En voilà un album qu'il est bien de l'écouter! Je me suis fait la main sur Forest Of Equilibrium, avant de m'attaquer à The Ethereal Mirror. Outre un titre que je trouve, personnellement, tout à fait adapté à ce disque et une sublime pochette, signée Dave Pratchett, instigateur de toute l'iconographie de Cathedral, cet album est à l'image du groupe: unique dans son genre, témoignage d'une évolution marquante et rempli jusqu'à la moelle de compositions incroyablement variées.
Deux composantes essentielles de cet album sautent aux oreilles: le chant de Lee Dorian, complètement à côté de la plaque, mais tellement jouissif et un côté heavy rétro qui lui sied à merveille. L'album joue constamment de cette dichotomie musique réfléchie/projet délire. Ce qui n'était au départ qu'un projet de potaches de la part de l'ex-chanteur de Napalm Death, qui voulait contrebalancer l'énergie grind/death déployée à travers ce groupe, est devenu en deux albums mythiques un groupe à part entière, qui a crée son propre style, tout en finesse et puissance.
Le premier contraste par rapport à Forest Of Equilibrium, c'est un côté heavy metal bien plus assumé et prononcé. Le heavy/doom des débuts fait place à un album entièrement metal, où les éléments folk/atmosphérique disparaissent totalement. Les riffs sont, dès l'ébouriffant opener "Ride" un exemple de puissance majestueuse et d'inventivité. Le spectre de Black Sabbath rôde sur "Grim Luxuria" et son sublime solo de guitare (fait assez rare chez Cathedral, pour être souligné), l'essentiel des lignes de guitares de l'album sont surprenantes et furieusement lourdes, ce qui apporte un sentiment de toute-puissance à un album qui n'en oublie pas pour autant ses fondations. Et que dire de l'incommensurable "Midnight Mountain", le morceau le plus innovant et en même temps le plus taré que j'aie entendu: comment ne pas parler du groove fantastique qui habite ce morceau, hymne au Saint Headbanging et de l'introduction de ces « clap, clap » hallucinants de folie, accompagnant un Lee Dorian, timbré au possible, au meilleur de sa forme? Oh Yeah!
Comme je le disais, Cathedral est au départ un projet-antithèse de Napalm Death, qui puise aux racines du doom: "Jaded Entity", et "Enter The Worms", dans sa première partie sont là pour nous le rappeler. "Phantasmagoria", pour sa part, est un des meilleurs titres de cette rondelle déjà bien burnée: huit minutes d'un parfait hymne au doom, malsain, pachydermique, furieux, ce titre figure parmi les meilleurs morceaux de doom que j'aie entendus. Il règne sur ce morceau une ambiance du tonnerre, rehaussée par le chant à côté de la plaque de Dorrian, qui pour le coup, baisse d'une octave et module ses lignes de chant de façon à rendre ce morceau encore plus lourd que les guitares elles-mêmes. Sans parler d'une basse au diapason, proposant une excellente partition.
En gros, il a peu de titres à jeter sur cet album. "Fountain Of Innocence" est un titre long, heavy, mais peu original par rapport à d'autres titres plus épiques et entraînants. Quant à "Ashes You Leave", il demeure la relative faiblesse de l'album, avec son refrain passe-partout. Mais cela reste relatif, car quand un disque aussi inspiré, original et puissant se fait tout à coup banal, ça reste un bon titre tout de même! The Ethereal Mirror est donc à ce jour la plus belle réussite de Cathedral et un monument très évolué de heavy metal au son bien gras, lorgnant aussi vers ses racines doom d'une main de maître sur quelques titres et breaks bien sentis. Le feeling est donc constant sur cet album, que je vous invite à vous procurer au plus vite sous peine de passer devant un des classiques du metal tout court! Incontournable, tout simplement.