CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Erik Rutan
(chant+guitare)
-J.J. Hrubovcak
(basse)
-Chason Westmoreland
(batterie)
TRACKLIST
1) Locust Swarm
2) The Stygian Deep
3) Pathogenic Apathy
4) La Tempestad
5) Infernus
6) The Chosen One
7) Zealot, Crusader of War
8) Order of the Arcane Scripture
9) Chaos Theory
10) O' Majestic Being, Hear My Call
DISCOGRAPHIE
La Floride est une terre fertile en termes de metal extrême, ayant enfanté bon nombre de formations de death metal devenues cultes. Les années 1990 ont été un peu l’âge d’or pour les groupes de cette région. A la fin de cette décennie, les amateurs de brutalité ont été excités à l’annonce de la création d’Hate Eternal. Erik Rutan, fraîchement débarqué de Morbid Angel, s’était notamment entouré de Doug Cerrito de Suffocation pour offrir un premier album marqué du sceau de la violence. Dix-huit ans ont passé, le line-up a connu d’importants remous, cinq albums ont été enregistrés, et au grand dam de certains, Hate Eternal n’a jamais pu s’imposer totalement comme le roi du death metal brutal et sans concessions.
Août 2015. Le groupe revient sur le devant de la scène pour proposer sa sixième œuvre. Infernus, qui paraît chez Season Of Mist, est bien évidemment présenté comme le disque le plus abouti de leur carrière. Il devrait être considéré comme l'un des albums de death de l'année. Comme à l'accoutumée, le label fait son travail de promotion, fondant de grands espoirs sur cette sortie. Il y a cependant bien longtemps que le chroniqueur ou l'auditeur éclairé ne se laisse plus berner par ces effets d'annonce. Il convient donc de décortiquer la bête pour se faire une véritable opinion personnelle. Les quelques extraits qui ont été distillés avant la sortie ont pu aiguiser la curiosité des passionnés du genre. Les quarante-cinq minutes de musique mises à disposition mettent en avant les qualités du groupe. Erik Rutan propose toujours sa propre vision du death metal, qui se veut violent au possible. Le côté extrême de ses compositions ne sera en effet nullement remis en doute ici. Il se veut toujours le héraut de compositions où la brutalité règne en maître. Pour qui n'est pas habitué, l'écoute de ces dix titres peut se révéler pour le moins éprouvante.
Hate Eternal ne révolutionne donc pas son discours musical. Les fanatiques de cette formation seront ravis de retrouver tous les éléments qui constituent son identité : des riffs puissants, une section rythmique qui privilégie les tempi élevés et des vocaux intenses, le tout aboutissant à des compositions massives. "Locust Swarm" qui ouvre ce bal infernal donne d'emblée le ton. La véhémence du propos subjuguera certainement les aficionados de bestialité. L'ensemble de cet album s'avère d'ailleurs une ode à la sauvagerie. La bien-nommée "La Tempestad" est un exemple probant de fureur contrôlée. Rutan et ses acolytes s'évertuent à édifier des parties agressives qui plairont aux plus aguerris d'entre vous. Notons à ce propos la prestation de haute volée du nouveau-venu derrière les fûts, Chason Westmoreland, qui fait montre d'un savoir-faire impressionnant. Son énergie apporte une plus-value non négligeable aux dix titres. Erik Rutan assène ses riffs cinglants et pose ci et là des soli souvent bien sentis, comme sur "Zealot, Crusader of War " ou sur "The Chosen One".
Hate Eternal sait parfois lever quelque peu le pied et élaborer des morceaux plus mid-tempo, à l'instar de "Pathogenic Apathy" ou de "Infernus", laissant se développer une atmosphère lourde et sombre. L'une des forces de ce disque est en effet de ne pas se contenter de cracher à la face du monde une musique à la violence stérile. Il se dégage de ces titres une aura fuligineuse qui n'est pas sans rappeler certains travaux de l'ange morbide. La production, une fois encore œuvre de Rutan, est des plus adaptées, rendant pleinement justice aux compositions. Malgré la virulence du propos, l'ensemble n'est pas brouillon, et c'est avec bonheur que l'on peut entendre les différentes composantes. Outre la batterie omniprésente, la basse est bien mise en avant, soutenant admirablement les guitares et le chant du leader. L'on prend alors conscience que ce sixième album est peut-être le plus réussi de la carrière du groupe, qui magnifie ici ce qui a su faire sa force par le passé en gommant les quelques faiblesses qui pouvaient se faire jour.
Infernus est donc, vous l'aurez compris un solide disque de death metal. Puissance, violence et technique viennent ici se marier dans un subtil cocktail dont on se délecte avec plaisir. Les amateurs de musique extrême se doivent d'écouter ces brûlots qui risquent d'éblouir les férus d'agressivité. Finalement, l'on tient peut-être le meilleur album du genre cette année, pourtant riche en sorties de qualité. Comme quoi, il arrive que les effets d'annonces soient parfois teintés de vérité.