Le propre du chroniqueur, c'est de recevoir des CD promo de groupes dont il n'a pas davantage entendu parler que des fondements de l'économie au Kazakhstan. Heureusement, il peut souvent compter sur une brève biographie pour resituer la carrière du groupe. Ainsi, High On Fire est recommandé à ceux qui apprécient, je cite, «Slayer, Down, Motörhead, Explosions In The Sky, Clutch, Black Sabbath, Mastodon, Isis». Et bien, vu la diversité de ces groupes et le fait que votre serviteur n'a jamais posé une oreille sur une bonne moitié, le voilà guère plus avancé…
High On Fire est donc un combo américain dont les débuts l'ont rangé dans la catégorie stoner. Pas forcément illogique, vu le pedigree du leader Matt Pike, qui fut en d'autres temps le guitariste du mythique Sleep. Sur son précédent album, Hign On Fire avait accéléré la cadence et s'était vu comparé à Motörhead, surtout du fait de la voix rocailleuse de Pike qui n'est pas sans rappeler un certain Lemmy. 4ème album des Américains, Death Is This Communion est en quelque sorte une synthèse de tout ce qu'High On Fire a pu développer jusque là. On y trouve des tempi élevés, comme "Fury Whip" qui débute l'album au pas de charge, aussi bien que des morceaux plus lents et hypnotiques comme le morceau titre. Long pavé lancinant avec ses guitares très graves, assez lent sans tomber dans le doom, ce titre est une des vraies réussites de l'album. Le trio semble très complémentaire : le nouveau venu à la basse Jeff Matz (ex-Zeke) fait ronfler son instrument, tandis que Des Kensel est hallucinant derrière les fûts avec son jeu très organique, très axé sur les toms. Il se montre d'ailleurs impérial sur toute la durée.
Après un tel monument, "Khanrad's Wall" est le bienvenu pour souffler un peu, puisqu'il s'agit d'un instrumental électro-acoustique aux sonorités presque orientales, le son de la guitare rappelant celui d'un cithare. C'est là aussi un des points novateurs de cet album : High On Fire ne se contente plus de balancer son metal de bûcherons, il démontre qu'il sait aussi agrémenter sa musique d'ornements plutôt inattendus. "Headhunter" en est la suite logique, puisque cet autre instrumental met cette fois Des Kensel en valeur, avec ses percus tribales. De même, après un "Rumors Of War" qui sonne comme un bon vieux hard à la Motörhead, le groupe nous surprend au coin du bois dans la foulée avec "DII", magnifique instrumental qui se termine sur une longue et triste harmonie de guitare qui prend aux tripes. Passé ce deuxième tiers placé sous le signe de l'ouverture, Hign On Fire peut bien se permettre un retour aux fondamentaux sur la fin de l'album, avec des titres plus conventionnels et pesants. Des titres comme "Ethereal" ou "Return To NOD" permettent à High On Fire de démontrer qu'il n'a rien perdu de sa maîtrise dans son domaine de prédilection, le stoner.
À l'issue de cet album particulièrement dense, je dois bien avouer que je n'ai pas saisi le rapport avec tous les groupes cités dans la bio. De plus, il y en a peut-être un qui manque à la liste : le Black Label Society. Car nul doute que tous les amateurs, et notamment les déçus des dernières productions du père Zakk Wylde, devraient trouver leur compte avec ce Death Is This Communion. Quant au fantasme du chroniqueur, celui de tomber sur un excellent groupe dont il n'avait jamais entendu parler, le voici réalisé.