ces événements sont de natures et d'importances fort différentes, mais la sortie de ce Life ne doit pas être prise à la légère. Déjà parce qu'Adagio, c'est le fleuron français du metal prog/symphonique, et de ça, dans l'hexagone, on en est bien fiers. Ensuite parce que Life, c'est plus qu'un retour, c'est presque un miracle. On ne donnait pas forcément très cher d'Adagio il y a encore trois ans, avec les problèmes de management rencontrés par Stefan Forte, les changements de chanteurs, et deux derniers albums sympathiques sans être transcendants – Adagio n'est sans doute pas passé bien loin de funérailles discrètes et d'un lent oubli. Mais c'est sans compter sur Stefan Forte qui dégotte un nouveau chanteur (et pas n'importe qui) et se fend d'une campagne réussie de crowdfunding Indiegogo pour lancer son nouvel album, envoie balader tout ce qui le gêne et finit par jeter à nos visages béats ce nouvel album qui, disons-le tout de suite, remplit toutes les promesses que l'on n'osait plus demander au groupe.

Life, c'est donc un peu le retour de l'enfant prodige avec un album de metal progressif symphonique de haute volée. Immédiatement, on songe à Underworld, mythique opus de 2003, avec lequel Life partage de nombreux points communs : ce côté grandiloquent ampoulé, ces morceaux longs aux développement noueux, ces structures ambitieuses et tortueuses, ces orchestrations variées et fortement présentes… tout ce qu'on a aimé en 2003 est de retour, mais avec quatorze ans de maturation supplémentaires dans la tête et les doigts de Stefan Forté, toujours seul maître à bord en ce qui concerne la direction musicale. Du coup, la réussite est totale, dans le fond et la forme, avec cette production maîtrisée et équilibrée, mais surtout des compositions tragiques et puissantes, faisant la part belle  à la guitare sans pour autant que celle-ci étouffe le reste : il ne faut pas oublier les deux compères inséparables de Forté, Kevin Codfert au piano et Franck Hermanny à la basse, dont la présence tout au long de l'album est marquante et bien mise en avant.
Mais s'il y a quelque chose qu'Adagio a toujours su très bien faire, ce sont les lignes vocales gracieuses et élégantes, qui rentrent facilement en tête sans tomber dans le refrain putassier et évident. Et là encore, bingo : avec Kelly Sundown Carpenter, le monstre qui a chanté avec Beyond Twilight, Iron Mask, Outworld et qui traîne actuellement ses guêtres du côté de chez Zierler – autant dire que niveau metal progressif technique, le bonhomme est à son aise – Adagio ne pouvait guère mieux trouver. Une voix en or donc, mise en valeur par les superbes lignes vocales de Forté : chaque refrain tape juste, chaque couplet a du sens, tout est à sa place, mélodique, incarné et vivant. Même la ballade "Trippin' Away" respire et évite de tomber dans le cliché suave avec ses petits airs de Scorpions ici ou là.

Life, donc, est excellent. On pourrait revenir sur chaque titre pour dire pourquoi ça fonctionne, comment "The Ladder" rappelle par moment Images & Word de qui vous savez (surtout que le son de caisse claire a ce petit je-ne-sais-quoi de claquant comme l'album sus-nommé), comment les accents indiens mélangés au djent de "SubraHmanya" en font un titre massif et sombre, ou encore à quel point les lignes vocales de "The Grand Spirit Voyage" sont réussies… on pourrait parler de la présence du violon sur "I'll Possess You", ou simplement évoquer le pavé de neuf minutes qui ouvre l'album de manière complexe, rythmiquement déluré et rempli d'arrangement symphoniques grandiloquents…


Mais tout cela serait vain : on préfère vous dire d'aller acheter cet album, on se contentera de vous promettre que vous ne serez pas déçus. Non, Adagio n'a pas toujours été un groupe excellent, sa carrière n'a pas été lisse et la déception a parfois pointé le bout de son nez. Ok, huit ans, c'est long, vous êtes éventuellement passé à autre chose (vous ne jurez peut-être plus que pour le stoner/sludge ou le post-black, en bon gros hipster que vous êtes), mais accordez-vous ce petit plaisir et osez venir nous dire que vous le regrettez. On vous attend.


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